Star Wars – Les Chroniques d’Alyss Demeter

Star Wars: Old Revolution

LES CHRONIQUES D’ALYSS DEMETER

 

La jeune femme se tenait debout sur la dune de sable, surplombant une partie du désert aride de Tatooine. Une terre hostile et meurtrière qui lui avait déjà prit sa sœur jumelle il y avait des années. Et pourtant, après une longue absence, revenir ici lui faisait du bien. Elle aimait ce sable et la fournaise, la caresse brûlante des soleils sur son corps. Danseuse, elle était habituée à ne se vêtir que du strict nécessaire pour ne pas gêner ses mouvements, et la chaleur suffocante de la planète ne l’atteignait plus. En quittant ce monde pour l’espace, cette relation particulière qu’elle entretenait avec le climat de Tatooine lui avait terriblement manqué.

Par protection cependant, elle était enveloppée dans un ample manteau afin de se protéger des tempêtes de sables régulières de cette région. Il n’était pas difficile pour elle de se mouvoir dans le vent cinglant car elle avait apprit très jeune à voyager dans de telle condition. La vie de nomade était difficile et son peuple avait retourné les contraintes à leur avantage pour se protéger des pillards et des multiples dangers. En ces lieux, la survie était quelque chose de primordiale. Alyss régula sa respiration, plissa les yeux et avança par courtes enjambées pour éviter le déséquilibre. Comme une machine, elle progressa lentement mais sûrement.

Son chemin croisa celui d’une caravane itinérante, allant en sens inverse. Perché sur son Bantha, l’avant-garde se figea pour observer la frêle silhouette solitaire. Ni méfiant ni hostile, simplement curieux. Le code des nomades se prêtait à toutes sortes d’échanges de courtoisie, une nécessité de survie tout comme un signe de reconnaissance. Mais Alyss avait quitté ce monde il y avait bien longtemps, avec l’extermination de son propre clan. Elle salua l’homme de façon précise et celui-ci lui renvoya la pareille avant qu’ils ne poursuivent chacun leur chemin. La jeune femme évita de regarder le reste de la colonie, les souvenirs se suffisant à eux-mêmes.

Les pas des Banthas firent écho aux coups de blasters qui avaient longuement résonné ce jour là. Des Hommes des Sables, puis des brigands. Son clan s’était fait surprendre une fois de trop et son peuple avait été dispersé, massacré… Les cris incessants et le bruit des corps chutant sur le sable avaient été ses derniers moments de libertés. Puis la capture, l’esclavage. Une autre vie, une autre Alyss. Après sa sœur, le désert lui avait prit son innocence… Cet épisode remontait à une dizaine d’années mais elle se souvenait du chemin par cœur. Sans gardes cette fois, sans chaînes et sans autres prisonniers, ni claquements de fouet. Durant des années elle avait rêvée de faire ce chemin en sens inverse pour regagner sa liberté, là voilà qui désormais retournait vers son ancien maître. Celui qui l’avait radicalement changée, de petite fille terrifiée à servante soumise.

Durant des années, elle ne fit que danser. Sa seule forme d’expression et sa seule forme de liberté. Elle grandit sous les coups de fouets et les menaces, entourée d’esclaves et d’hommes dangereux et brutaux. Son âge fut sa malédiction, car en devenant femme, on lui confia d’autres tâches que de verser du vin dans les verres des mercenaires et de nettoyer la demeure de son maître… Ses danses n’étaient plus distractives mais séductrices, les éventuelles compliments devinrent des invitations impossible à refuser. Et elle avait apprit à haïr…

Alyss repéra les ruines peu après la fin de la tempête. Si elle connaissait l’emplacement par cœur, une vue plus nette des environs lui fut utile et le vent lui épargna la tâche de déblayer l’entrée. Elle se permis une pause, buvant à sa gourde et contemplant les restes du quartier général de l’homme qui l’avait achetée et asservie. Rafraîchie, elle ôta sa cape et s’exposa aux soleils en fermant les yeux. Une légère brise la chatouilla. L’ancienne esclave se tenait au seuil de sa prison. Elle était toujours vêtue de sa tenue d’alors, bikini de métal doré, collier et bracelets à chaîne. Un uniforme prévue pour la rabaisser en l’exposant pratiquement nue et en permettant de l’attacher.

