Monsters (1.10) – Pillow Talk (1988)

ROAD TO HALLOWEEN V

 

 

Monsters

Pillow Talk

(1988)

 

The Master remembers the dinosaurs and the ice age. And hairy little monkeys
coming down
out of the tree and inventing fire. And the sinking of Atlantis.

 

 

Avant que vous ne demandiez, oui, pillow talk est l’équivalent anglais de notre conversation sur l’oreiller, et oui cela à la même implication. Choisir ce terme en guise de titre sous-entend que l’intrigue tourne autour d’un grand lit, et comme le show s’intitule Monsters on en conviendra que celui-ci sera le monstre de l’épisode. Mais si vous pensez que ce tout ceci est prévisible détrompez-vous ! Car hormis une introduction présentant effectivement un gros lit carnivore dévorant celle qui s’est naïvement allongée dedans, l’histoire va prendre une direction différente pour faire écho au travail de H.P. Lovecraft et de ses Grands Anciens. Une idée ambitieuse que l’on doit au scénariste David Odell, qui n’est autre que l’homme qui a écrit Dark Crystal ! Bon d’un autre côté il a également écrit Les Maîtres de l’Univers et Supergirl, du coup cela risque de faire douter de ses talents, mais heureusement il est ici totalement libre de faire ce qu’il veut et ne doit pas respecter une franchise codifiée pour une grande compagnie de Hollywood.
Malheureusement si son point de départ est franchement intéressant, Monsters n’était peut-être pas le meilleur moyen de le mettre en scène pour cause de petit budget ; d’autant que la personne choisie pour diriger le tournage est un novice inexpérimenté qui n’a jamais rien fait d’autre avant, et fera jamais rien non plus après !

 

 

Reste heureusement le concept, qui demeure passionnant, et la créature qui sort effectivement tout droit d’un cauchemar. C’est peu mais amplement suffisant pour tenir vingt petites minutes, surtout si la géniale Mary Woronov ajoute une touche d’humour pour dynamiser un peu tout ça ! Visez plutôt: Miles Magnus est votre habituel clone de Stephen King, un célèbre romancier spécialisé dans l’Horreur et l’un des best-sellers de son temps. Il passionne ses lecteurs avec des titres comme Eat My Brains Out, Curse of the Mutilated, Death Tongue, Scream of the Tortured ou encore I Drink Your Skin, qui est peut-être (ou peut-être pas) une référence au double feature I Eat Your Skin et I Drink Your Blood. Quand débute l’action, il ramène chez lui jolie fan très excitée à l’idée de passer la soirée avec lui. Charmée par les doux mots de l’écrivain, elle s’apprête à lui faire l’amour et se glisse dans son gigantesque lit – une couche qui occupe la majeure partie de la pièce où il se trouve et nécessite même de monter quelques marches pour l’atteindre, comme s’il s’agissait d’une sorte d’autel. Magnus s’en amuse d’ailleurs et cite Marcel Proust, qui apparemment écrivait ses textes en s’installant sur son matelas…
Mais voilà, aussitôt la belle sur le matelas, quelque chose cloche: une de ses mains trouve un trou gluant qui va s’agrandir de plus en plus en une bouche géante, tandis que des tentacules vont l’attirer dans l’orifice où elle sera dévorée…

 

 

Oui, la chose est vivante et se nourrit d’êtres humains, Magnus se chargeant de lui amener ses proies. En échange, elle lui projette des histoires incroyables dont elle a été témoin tout au long de son existence, qu’il n’a plus qu’à réécrire sous forme de livre pour connaitre le succès, façon L’Antre de la Folie. Mais le romancier n’est pas libre de ses choix pour autant et fait part de ses  tourments dans un journal secret: il est psychologiquement lié à la bête, se sentant incapable de la laisser seul. Il avoue avoir essayé de fuir pour retourner vers elle à chaque fois, et les actes odieux qu’il doit commettre ne lui font pas plaisir. Il est l’esclave de celui qu’il appelle le Maître, dernier survivant d’une race ancienne pré-datant toutes formes de vie sur la planète. Et c’est à travers ses rêves qu’il communique avec son servant, lui expliquant qu’il a connu les dinosaures et l’ère glaciaire, qu’il fut témoin de l’évolution humaine et même de la chute de l’Atlantide !
Son espèce, les Old Greats, a fini par mourir avec le temps, et c’est dans une vieille maison abandonnée que Magnus a fini par le découvrir ; sans doute son dernier repaire où il se servait déjà de l’humanité pour assurer sa propre survie. Et entendre l’écrivain parler de sa relation avec lui est comme écouter le témoignage d’une femme battue qui réalise dans quelle enfer elle vit tout en prenant la défense de son homme face aux autres !

