12 DAYS OF CHRISTMAS II
ClayFighter
SUMO SANTA
(1997)
Oubliée depuis belle lurette, la franchise ClayFighter était pourtant plutôt originale et ambitieuse pour son temps, créant une série de jeux de combat où les personnages étaient animés par claymation. De véritables figurines construites à l’ancienne puis digitalisée un peu à la manière des acteurs de Mortal Kombat, conférant aux graphismes un style plutôt unique et différent de ses nombreux concurrents d’alors. Les créateurs avaient naturellement opté pour une ambiance cartoonesque totalement loufoque permettant des folies de violence sans pour autant choquer les parents, car rappelant surtout les délires des dessins animés de Tex Avery ou des Looney Tunes. Sans surprise, la galerie de combattants était haute en couleur et on y croisait aussi bien une banane géante qu’un sosie d’Elvis, un bonbon vivant, la statue de la Liberté, une main coupée semblant provenir d’Evil Dead 2 et jusqu’à Earthworm Jim et Boogerman en guest stars occasionnelles.
Celui qui nous intéresse aujourd’hui c’est évidemment Sumo Santa, personnage secret débarquant dans le troisième volet de la saga, ClayFighter 63⅓ sur la N64, que le joueur pouvait débloquer en faisant un code à l’écran de la sélection des personnages (maintenir L et presser A, C en bas, C à droite, C en haut, C à gauche puis B). Comme son nom l’indique, il s’agit d’une sorte de fusion entre le Père Noël et un gros sumo qui se battrait en ne portant qu’un simple pagne. Et parce que les jeux de baston contiennent souvent des bribes d’intrigues aussi folles que sous-exploitées en guise de biographie pour chaque protagoniste, il y a bien une histoire derrière cet incroyable bonhomme. Celui-ci est en réalité un clone maléfique du Petit Papa Noël (qui dans cet univers se nomme Santa Clauz, vaguement évoqué dans le premier jeu à travers l’épilogue de Bad Mr. Frosty, version sous stéroïde du Jack Frost des comptines), très certainement créé par le savant fou Dr. Kiln qui avait déjà pollué ClayFighter 2 de méchants jumeaux.
Travaillant de concert avec son créateur afin de conquérir le monde, il échoua à s’emparer du Pôle Nord mais compte bien recommencer, se cachant pour le moment sur l’île de Claymodo dans sa propre usine de jouets. Lorsque les Clayfighters débarquent pour empêcher les vilains de nuire, le sumo y voit là l’occasion parfaite pour se débarrasser des héros mais surtout de son rival Frosty. Difficile de dire si les deux adversaires se sont vraiment rencontrés ou si le clone possède en fait les souvenirs du vrai Clauz qui a combattu le bonhomme de neige entre ClayFighter 1 et 2 et l’a envoyé en prison pour sa peine, mais cela n’a pas d’importance puisque le jeu n’est qu’une vaste plaisanterie (le titre lui-même est une référence à Naked Gun 33⅓, alias Y a t-il un Flic Pour Sauver Hollywood ?). Si le joueur gagne la partie, l’écran de fin explique alors que Sumo Santa est désormais libre de planifier la domination de la planète maintenant que ses ennemis et le Dr. Kiln ne sont plus là pour l’en empêcher.
En ce qui concerne le gameplay, le personnage se trouve être l’un des meilleurs du jeu, notamment grâce à certains combos qui peuvent s’exécuter à la chaine sans que l’opposant ne puisse y faire grand chose. Cela demande évidemment de l’entrainement, mais maitriser Sumo Santa permet de gagner bien plus facilement qu’avec d’autres Clayfighters. Entres autres choses, il dash très vite et possède une attaque aérienne qui, en plus de causer de bons dommages, laisse une ouverture permettant d’enchainer instantanément de nouveaux coups. Dans le jeu cela se traduit par une foule de techniques complètements idiotes, le Père Noël utilisant principalement sa bedaine sur-développée pour frapper, son ventre prenant alors la forme d’un doigt ! Il manie une canne à sucre géante, peut recouvrir son ennemi d’une chaussette géante et son propre bonnet s’avère redoutable puisque fonctionnant comme une masse d’arme maniée par un headbanger ! Et outre un jeu de jambes volant similaire à celui de Liu Kang, il emprunte aussi aux Fatalities de Mortal Kombat.