Encore maintenant, beaucoup lui posent la question. Pourquoi garder ces vêtements alors qu’elle est désormais libre ? Pourquoi s’exposer dans ce costume, elle qui peut s’habiller convenablement ? A cela, Alyss répond toujours par un simple sourire énigmatique. En tant que danseuse, les vêtements légers ne l’avait jamais gênée. Bien au contraire, ces années de captivité lui permirent d’affiner son talent, de s’imposer et d’ainsi survivre. Ils étaient son seul bien et elle apprit à les aimer. Encore maintenant, ils formaient une très bonne tenue pour ses spectacles. De plus, s’habiller « normalement » reviendrait à oublier ce qui l’avait fait devenir celle qu’elle est désormais. En gardant ces symboles tout en étant libre, elle montrait ainsi qu’elle n’était pas qu’une femme insignifiante mais quelqu’un ayant été plus bas que terre et s’en étant relevé.

De la même manière que la Alyss esclave n’existait plus, la résidence de son maître était une relique du passé. Le sanctuaire de ce petit parrain n’était plus qu’un abris en ruines servant de refuge occasionnel aux animaux ou aux voyageurs. L’intérieur était envahit par le sable et les pierres s’effritaient par manque d’entretien. Tout avait été pillé il y a bien longtemps déjà, le jour même où cette guerre entre criminelles signa l’arrêt de mort de cette petite ligue. Jabba le Hutt n’appréciait guère la concurrence et le premier faux pas de son rival fut également son dernier. Il dépêcha des troupes de mercenaires qui eurent tôt fait de prendre possession des lieux. Et après des années, Alyss avait vu de nouveau les conséquences d’une bataille perdue d’avance, rampant sur le sol pour échapper elle-même à la mort.

Beaucoup périrent, d’autres s’échappèrent. Les esclaves, comme toutes possessions, furent rassemblés pour être remit à Jabba, tandis qu’on incendia la bâtisse. Le maître d’Alyss fut exécuter sommairement, d’un coup de blaster dans la tête après un bref message du Hutt. La danseuse avait souvent rêvée d’une scène semblable, mais la réalité ne fut pas une libération. Ce n’était qu’un nouveau plongeon dans les ténèbres pour elle, car ironiquement, l’homme responsable de son emprisonnement était aussi celui qui lui avait fait garder espoir.

Près de ses appartements privés, il possédait une chambre personnelle. Un petit musée où il exposait fièrement de nombreux trophées récupérés de manière plus que douteuse et provenant des quatre coins de la galaxie. Amateur d’arts et d’armes, de civilisations antiques et de babioles étranges, il se gaussait de ses trésors et s’en vantait constamment. Là où tous y voyait une lubie ridicule, Alyss avait cependant été très attirée par cette pièce. L’amoncellement d’objets de provenance inconnue la faisait rêver et elle ne pouvait décoller ces yeux de la collection. C’est peut-être ce point commun qui lui valu un léger traitement de faveur. Plutôt que de nettoyer la grande salle, Alyss s’était vu remettre le « privilège » de prendre soin de cet endroit magique. Bien sûr, à la moindre erreur, c’était la mort assurée, mais son propre respect pour ce mélange des cultures lui fit prendre toutes les précautions nécessaires…

Désormais, l’endroit était vide. Pillé, bien entendu. Les armes récupérées par les brigands, les objets de valeurs remis aux Hutts, et bon nombre d’autres pièces détruites par le feu car jugées inutiles. Dommage, car Alyss aurait donnée cher pour récupérer quelque chose. Elle se souvenait encore des yeux brillants de son maître, lui expliquant la provenance de chaque artefact. Les histoires incroyables qui y était liés: des batailles, des religions obsolètes, des mondes perdus. Et des légendes de guerriers surnaturels usant de la Force.

