Doctor Who
Ep. 7.12
Nightmare in Silver
Marquant l’entrée en scène de Neil Gaiman dans l’univers de Doctor Who, l’épisode The Doctor’s Wife avait été une heureuse surprise et un des meilleurs épisodes de sa saison, doté d’un concept fort et d’une bonne écriture. La présence du Maître des Rêves au sein de l’équipe créative de cette series 7 semblait un atout de poids, suscitant peut-être encore plus d’attente encore que la dernière fois. Car après le foutoir engendré par les producteurs, souhaitant une série télé plus accessible pour le public US avec la mise en place de BBC America et ordonnant de modifier la structure de la série (plus de loners, moins de fil rouge “compliqué” comme River Song), Doctor Who semble perdre un peu de son public. Celui-ci lui reproche de devenir trop banal, pas assez merveilleux, et il est vrai que la qualité s’est un peu dégradée avec plusieurs épisodes sans grandes ambitions cette saison. Hélas, bien que restant très distrayant et blindé d’idées, Nightmare in Silver est équivalent à ses prédécesseurs. Il n’a rien de spécial et se déroule de manière on ne peut plus conventionnelle. Il aurait peut-être fallu offrir à Gaiman un double épisode, afin de développer autant que possible son potentiel, mais en l’état ce n’était pas possible. Du coup l’intrigue est compressée de manière visible et j’aurai presque préféré explorer la backstory de l’intrigue plutôt que le présent récit.
Celui-ci reprend les Cybermen, non pas la version du monde parallèle que l’on retrouve fréquemment avec le revival de la série, mais ceux des épisodes Classics. De nombreuses années se sont écoulées depuis la Cyber War, la guerre entre l’Humanité et la conscience collective des Cybermen, et nous découvrons qu’il aura fallu qu’une galaxie entière soit détruite pour faire disparaître la menace ! Il faut dire que les cyborgs sont devenu un peu plus dangereux avec la possibilité d’obtenir des upgrades régulièrement, les rendant invulnérables à n’importe quelle attaque… Mais ils ont disparus il y a bien longtemps maintenant et les seuls spécimens que l’on peut trouver sont des coquilles vides, exposées dans une planète-parc d’attraction. C’est justement là que se rend le Docteur, afin d’amuser les deux gamins que Clara lui a collé dans les pattes. Ces derniers vont être bien déçus en découvrant que l’endroit a été abandonné depuis la guerre, n’étant plus habité que par une petite escouade de soldats en surveillance. Évidemment ça n’en est pas fini des Cybermen ! Ils attendent patiemment le moment pour être réactivés, déployant secrètement des robots miniatures à travers la planète. Et lorsque ces Cybermites découvrent de la technologie compatible grâce aux compagnons du Docteur, ils lancent une nouvelle upgrade…
D’emblée on remarque que les Cybermen sont devenus un équivalent des Borgs de Star Trek, une autre ruche technologique qui assimile les formes de vie pour s’étendre à l’infini. Neil Gaiman en reprend notamment la capacité de se protéger des attaques en s’adaptant, mais il va aussi jusqu’à leur voler leur design lorsque quelques humains sont convertis ! Ce qui autrefois nécessitait de se faire transplanter le cerveau dans un corps de métal est maintenant simplifié avec ces implants cybernétiques sur le côté du visage… Ceci est peut-être logique dans le contexte, entre l’évolution technologique et les besoins de la guerre, mais ces similarités sont un peu trop visibles pour ne pas être dérangeantes. Elles sautent d’autant plus aux yeux que le comic-book Assimilation², crossover entre les deux séries où les Cybermen et les Borgs forgent une alliance, a été publié il y a peu de temps encore.
Au moins Gaiman sait tirer parti d’un tel concept puisqu’il s’amuse à convertir non pas seulement quelques innocents, mais surtout le Docteur, qui se retrouve à devoir lutter mentalement pour ne pas être absorbé par la cyber-conscience. L’occasion de nous offrir une belle joute verbale entre Matt Smith et lui-même, qui s’en donne à cœur joie. Notre Timelord va alors défier son doppelgänger à une partie d’échec (référence à un automate célèbre de notre Histoire) afin de protéger les enfants, tout en cherchant une manière de se soustraire à son emprise mentale. Car l’entité découvre plusieurs secrets en fouillant dans sa tête, dont certains nous seront probablement révélés la semaine prochaine lors du season finale. Encore une fois l’épisode joue sur l’approche du 50ème anniversaire et nous offres quelques références aux Docteurs passés, entre les visages et les répliques (Allons-y !). Une thématique récurrente cette saison, et ça fonctionne toujours aussi bien.
Clara, de son côté, semble ENFIN avoir quelque chose à faire. Car si beaucoup de spectateurs semblent trouver la nouvelle compagne plus adapté au Docteur qu’Amelia Pond (vraiment ?), il faut remarquer que son rôle est généralement passif dans la plupart des histoires où elle se trouve. En réalité, elle n’a même jamais rien fait de vraiment important depuis sa seconde introduction dans The Snowmen. Ici au moins, elle prend le commandement du régiment de soldats, tient tête à un troufion qui souhaite faire exploser la planète et va jusqu’à prendre les armes pour se défendre. La jeune femme fait preuve d’esprit et d’autorité, s’amusant probablement de la situation avant de s’impliquer pour de bon quand les choses tournent mal. Cela fait beaucoup de bien de voir Clara être autre chose qu’une grande gueule, et pour une fois cela laisse entrevoir ce qu’il y a d’intéressant avec le personnage.
En contrepartie il faut s’infliger les sales mômes qui se sont incrustés sans véritable raison dans l’aventure. Des protagonistes inutiles dont je ne comprends pas tellement l’intérêt puisqu’il disparaissent finalement bien vite en seconde partie d’épisode. Aucune scène ne nous montre le Docteur réagir face à leur arrivée (preuve que le script fut réécrit pour les transposer ?) et ils ne semblent pas non plus revenir dans le prochain épisode. Peut-être s’agissait-il d’une demande des producteurs pour cette saison… Comme je le pressentais la dernière fois, la petite Angie se comporte comme une véritable peste et aurait sincèrement mérité d’être mise en pièce par les Cybermen ! C’est bien simple, elle se plaint de tout, tout le temps ! Ce genre de caractérisation est non seulement néfaste (le personnage suscite le rejet immédiat) mais surtout beaucoup trop facile. Et j’ai sincèrement du mal à croire que Neil Gaiman ait pu écrire le personnage de cette manière.
Heureusement pour compenser il y a Warwick Davis en costume Steampunk, un nouveau design plutôt sympa pour les Cybermen, une référence à Charlie et la Chocolaterie et même une salle d’exposition où l’on retrouve divers objets provenant des quatre coins de l’univers. Certes il y a un peu de recyclage au niveau matos (un Ultramancer !), mais ça fait toujours son petit effet chez moi. Dommage qu’il faille cependant sacrifier cette superbe planète d’attraction qui, même en ruine, aurait pu offrir son lot de bonnes idées. On n’en voit quasiment rien si ce n’est quelques matte paintings et une joli carte. Les allergiques aux Deus Ex Machina en forme de Sonic Screwdriver rouleront des yeux, et il est vrai qu’a force cela devient lassant, mais comme je le disais ce Nightmare in Silver est d’une facture très classique.
Notons enfin ce moment improbable où la vélocité d’un Cyberman nous est représentée en bullet time, mais j’ignore s’il faut considérer ça comme complètement stupide ou carrément génial !
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