Surnommées ici Claytalities, elles sont au nombre de deux par combattants et exécutables seulement une fois l’adversaire vaincu. L’une, peu imaginative, montre le clone de Santa Clauz générer un deuxième sosie et envoyer valser son ennemi avec tellement de force que celui-ci s’envole dans les airs et s’écrase comiquement contre la caméra. Plus osée, l’autre le montre faire un bond vertigineux pour atterrir fesses en avant sur sa pauvre victime. Ne découvrant aucun corps au sol lorsqu’il se relève, le sumo cherche autour de lui un brin surpris avant de comprendre que le Clayfighter a disparu… à l’intérieur de lui ! Il se met à péter si fort qu’il expulse le corps en morceaux, accompagné d’un gaz malodorant. Cartoon ou pas, cela reste parfaitement dégueulasse et donc forcément génial ! Tout ceci bien sûr accompagné du fameux “Ho ho ho”, le Père Noël étant doublé par nul autre que Jim Cummings, acteur connu pour prêter sa voix à Winnie l’Ourson !
Les quelques lignes qu’il prononce ne sont pas toutes mémorables mais certaines font leur petit effet (“Jingle this all the way !” et surtout “Santa’s gonna sit on your lap !”). On retient aussi son animation de début de combat (il débarque dans sa célèbre tenue qu’il arrache violemment, ne gardant que ses bottes et son bonnet) ainsi que sa colorswap, qui échange le rouge pour du doré, lui donnant des faux airs de Saint Nicolas. Dommage que le design de son level soit si peu créatif, simple usine à cadeaux avec de tapis roulants où déambulent de jolis paquets, ne faisant jamais ressentir le côté supposément maléfique de ce clone. Et a ce propos, celui-ci fut sensiblement modifié lorsque, un an plus tard, sort ClayFighter: Sculptor’s Cut, version upgradée de Clayfighter 63⅓ développée exclusivement pour Blockbuster Video. Sumo Santa y change subitement d’alignement pour devenir, sans aucune explication, un héros ! Celui-ci ne souhaite désormais rien faire d’autre que distribuer des jouets à tous les enfants.
La seule raison pour laquelle il participe au tournois est d’empêcher les autres Clayfighters en vadrouille de perturber son calendrier très serré, puisqu’il travaille dur avec ses elfes pour que tout soit prêt à temps. On ne nous dit pas pourquoi il s’est relocalisé du Pôle Nord à Claymodo et un échange entre le sumoet son rival Frosty vient révéler l’origine de leur rivalité: quant il avait 10 ans, le bonhomme de neige aurait commandé un cheval à bascule que le Père Noël ne lui aurait jamais livré. Santa prétend avoir été très occupé cette année là, mais il semblerait quand même qu’il soit venu profiter de ses cookies et de son verre de lait avant de repartir sans rien laisser au gamin. Voilà qui explique sans doute pourquoi Frosty voulait conquérir le Pôle Nord à la fin du ClayFighter original. Cela laisse aussi entendre que dans cette nouvelle version ce n’est plus le clone maléfique de Santa Clauz, mais bien le véritable Petit Papa Noël, lui aussi Sumo mais bien plus sympa (quoique cela se discute).
La vérité aurait peut-être éclatée dans ClayFighter: Call of Putty, le prochain jeu prévu de la série qui fut finalement annulé pour Dieu sait quelles raisons. La franchise est désormais dans les limbes, les droits de propriétés intellectuelles ayant été mis en vente vers 2016 sans que l’on sache vraiment ce qu’ils sont devenu. Le public lui-même est passé à autre chose et il est malheureusement peu probable que Sumo Santa et ses copains reviennent un jour pour se poutrer la gueule. Dommage car avec l’évolution technologique, le résultat pourrait être somptueux…
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