Silent Venom
(2009)
S’il est réalisé par le vétéran Fred Olen Ray, une valeur sûre de la série B, Silent Venom n’est malheureusement qu’un DTV bas de gamme conçu pour les chaines câblés, et donc un simple produit de commande pour le metteur en scène qui ne s’intéresse absolument pas à ce qu’il tourne. Le principe repose ici sur la reprise du concept délirant de Snakes on a Plane, désormais oublié mais qui à l’époque avait fait suffisamment sensation pour engendrer quelques clones (Snakes on a Train chez la Asylum, Plane Dead avec des zombies à la place des reptiles). Ici le point de départ s’inspire ouvertement du téléfilm catastrophe Terreur Sous la Mer (Fer-de-Lance, 1974), qui enfermait lui aussi ses couleuvres dans un sous-marin, avec un soupçon de science-fiction délirante en la présence de quelques spécimens mutants gigantesques. Un concept intéressant avec un fort potentiel, mais hélas l’intrigue se traine lamentablement du début à la fin et le résultat s’avère être tout simplement ennuyeux…
Ça commençait pourtant bien: œuvrant pour le gouvernement américain, deux scientifiques expérimente sur les dangereux serpents de l’île de Manku, dans la mer de Chine. Un projet visant à produire une espèce hybride si toxique que l’anti-venin qui en résultera pourrait permettre à l’armée d’immuniser ses soldats contre tous les agents chimiques possibles. Et parce que la zone fut utilisée pour des tests nucléaires secrets dans les années 60, la radioactivité à altérée certaines bestioles qui sont du coup devenues bien plus mortelles qu’auparavant. Un croisement génétique donne naissance à de redoutables mutants dotés d’une agressivité hors norme et d’un taux de croissance alarmant puisqu’ils peuvent devenir suffisamment grand pour avaler un être humain en une seule bouchée ! Lorsque l’armée chinoise commence à rôder dans les parages, le Pentagone met fin à la mission et ordonne aux savants d’abattre leurs sujets afin d’effacer toutes leurs traces. Un sous-marin est ensuite envoyé sur place afin de les rapatrier aux États-Unis.
Mais l’un des chercheurs pense pouvoir revendre ses créatures sur le marché noir et les embarque secrètement dans le submersible. Il ignore que le caisson principale, renfermant vingt serpents ultra venimeux, s’est abimé durant le transport et bien vite les animaux s’échappent dans tout l’appareil. Les monstres géants, eux, vont se réveiller en cours de route et détruire leur prison avant de s’enfuir à leur tour. Pour ne rien arranger, l’équipage doit fuir les navires ennemis sans le moindre armement ni renfort puisque leur engin est un véhicule ancien et déclassé qui était en route pour son tout dernier voyage. C’est avec seulement deux fioles d’un anti-venin expérimental que les matelots vont devoir faire face à la double menace, en tout cas jusqu’à ce que le responsable de la situation ne dérobe le médicament avant de se cacher quelque part à bord. Voilà qui promet des mésaventures pleines de tensions, entre la promiscuité qui n’aide pas à esquiver les petits monstres et l’obligation de devoir rester silencieux pour ne pas être détecté au sonar…
Sauf que les personnages n’en finissent jamais de parler et de se promener dans les couloirs de leur rafiot, tandis l’histoire peine à démarrer, ne passant d’ailleurs jamais la seconde puisque l’invasion reptilienne n’est pas pleinement réalisée avant la bonne moitié du film ! Le bodycount est honteusement faible avec pas plus de quatre ou cinq victimes sans aucune mort spectaculaire ou intéressante. Au moins les rampants sont plutôt sympathique puisque Fred Olen Ray a fait appel à de véritables ophidiens de tailles et de couleurs variés. Cela rend leurs interactions avec les acteurs assez intéressantes quoique très limitées, et malgré leur petit nombre ils parviennent à faire illusions même si le monteur est obligé de rajouter quelques bruitages cartoonesques lors des attaques. L’amateur de creature features en CGI moisis sera lui ravi d’apprendre que l’on retrouve malgré tout quelques représentants en images de synthèse via les mutants forcément plus gros et vicelards que leurs congénères.