Ce qu’était la Force, elle l’ignorait alors. Les Sith, les Jedi. Tout cela n’était que des noms associés à des récits fantastiques. En tant que nomade, elle ne connaissait pas grand chose hors du désert. En tant qu’esclave, elle ne savait que danser et procurer du plaisir aux hommes. Son propre langage avait régressé à un stade alarmant, et elle ne pouvait saisir de concept aussi immatériel que ces Chevaliers luttant contre le côté Obscur. Cependant, son imagination avait beaucoup travaillé et elle rêvait chaque nuit de croiser ces êtres magiques et, comme eux, de posséder cette arme incroyable. Un sabre laser…

Elle n’en avait vu qu’un seul, défectueux et très ancien. Probablement récupéré au marché noir après la mort de son possesseur. Il était la pièce maîtresse de la collection, l’objet pour lequel ce chef de criminels aurait sacrifié toute son organisation. Il ne l’avait jamais allumé, arguant que cela reviendrait à le faire exploser. La chose était sans aucun doute un tas de ferraille inutile et aussi dangereux qu’une batterie instable, mais pour eux deux pourtant il signifiait bien plus. Encore maintenant, la danseuse voudrait en voir la lame, connaître sa couleur…

La jeune femme s’accroupit et posa ses doigts sur les dalles rugueuses du sol. Elle suivit un réseaux de rainures, comme un labyrinthe, et avança peu à peu vers un coin sombre de la pièce. Elle fouilla de longues minutes à la recherche d’un aspérité bien précise, d’un relief spécifique… Là, elle détecta une brique descellée et la souleva, creusant le sol meuble en-dessous. Elle fini par toucher un objet cylindrique recouvert d’un foulard usé qu’elle déterra. Dans la semi obscurité des lieux, elle regarda la chose avec un mélange d’excitation et de frayeur. Lentement, elle ôta le chiffon pour délivrer l’artefact de taille moyenne. On aurait dit un tube, avec boutons et reliefs. Des gravures, à demi-effacées et qu’elle ne pouvait lire, indiquaient sûrement beaucoup de choses sur son origine.

C’était la poignée d’un sabre. Du sabre. Inutilisable et sans grande valeur, mais véritable relique d’une époque révolue. Il y a quelques temps de cela, lorsque Jabba envoya ses hommes faire le ménage, Alyss était au lit avec son maître, obéissant à certains ordres… Les coups de feu retentirent et le vacarme assourdissant ne laissait planer aucun doute sur ce qui allait se passer par la suite. En toute hâte, il lui confia un dernier ordre. Cacher sa relique préférée, dans l’hypothèse où il survivrait. Il lui remit dans les mains le sabre et lui indiqua quoi en faire. Quelques secondes plus tard, il était mort, et elle capturée par des mercenaires peu délicat qui profitèrent du lit luxueux une dernière fois avant d’y mettre le feu…

A la lumière du grand jour, Alyss examinait encore l’artefact. Elle se surprit à le prendre en main et esquisser quelques gestes de coups d’épée, pour s’imprégner de la légende. Un grand sourire se dessina sur son visage. C’était maniable, agréable presque. Une Danse du Sabre avec un tel objet ? C’était une idée de spectacle tout à fait plaisante !

Elle ne jeta pas un regard en arrière après cela. La danseuse avança rapidement dans le désert, s’éloignant pour toujours des ruines de son passé. L’espoir qui l’avait fait survivre et tenir durant ses années d’esclavages avait évolué en quelque chose d’autre. Un objectif. Et si son plan n’était pas encore très défini, la récupération de ce sabre inutile en formait cependant la première phase…

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