Le Frisson de la Rose – Chapitre 1

Le Frisson de la Rose

 

Une histoire inspirée par deux amies.

 

I – Le Jeu

 

Ça faisait tout juste quelques semaines que les deux jeunes femmes se côtoyaient de façon plus intime maintenant. Rien n’avait vraiment changé par rapport à avant, à part la signification de certaines activités. Dîner au restaurant était devenu un acte romantique, se promener en public se faisait maintenant avec une certaine tendresse et la planification des projets à venir se prenait beaucoup moins à la légère.
Évidemment tout ceci était encore loin d’être très sérieux et le couple ne se sentait pas vraiment légitime. Ce n’était encore qu’une faible impression qui régnait entre elles, depuis qu’elles s’étaient mises d’accord pour “expérimenter”.

En revanche l’attirance était toujours là, sans cesse grandissante. La curiosité également, l’amusement et l’envie de jouer. Ainsi depuis quelques temps, le fait d’aller se coucher devenait un tout autre rituel pour les deux amoureuses. Une nouvelle manière de se rapprocher et de se découvrir, de partager leur tendresse mais aussi d’évoquer un autre besoin, plus ardant encore.
Là-dessus d’ailleurs, les deux n’en étaient pas encore au même niveau, provoquant un certain chaos dans leur équilibre. L’une allait trop vite tandis que l’autre avait besoin d’encore un peu de temps. Il leur fallait s’apprivoiser et s’habituer l’une à l’autre, avec leurs besoins a chacune d’elle.
Et c’est là qu’une solution fut finalement toute trouvée. Une surprise réservée à l’une, timorée, par sa compagne impatiente.

La première, avec ses longs cheveux d’un noir ébène, avait acceptée de se laisser faire pour quelques minutes avec la garantie qu’il ne lui arriverait rien. En tout cas “rien de bien terrible” avait rajoutée son amie. Un simple exercice de confiance auquel il y avait toutefois une condition, un gage en quelque sorte, afin de pimenter un peu la situation.
Elle s’y plia avec le sourire, ne trouvant là-dedans rien d’effrayant. Au contraire, ce qu’elle devait faire lui procurait même une certaine forme d’excitation tant dans les formes que dans le principe. La belle brune, cachée derrière un paravent en bois d’aspect oriental, s’était vêtue d’une lingerie affriolante du plus bel effet. Des sous-vêtements en dentelles d’un vert sombre qui évoquait le feuillage séché, un soutien-gorge mettant en valeur sa belle poitrine, une petite culotte taille basse et des bas résilles sans attaches. Enfin elle avait enfilée de longs gants d’un velours émeraude qui s’étendaient jusqu’aux coudes.
La belle s’était ensuite parée de quelques bijoux tout particuliers, la plupart issus de ces fantastiques tenues de danses tribales: bracelets de cheville munis de petites clochettes dorées, boucles d’oreilles en bois léger, ainsi qu’une paire de bagues comportant de minuscules cymbales que l’on appelle Sagattes. Un ras de cou en fines broderies et une chaine de ventre mettant en valeur sa taille de guêpe.

La brune se doutait que sa partenaire sauterait au plafond en la voyant ainsi, mais c’était le jeu. L’une devait apprendre à se tenir, l’autre à séduire. En se regardant dans le miroir, effectuant quelques pirouettes pour se voir sous toutes les coutures, la jeune femme estima qu’elle était plutôt jolie et féminine.
Vint enfin le moment fatidique, celui qui la soumettrait au jeu du soir. Elle se banda les yeux à l’aide d’un fin ruban de cuir, fermant les yeux et s’assurant qu’elle ne puisse plus les ouvrir. Elle noua solidement la mince lanière derrière sa tête et toucha doucement l’objet: Il était souple mais résistant, parfumé à l’encens et teinté d’un rouge sombre qu’elle ne pouvait plus percevoir.
Son amusement laissa place à un ressenti étrange que la fille aux cheveux noirs ne parvint pas à identifier. Il y avait une certaine peur à l’idée de perdre l’un de ses sens et elle réalisait a quel point elle serait dépendante de sa compagne par la suite. C’était perturbant, stimulant et inhibant a la fois.