Dommage qu’ils ne fassent finalement que très peu de victimes, mais pour se rattraper le réalisateur nous offre une guest star inattendu mais très appréciable: le python géant de… Python ! Et oui, il s’agit du même modèle 3D autrefois utilisé par la compagnie UFO, ici recyclé pour simuler l’un des monstres de taille adulte caché sur l’île. D’ailleurs les bruitages animaliers utilisés dans le film sont également tiré de cette franchise, ce qui ferait presque de Silent Venom une sorte de Python 3 non officiel. Il était justement dit que les serpents de cette série provenaient d’Asie, comme quoi ce n’est peut-être pas un hasard ! Du reste, il y a vraiment peu de choses à se mettre sous les crocs. Un marin découvre avec étonnement une mue titanesque dans le sous-marin (“…the Hell ?!”), une scène montre l’héroïne être recouverte de véritables reptiles et forcée de ne pas bouger sous peine d’être mordue, et quelques plans des mutants nécessitent une tête en caoutchouc plutôt sympathique avec sa grande gueule gluante, comme à la bonne vieille époque des années 80.
Un soldat parvient à abattre un des géants d’un headshot très satisfaisant, un autre se cogne violemment à une échelle en cédant à la panique (Video Gag n’est pas loin) tandis que le capitaine du sous-marin va carrément se battre au corps à corps contre l’ultime “python”, son adversaire n’hésitant pas à répliquer en lui faisant un véritable croche-pied avec sa queue ! Aussi, notons une séquence de violence parfaitement gratuite mais amusante où le héros, quittant la pièce où sont réunis et piégés tous les serpents, décide de revenir sur ses pas pour vider son chargeur dans le tas, juste comme ça, par pure vengeance. Enfin le gag final montre les militaires charger un caisson restant dans une avion, comme pour prétendre que ce Des Serpents à Bords est une fausse préquelle à l’italienne de Des Serpents dans l’Avion. Tout ceci est malgré tout bien maigre, et même en se penchant sur les acteurs – pourtant tous convaincant et sympathique – il n’y a pas grand chose à retirer de ce ratage.
Le revenant Luke Perry se montre plutôt agréable dans le rôle de ce vieux capitaine dépressif et à deux doigts d’une retraite forcée, contraint d’embarquer pour une mission minable suite à un problème d’autorité avec un supérieur. Louis Mandylor, frère de Coastas (à qui il ressemble beaucoup) se montre particulièrement enjoué et énergique malgré son rôle de traitre pleutre qui n’obtiendra que ce qu’il mérite à la fin du film. La sexy mais vieillissante Krista Allen (Emmanuelle dans l’Espace, The Haunted Sea) joue une scientifique en débardeur très jolie à regarder, mais le père Olen Ray ne prend même pas la peine de dévoiler ses charmes même lorsque le script appel à une scène de douche ! Enfin, ce pauvre Tom Berenger se retrouve à jouer le général militaire passant son temps au téléphone et à donner des ordres dans des scènes de remplissages, pour un rôle quasiment inutile. Son nom ne sert qu’à se retrouver en haut de l’affiche pour appâter le spectateur, et il mérite franchement mieux que ça.
A moins d’être très tolérant, le bilan est sans appel: Silent Venom est une perte de temps qui n’a pratiquement rien à proposer, se perdant dans un rythme lent, des errances narratives (un long épilogue dont on se tape complètement et qui évoque presque un épisode de JAG tant il insiste sur le devenir professionnel de ses personnages militaires) et une absence totale de tension, de spectaculaire et de fun. Voilà un Fred Olen Ray très dispensable.
GALERIE
Un calvaire sans nom 😅