The Dark Side of the Art – Dark Santana, Dawn Craven & Horus (2017)

12 DAYS OF CHRISTMAS

 

The Dark Side of the Art
(Pin-Up / D.I.D.)

 

DARK SANTANA, DAWN CRAVEN & HORUS

Brand (2017)

 

 

Et voilà une nouvelle rubrique que j’invente juste pour l’occasion et que je ne réutiliserai probablement jamais ! L’idée était de s’amuser à jouer au critique d’Art prétentieux confronté non pas à de grandes œuvres culturelles, mais au contraire à des illustrations sombres, bizarres et perturbantes au contenu violent ou sexuellement explicite. Bref, tout ce qui filerait une crise cardiaque à un petit snobinard de bonne famille ! Et comme le sujet du jour entre également dans le cadre des catégories Pin-Up et Damsel in Distress, je les fusionne également là dedans histoire d’être complet. Car cette image réuni les trois éléments clés: une jolie femme dénudée, une prisonnière en détresse et une situation qui bafoue les codes de la morale.
Ce que vous avez devant les yeux, mesdames et messieurs, sont les personnages du futur comic-book Brand par Antonio Brice et Caanan White. Une bande-dessinée qui n’existe pas encore puisqu’elle est toujours à l’état de développement avec un financement en crowdfunding sur Indigogo. Une campagne réussie haut la main puisqu’elle a amassée plus de $50.000 amplement suffisant à sa création. Et voilà donc un des nombreux dessins promotionnels réalisés en cours d’opération marketing. Il présente Dark Santana, sorte de Père Noël diabolique décrit comme un « agent du chaos », et Dawn Craven, une héroïne en bien mauvaise posture. Oh, et il y a également un étrange masque flottant qui s’appelle Horus, mais personne n’aura les yeux dessus…

 

 

Caanan White n’est pas un manchot et sa carrière l’a déjà emmenée sur de grands territoires professionnels comme chez Image Comics ou Zenoscope Entertainement. Forcément il assure et le résultat tape dans l’œil: il nous présente ici une demoiselle vaincue, humiliée et attachée en croix en un symbolisme religieux évident (l’intrigue tourne autour des descendants de Caïn, un des fils d’Adam et Eve). La première chose que l’on observe est bien sûr son corps de rêve, et là encore ce n’est pas un hasard si l’on prend en compte que David, le mari du personnage, ressemble énormément à l’artiste, les muscles en plus. Mais qui peut lui en vouloir ? Une jolie rousse ferait craquer tout le monde et celle-ci semble avoir tout ce qu’il faut pour.
Sa mine abattue n’en demeure pas moins séduisante avec cette mèche lui cachant une partie du visage. Ses vêtements déchirés révélant son corps évoquent sa propre fragilité et renforcent sa vulnérabilité. De jolies hanches, une taille de rêve et un ventre plat que le monstre caresse à sa manière, lacérant la peau douce tout en nous laissant entrevoir un petit nombril. Son autre main (aux doigts anormalement proportionnés) se pose cette poitrine nue qu’il nous cache comme pour éviter d’attirer les foudres de la censure. Ou peut-être veut-il simplement en profiter, comme son grand sourire semble le signifier. On le comprend et on ne lui en tiendra pas rigueur, après tout c’est un méchant.

 

 

Santana lui-même rappelle un peu le style Todd MacFarlane des années 90 et il ne ferait pas tâche aux côtés de Violator sous sa forme de clown où de l’un des membres de KISS dans Psycho Circus. Notez les oreilles pointues lui donnant un petit côté elfique (une erreur de l’illustrateur à l’origine, qui a copié cela d’une précédente représentation par un autre dessinateur et que Brice a finalement décidé de conserver dans le design final), les dents sensiblement pointues trahissant une attitude de carnassier, et les yeux rouges de dessin animé. Voilà un être purement démoniaque qui doit certainement cacher une autre forme – celle d’un démon sans doute, là encore en prenant en compte les racines Chrétiennes du récit. Ce qui risque là encore de rapprocher un peu l’œuvre avec Spawn. D’ailleurs la torride Angela n’était-elle pas rousse ?
Enfin il y a le masque, Horus, qui semble tout aussi dangereux que son compagnon. Très honnêtement sa présence encombre un peu, surchargeant le tout et semblant inutile à la scène – même si j’apprécie cet effet de fumée magique bleutée qui s’échappe de la face intérieure. Peut-être que l’objet fonctionne comme le Smiley de Evil Ernie et fait donc partie intégrante du look de Santana, mais d’autres illustrations le montre aux côtés de Dawn et de David donc sa présence reste difficile à expliquer. Sans doute que White s’est senti forcé de rajouter cet élément pour détourner l’attention de son public du caractère hautement sexuel de son tableau…

 

 

Les couleurs, de Jesse Heagy, siéent parfaitement à l’image avec cette tonalité sombre et cette forte dominance de rouge – celui de Noël, celui du sang, celui de la femme. L’aspect macabre de Dark Santana s’en retrouve accentué et le spectateur attentif remarquera que le ton de sa peau contraste subtilement avec celui, plus clair, de sa belle proie.
L’excuse que j’utilise pour vous sortir cette illustration tient évidemment dans la tenue de Santa Claus que porte l’antagoniste. Il faut avouer que cela tombe plutôt bien pour la saison et va de pair avec les films de petits papas Noël tueurs que je chronique en ce moment. Certes il y a bien d’autres pin-ups que j’aurai pu sortir à la place, mais aucune n’étaient aussi intéressante que celle-ci. Sur l’une, Santana imite l’image célèbre du Joker en pleine crise d’hilarité de Batman: The Killing Joke, et dans une autre il parodie cette horrible couverture pro-SJW de Mocking Bird en portant le même T-Shirt “Ask me about my feminist agenda”, ce qui aura valu à Brice quelques démêlés avec ces guerriers du dimanche du politiquement correct dont l’artiste Brett Booth de DC Comics, qui déclara qu’il s’agissait là d’un appel à la violence contre les femmes – et non, je ne parle pas de l’image de cet article ! Et pour ceux qui tiennent à ce que la morale soit saine et sauve, il existe aussi une autre illustration où Dawn prend sa revanche, récupérant Horus pour son compte et dominant un Santana neutralisé et enchainé. A companion piece, if you will. Par esprit de Noël, je vous laisse ces quelques images en bonus à la fin de l’article.

 

Toujours en cours de mise en page, Brand sera publié certainement l’an prochain sous le label Ikari Press et sera disponible par commande sur Internet uniquement. A moins de faire un carton, ce qui est peu probable vu le paysage de l’industrie actuellement et le fait que ses auteurs soutiennent le mouvement Comicgates, perçu par leurs opposants comme raciste et misogyne. C’est sans doute oublier que les deux artistes sont eux-mêmes Noirs, mais vu leur goût en matière de femme ils pourront sûrement se faire traiter de sexistes. Cela n’empêche pas White de continuer de travailler tandis que Brice a déjà prévu tout un tas de story arcs supplémentaires en cas de succès (Brand: 8 Krazy Knights, Brand: The Judas Crown, etc). On ne leur souhaite que de réussir, ne serait-ce que pour faire rager ceux qui se choquent d’un rien et pour permettre une alternative aux projets merdiques commis ces derniers temps par DC et Marvel. Non pas que la scène indépendante manque de choix, mais il est toujours bien de soutenir les créations underground.

 

   

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