Psycho Santa (1993, Commodore Amiga)

12 DAYS OF CHRISTMAS

 

 

Commodore Amiga

Psychos Santa

(1993)

 

 

S’ils existent encore de nos jours, les magazines de jeux vidéos sont désormais obsolètes face à Internet, et hormis pour quelques harcore gamers ou nostalgique de la presse papier, il y a peu de chance pour que les nouvelles générations achètent ces revues avec la même ferveurs que les gamins des années 90. A l’époque le marché était tel que ces mensuelles pouvaient se permettre de se spécialiser sur une marque ou un type de machines particulier. C’était le cas avec le britannique The One qui se concentrait sur les ordinateurs comme les premiers PC, la Atari ST et surtout la Commodore Amiga sur laquelle elle se centra exclusivement un peu plus tard suite à un changement de rédaction, devenant alors The One Amiga. Le titre devint l’un des plus gros poisson dans son milieu, et un attrait non négligeable pour le jeune lecteur était la présence à chaque numéro d’une disquette contenant un ou plusieurs jeux complets en bonus. Du freeware évidemment sans budget et conçu à la va-vite par des équipes très réduites, mais c’était comme ça en ces temps et parfois préférable aux simples démos offertes aux joueurs consoles.
Et c’est ainsi qu’en Janvier 1993, The One Amiga #52 offrit avec un peu de retard son cadeau de Noël à son fidèle lectorat. Le titre ? Psycho Santa. L’illustration ? Un Santa Claus ultra énervé, cigare aux lèvres, brandissant une mitrailleuse géante à double-canon ! La cerise sur le gâteau étant que le produit fut développé par Bullfrog, responsable de quelques gros succès comme Theme Park et les deux Populous. Voilà qui excita sans doute nombre d’adolescents s’imaginant déjà jouer à un clone de Doom version guirlandes et paquets cadeaux…

 

 

Sauf que visiblement les trois couillons en charge du projet n’ont pas reçu le mémo puisqu’ils accouchèrent d’une chose n’ayant absolument rien à voir avec l’emballage. Et s’il est vaguement possible de considérer Psycho Santa comme un shoot’em up, le résultat ne peut que décevoir puisqu’il n’y est nullement question d’action, de tir au fusil ou même de  Père Noël psychotique ! Le leur  est tout à fait ordinaire, embarquant sur son traineau avec ses rennes pour de livrer quelques cadeaux. Le but du jeu ? Balancer assez de présents à travers les cheminées pour rendre les habitants heureux. C’est tout. Alors oui, il y a bien quelques fantômes qui servent d’ennemis (les « Frosties« ) et l’un d’eux ressemblet rien de moins qu’à la Faucheuse, mais on s’en débarrasse assez facilement en leur balançant quelques boules de neige à la figure. C’est d’ailleurs plutôt conseillés puisque notre héros ne dispose que d’une réserve  limités de jouets et de friandises qui diminue à force de largage: il faut donc tuer ses ennemis qui abandonnent tout un tas d’items à récupérer pour poursuivre les livraisons en temps et en heure.
Car vraiment le seul challenge repose dans la limite temporelle que l’on dispose pour accomplir chaque level, le chronomètre s’épuisant très rapidement. Ce qui ne serait pas tellement un problème si la maniabilité de Santa n’étaient pas si mauvaise: le personnage répond au commande mais se montre bien trop rapide, ce qui empêche de le positionner précisément au-dessus des chaumières ou risque de l’envoyer droit sur vos adversaires qui causeront des dégâts.

 

 

