En 2002, Chaos! Comics succombe comme tant d’autres aux conséquences du boom de la bande-dessinée américaine. Problèmes financiers et “erreurs stratégiques” lui force à mettre la clé sous la porte et son président, Brian Pulido, va partir se réfugier chez Avatar Press, studio qui partage son style “extrême” et horrifique tout en étant plus permissif encore sur le le sexe et le gore. S’il parvient à emporter avec lui l’un de ses bébés, Lady Death, il doit abandonner les autres: le monstrueux Evil Ernie, la vampire sexy Chastity et cette salope de Purgatori sont alors rachetés par une compagnie nommée Tales of Wonder, alors en partenariat avec la très jeune boite Devil’s Due Publishing. Ces derniers récupères les droits de ces créations et vont tenter de les intégrer à leur propre univers – en vain. Cette tentative de reboot se soldera par un échec pour diverses raisons et ne produira pas grand chose.
Purgatori se dégotte une mini-série où s’invite Chastity pour un résultat que beaucoup de fans préfèrent ignorer. Evil Ernie est quant à lui réintroduit dans les pages de Hack/Slash, la géniale série de Tim Seeley, qui la présente comme “Slasher”, un Boogeyman similaire à Freddy et Jason. Il revient ensuite dans Evil Ernie in Santa Fe, et force est de constater que la dimension sanglante du personnage est fortement diminuée. C’est bien logique puisque nous ne sommes plus dans les 90s ultra-violentes où rien n’avait de sens ! Mais l’aventure s’arrête là.
Les fans d’autrefois ne suivent pas, Pulido le premier, qui ne comprend pas du tout ce que DDP fabrique avec ses personnages ! S’il respecte Tim Seeley, qui était un jeune fan de Chaos! dans sa jeunesse, il ne le considère pas du tout comme capable de gérer cet univers. En 2014, c’est à Dynamite que Tales of Wonder propose la licence et celle-ci relance la machine encore une fois avec un succès toujours aussi moyen. L’ambiance est encore moins horrifique qu’avant, Evil Ernie est un anti-héros et s’il y a toujours du sang, c’est à peine si on le remarque. Pulido ne cache pas son mécontentement, toutefois il faut avouer une chose: à défaut de réussir, Dynamite sait au moins s’amuser ! La maison de Vampirella et de L’Armée des Ténèbres passe ainsi son temps à créer des crossovers complètement fou où se croisent fréquemment Dracula, Red Sonja, KISS, Ash, Herbert West, mais aussi les héros d’autres compagnies comme Batman, Conan et… Cassie et Vlad de Hack/Slash ! L’histoire se répète, et Evil Ernie et la tueuse de Slasher vont de nouveau se retrouver pour une histoire censée réintroduire l’univers de Chaos! Comics aux lecteurs…
C’est Tim Seeley qui écrit le scénario, et il faut au passage préciser qu’il s’agit pour lui non seulement d’un retour sur la licence Chaos!, mais aussi sur Hack/Slash dont il est le créateur. Après avoir porté le point final (d’alors) à la série avec une conclusion émouvante, il avait accouché d’un hilarant Army of Darkness vs. Hack/Slash, sorte de dernière aventure pour son héroïne qui fait équipe avec Ash avant de prendre une retraite bien méritée.
Bien sûr il avait laissé une porte ouverte pour que d’autres auteurs prennent sa succession, et c’est chose faite avec Hack/Slash Resurrection qui va bientôt conclure son second story arc et qui n’a pour seul défaut que de faire revenir Vlad sans que cela n’ait le moindre poids, la moindre conséquence. Autant dire que le voir reprendre les rennes de sa saga est au moins aussi important que de voir l’univers Chaos! être remanié. Peu de chance toutefois que le résultat soit extraordinaire car Seeley ne changera sans doute pas sa façon de présenter les personnages de Pullido. Son intrigue semble par exemple garder Evil Ernie comme anti-héros, puisque le synopsis raconte comment celui-ci va s’allier à Cassie et Vlad pour empêcher une apocalypse où les morts reviennent à la vie. Sur leur chemin, ils vont évidemment être confronté à Chastity et Purgatory mais aussi à The Chosen, un groupe de rock composé de musiciennes douées de pouvoirs surnaturels. La dernière fois que tout ce petit monde était réuni, c’était dans un autre crossover qui était tout aussi alléchant et qui s’est révélé être plutôt décevant: Alice Cooper vs. Chaos! Et oui, nous parlons bien de CE Alice Cooper là.
Autre dilemme à prendre en compte: la continuité de Hack/Slash. Car contrairement à DC et Marvel où les retcon et les reboot narratifs sont fréquent, permettant d’écrire des Spider-Man / Red Sonja à dix ans d’écarts sans avoir à suivre une quelconque chronologie, ici la vie de Cassie Hack est toujours la même depuis le premier opus de sa série.
Elle a donc déjà rencontrée Evil Ernie et interagit avec lui, alors qu’il s’agit d’une ancienne version désormais caduque du personnage ! Seeley ayant lui-même écrit ce Hack/Slash: The Final Revenge of Evil Ernie, il est sans doute conscient du problème, et l’idée d’un multivers ayant été introduit au préalable lui permettra peut-être de trouver une solution….
Nous en saurons plus rapidement de toute façon, car la mini-série est prévue pour ce mois de Décembre. La bande-dessinée sera illustrée par Rapha Lobosco, qui a déjà mis en scène Cassie et Vlad lors des deux crossovers avec Vampirella, et le lecteur américain pourra pré-commander sa copie du premier numéro en Octobre avec un large choix de couvertures alternative: Tim Seeley, Craig Cermak, Kyle Strahm (la récente mini-série Pumpkinhead, d’après les films), ainsi qu’une couverture “blanche” Authentix que l’on peut amener à l’artiste de son choix en convention et une Atlas Edition utlra rare portant la dédicace de Seeley en lettres rouge sang.
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