Donc Jasra te suis en silence, accepte avec surprise et méfiance ta tasse de thé (vieille parano de Sang Réel, c’est rien) puis bois tes paroles plus que sa boisson. A tes derniers mots elle te fixe un long moment sans rien dire, complètement raide.
“S’il s’agit d’un sarcasme, Pern, le moment est mal choisi.”
Tu la sens troublée et incapable de savoir si tu te contentais de bien lui faire sentir les choses ou si tu lui proposais réellement d’explorer tout ça un peu plus en profondeur. De toute évidence elle semble sincèrement s’intéresser à cette histoire. Elle s’installe plus confortablement dans le fauteuil et sirote son thé d’un air pensif.
“Black, hmm ? J’ai toujours cru qu’il ne s’agissait que d’un ami imaginaire qu’elle s’était inventée étant petite… Elle se référait à ce personnage des fois, peu avant que je ne décide de l’envoyer sur Ombre pour la former. Elle en parlait comme d’un être qui intervenait dans ses rêves, ses cauchemars plutôt. C’était assez agaçant: il s’agissait à la fois du monstre sous le lit de sa chambre, de l’origine du bruit dans le noir et d’à peu près toutes ses peurs enfantines idiotes, mais également de sa façon d’agir pour se défendre. Chaque fois qu’elle cassait quelque chose, qu’elle faisait une bêtise, et bien… elle accusait ce fantôme avec une conviction assez déconcertante. Je prenais ça comme une simple excuse pour se dérober mais… je dois bien avouer qu’une fois ou deux j’ai bien failli croire qu’il y avait quelqu’un vivant caché dans les murs de notre maison…”
Pensive, elle te regarde longuement avant de reprendre.
“Si je suis venu te voir, ce n’est pas par « responsabilité ». Je ne me sens pas l’obligation de réagir face à ses histoires dans l’idée de me faire bien voir. Tu me connais et tu sais que je suis au-dessus de ça. La raison pour laquelle je venais te voir c’était… Parce que tu es la seule personne qui peux me donner de ses nouvelles. Sans me mentir. Finalement il m’est beaucoup plus facile de venir te voir toi plutôt qu’elle directement. A la vérité je sais parfaitement comment réagir en ta présence. Tout comme je suppose que tu sais comment te prévenir de mes réactions. Nous sommes adversaires, Pern. Et je ne crois pas que cela puisse être autrement. Mais cependant je dois bien te reconnaître certaines qualités, et c’est pour ça que je suis ici en personne. Quant à Natasha… C’est une inconnue. Plus que cela. Un inconnu ne me ferait pas hésiter comme ça. Ni me m’obsèderait à ce point.”
Son regard se fait un peu plus sévère.
“Et je t’en prie épargne moi le couplet sur le lien maternelle. Je sais parfaitement quel genre de mère je suis et quelles ont été mes actes. Ne va pas croire que je regrette quelque chose, je me sens simplement concernée car j’ai horreur de ne pas savoir les choses avant tout le monde en ce qui concerne mes propres enfants, voilà tout.”
Ce refus de dire ce qu’elle pense concrètement te rappelle énormément Natasha et sa façon de rejeter les choses en bloc dès que tu la questionnais sur son état de santé ou ses peurs. Tu ressens a peu près le même genre de crainte de son confier pleinement. Pas de doute là dessus, elles sont bien mère et fille.
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