Plus chiant: il est impossible de simplement faire tomber les cadeaux, cela serait beaucoup trop simple. A la place le Santa les lance loin derrière lui, forçant le joueur à s’éloigner des maisons afin que les objets tombent là où il faut. Et pendant ce temps-là, la Mort balance des stalactites que l’on esquive presque par réflexe, obligeant à retrouver le bon positionnement alors perdu. Et c’est honnêtement tout ce qu’il faut faire pour gagner le jeu, en répétant encore et encore la même action. A force on fini par prendre le coup et c’est tant mieux car le nombre de familles à satisfaire augmente de niveau en niveau. Mais même au dernier acte, il n’y a pas plus de six cheminées à remplir. Psycho Santa n’est finalement qu’un mini-jeu comme on peut en trouver désormais gratuitement sur Internet, et si cela était passable en 1993, il faudra vraiment en vouloir pour le compléter de nos jours.
Les responsables tentent alors de rallonger le gameplay via un bonus level qui apparait entre chaque étape, où le Père Noël chevauche un pogo stick et doit sauter toujours plus haut afin de décrocher les cadeaux attachés à un sapin géant – le but suprême étant de récupérer l’étoile au sommet. Et ce n’est pas qu’une façon de rallonger son score: chaque prise permet de remplir un peu plus sa jauge de présents pour le prochain niveau, permettant même de conclure les premiers sans avoir besoin de se confronter aux ennemis. Quelques obstacles forcent également le joueur à rester en l’air puisque les maisons, sapins, réverbères et bonhommes de neige blessent si l’on entre en contact avec eux. Ce qui arrive bien plus souvent qu’on ne le pense étant donné les contrôles.

 

 

Et voilà. Pas de surprise, pas de parodie, pas de violence, rien qui ne justifie le nom de Psycho Santa ou l’incroyable image du magazine. Heureusement les développeurs sont british et leur humour aussi, nous gratifiant de quelques idées sympathiques: la musique du menu, Jingle Bells, commence doucement au piano avant de s’interrompre pour se transformer en version faussement Métal et délirante. Les Frosties hurlent à la mort lorsqu’ils sont touchés par les boules de neige tandis que Santa laisse éclater un caverneux « Ho ! Ho ! Ho ! » tandis qu’il pille les ressources de ses victimes. Aussi, il pète occasionnellement, sans raison. Et lorsqu’il meurt, il explose avec le bruitage d’un avion qui se crash. Mentionnons le sympathique radar en bas de l’écran qui évoque les graphismes d’une vieille Atari, les maisons qui vous remercient littéralement lorsqu’elles reçoivent des cadeaux,  leurs décorations de Noël s’agrandissant toujours un peu plus, et ces bonhommes de neige volant qui vous balance leurs nez-carottes pointues à la poire pour mieux vous tuer (Jack Frost ?).
Le sprite des Faucheuses est véritablement réussi, gigantesque et très détaillé comme le prouve la givre sur les mains et le visage. Clairement la meilleure idée de tout le projet. Mais la vrai récompense reste l’écran de fin qui montre Blobby Bullfrog, la mascotte des développeurs, nous féliciter alors qu’elle est clairement ivre, clope et bière dans les mains. Dommage que pour toutes ces petites choses agréables existent des scories pénibles comme l’absence de musique durant le gameplay (prière de combler le vide avec le The Night Santa Went Crazy de Weird Al Yankovic).

 

 

Le jeu ne dispose que de deux décors qui ne varient jamais et sont totalement vide, seul l’effet de la neige tombante étant intéressant, certains ennemis prêtent à confusion (un poulet rôti flottant qui ressemble à un item de soin), la jauge de cadeaux est inutilement divisée en trois sans explications, deux barres se retrouvant à peine utilisées lors des récoltes, et les développeurs font du remplissage en forçant un bonus level inutile à la conclusion du jeu, alors qu’il ne sert plus à rien de récupérer des présents. Il faut aussi se demander pourquoi le jeu est plus long à lancer que la normale (presque deux minutes de chargement) pour une durée de vie qui n’excède pas les vingt minutes au total. Mais bon, que fallait-il espérer de la part d’une petite équipe de trois personnes (quatre en comptant le testeur qui n’a certainement pas fait son boulot) dont le programmateur se cache sous le pseudo de Michael C. Diskette ?
Cette commande de The One Amiga n’a pas dû leur demander plus de trois jours de boulot et ne comptait certainement pas dans leurs priorités. Pour autant, un message d’avertissement encourage le joueur à récompenser les créateurs en leur envoyant la somme de 5,50 Livres Sterling ! En échange, il sera enregistré à la newsletter de Bullfrog et pourra recevoir un poster dédicacé ainsi qu’une nouvelle version du jeu contenant des fonctions supplémentaires. A ce jour il n’y a aucune preuve que ce Psycho Santa amélioré ait vraiment existé…

 

 

 

  

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