Tâchant de ne pas penser a ce qui allait arriver, la perte de contrôle et la soumission totale qui commençait a pointer le bout de son nez, la belle aveugle tenta de concentrer ses pensées sur autre chose.
Au moins le bandeau était fin et ne couvrait que ses yeux, laissant le reste de son visage visible, ce qui était tout de même plus esthétique selon elle.
Et puis sa douce attendait. Comme la perte de la vue semblait s’accompagner d’une perte subite de la notion du temps, elle se décida a sortir de derrière le paravent et avança dans la chambre d’un pas incertain.
Les bijoux tintaient a chacun de ses mouvements, annonçant sa présence avant même qu’elle n’élève la voix. Gênée, craintive d’être plus ridicule qu’attirante dans un tel accoutrement, elle choisie de prendre une pose lascive héritée de ses danses du ventre. Elle se tint droite sur une jambe, avançant un peu plus l’autre vers l’avant, puis leva les bras et plaça ses mains derrières sa tête en jouant avec ses cheveux.
Timidement, elle appela son amoureuse d’une voix basse.
– Éliane…
Le temps de réponse qui suivit lui paru avoir duré une éternité.

Dans un souffle, celle dont elle avait prononcé le nom lâcha le compliment.
– Tu es magnifique.
La brune sourit, soulagée, puis attendit les ordres. Elle pouvait entendre le doux bruits de pas de sa compagne sur la moquette, ressentir les sons de son corps tandis qu’elle leva les bras vers elle comme pour la toucher mais sans le faire.
– Donne-moi ta main, dit-elle doucement.
Hésitante mais rassurée, la jeune femme avança ses mains jointes vers la voix pour trouver une poigne douce. Elle se laissa tirer en avant et avança dans une direction inconnue. Oh, leur chambre n’était pas bien grande et en toute logique elle savait très bien où ces quelques pas devait la mener. Mais son cerveau refusa d’analyser la situation en aveugle. Sa marche lui parue trop longue et elle s’imagina même se trouver maintenant dans une autre pièce.

Pourtant ce n’était qu’à un ou deux mètres de là que l’autre femme l’emmena. Près d’une grosse poutre en bois qui s’élevait contre le mur pour en soutenir une autre, en diagonale contre le plafond. Là, un long foulard de soie avait été installé et pendait dans le vide, n’attendant que d’être utilisée.
Éliane avait choisi ce vêtement à la place des cordes ou des chaines car son contact contre la peau serait moins effrayant. Plus sécurisant et moins douloureux aussi, puisque la soie ne risquerait pas de blesser si l’étoffe était serré trop fort ou si sa captive se débattait violemment.
Avec des gestes experts, elle leva les bras de sa prisonnière au-dessus de sa tête et lui ligota les poignets, s’assurant ensuite de la fixation à la poutre. Elle s’était arrangée pour que sa victime soit immobilisée autant que possible, l’obligeant a se tenir sur la pointe des pieds.

Elle se tenait là, les bras tendus et le souffle court. Éliane la regarda un instant sans rien faire, appréciant une nouvelle fois le corps merveilleux de celle qui partageait sa vie, et qui bientôt partagerait sa passion.
Elle savait sa compagne apeurée, stressée de par la position délicate où elle se trouvait, et l’espace d’un instant il lui sembla entendre le bruit de son cœur, battant à tout rompre dans sa poitrine comme un lapin désemparé.
La jeune femme tandis une main vers le visage offert, rejetant ses cheveux en arrière.
– Tu es très belle Natasha.
L’autre ne répondit pas. Soumise et dans l’attente du sort qui lui était réservé.

Éliane attendit encore quelques instants avant de passer à l’acte. Étrangement, elle se sentait calme tandis que son amie était sur le point d’exploser. Amusant comment les rôles s’étaient finalement renversés, et en quelques secondes. Et dire que pour cela, il n’aura suffit que d’un bandeau et d’un foulard…

Leave a reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>