Issu de la mythologie grecque, le monstre Skorpios était, comme son nom l’indique, un scorpion géant. Il est associé à la mort du géant Orion, puisque c’est lui que le tua au cours d’un combat en le foudroyant de son venin. L’histoire connaît plusieurs versions, mais la plus populaire tient dans le fait que le colosse, un grand chasseur, s’était vanté auprès d’Artémis et de sa mère Léto d’être assez puissant pour tuer toutes les bêtes du monde, menaçant alors tout le règne animal. Selon les interprétation du conte, cette attitude courrouça ou bien Artémis, déesse de la chasse mais également protectrice des bêtes, ou bien Gaïa, déesse mère et Titan incarnant la Terre elle-même. Dans les deux cas, la divinité offensée décida d’empêcher le monstre de nuire en envoyant Skorpios contre lui.
Il existe de nombreuse variations contradictoires concernant les origines de cette confrontation. Chez Ovide, Orion était en réalité le compagnon d’Artémis et c’est Apollon, jaloux de leur relation, qui invoqua Skorpios afin de se débarrasser de lui. D’autres comme Aratus, Eratosthenes et Hyginus, prétendent au contraire que le géant tenta de violer la déesse, lui arrachant sa robe et posant les yeux sur son corps nu. Artémis envoya donc le scorpion plus par vengeance que pour protéger les animaux du chasseur. Même le lieu de la bataille diffère selon les auteurs, Aratus parlant de l’île de Chios tandis qu’Eratosthenes et Hyginus évoquent la Crête. A noter également que la taille exacte de Skorpios n’a jamais été définie.
Quoiqu’il en soit, le conflit attira l’attention de Zeus qui plaça alors Orion comme son adversaire dans la voûte céleste pour les immortaliser sous la forme de constellations. Dans la version où Apollon est responsable de l’affaire, c’est Artémis qui supplia son père d’honorer ainsi Orion. Les autres contes désignent plutôt le géant comme un antagoniste puni de son hubris, la présence de Skorpios dans les cieux symbolisant une lutte éternelle et une leçon pour les Hommes: celle de savoir rester humble. C’est ainsi que, même dans le ciel, les deux ennemis continuent de s’opposer, n’apparaissant jamais en même temps, l’un disparaissant quand l’autre se lève. De cette manière on dit que Orion, qui chasse désormais dans les étoiles, prend la fuite aussitôt que Skorpios se montre…
Il existe un second histoire impliquant Skorpios après son ascension, là encore dans un rôle mineur. Elle concerne Phaéton, fils mortel du dieu Hélios et de l’Océanide Clymène, lorsqu’il déroba le char solaire de son père. Incapable de contrôler le véhicule, le demi-dieu perdit le contrôle et s’éleva bien trop haut, privant alors le monde de la chaleur du soleil. Égaré dans les étoiles, il se retrouva nez-à-nez avec Skorpios, ici présenté comme belliqueux avec sa queue levée et prête à frapper cet intrus. Paniqué, Phaéton ramena précipitamment l’attelage vers la Terre, se retrouvant cette fois bien trop près du sol et brûlant accidentellement toute la végétation d’un territoire. C’est ainsi que l’Afrique fut transformé en une région désertique et que la peau des peuples d’Éthiopie devint noir. Une anecdote évidemment difficilement conciliable avec les croyances africaines.
Du scorpion géant, il n’y a pas grand chose d’autre à raconter si ce n’est que les romains le renommèrent Scorpio. Il faut cependant noter un fait intéressant concernant sa place dans le zodiaque, puisque la créature (sans doute en raison de sa taille gigantesque) englobe en réalité deux constellations: celle du Scorpion, qui forme son corps, et celle de la Balance, qui représente ses pinces ! Pas étonnant qu’Orion, pourtant géant, continue de le craindre.
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