 

 

Car débarque Viki, la nouvelle proie du romancier qui bien vite apparait ne pas du tout être intéressée par une soirée romantique. Fan comme les autres, elle se montre obsédée par la bibliographie de son hôte, le bombardant de questions sur ses idées et son travail. Si elle est attirée par lui ce n’est pas sexuellement mais parce qu’il y a quelque chose d’étrange qui émane de lui, le rendant différent des autres. S’il feint l’ignorance, Magnus se retrouve prit la main dans le sac lorsqu’elle découvre son journal privé, qu’il tente de faire passer pour un manuscrit en cours. Peine perdue: la lectrice détecte de la vérité dans ses mots et prend la fuite pour voler son texte !
Le reste de l’épisode va montrer la confrontation entre les deux personnages, l’un soucieux de protéger son secret et l’autre essayant d’atteindre l’artiste maudit. Mais les deux vont se jouer l’un de l’autre: lui faisant semblant de se laisser charmer pour mieux la ramener chez lui, l’autre pour le libérer de l’emprise de la créature pour de mystérieuses raisons. Le spectateur d’aujourd’hui pourra facilement lire entre les lignes, surtout lorsqu’elle laisse entendre que le Maître est peut-être un menteur et qu’il pourrait exister d’autres Old Greats dans le monde. Même le héros sera prit d’un doute et ira vérifier le lit de cette dame, juste au cas où ! Une forme d’humour tout en retenue, peut-être a attribuer à une réalisation hasardeuse et tâtonnante.

 

 

Car voilà le vrai soucis de cet épisode: les acteurs font ce qu’ils peuvent mais sonnent parfois faux car n’étant probablement pas dirigé correctement. La chute finale, par exemple, s’éternise alors qu’elle n’aurait dû faire que quelques secondes pour avoir plus d’impact. A moins peut-être que le cinéaste n’est un fétiche pour le Vore, ce qui expliquerait pourquoi il s’attarde longuement sur ces scènes où quelqu’un est englouti par une bouche monstrueuse. Pas de gore évidemment, mais ce n’est même pas nécessaire tant le Maître est répugnant en tant que tel: simple gueule géante située au beau milieu d’un grand matelas, il bouge le couvre-lit comme des lèvres et révèle des dents longues et pointues qui lui donne une grosse ressemblance avec le Sarlaac du Retour du Jedi. Non pas la ridicule version en CGI des éditions spéciales, en forme de Audrey II, mais l’originale, qui n’était qu’un gros trou dans le sol gobant quiconque s’approchait trop de lui façon fourmilion.
Celui-ci régurgite les vêtements de ses victimes, tandis que Magnus s’allonge sur lui avec tendresse durant ses nuits, le faisant ronronner. Il entretient une relation trouble avec la chose, qui n’est pas sans évoquer celle de Norman Bates et de sa mère. D’ailleurs l’acteur a une certaine ressemblance avec Anthony Perkins, adoptant la même timidité maladive, la même nervosité.

 

 

Comme Bates il est mal à l’aise avec les femmes, comme Bates il répugne à l’idée du meurtre et n’est pas totalement responsable de ses actions, et comme Bates il est prisonnier de l’antre de la bête, incapable de partir car mentalement asservi. Le crime d’introduction peut rappeler la scène de la douche – c’est d’ailleurs la seule fois où la série fait preuve d’un brin d’érotisme en montrant une actrice se dévêtir, et la seconde partie avec l’intrusion de Viki est comme l’enquête qui s’ensuit dans Psychose. Mary Woronov s’y montre très sûre d’elle, envahissante et manipulatrice, totalement à l’opposée de son partenaire de scène. Elle semble toujours sous l’influence des directions de son époux Paul Bartel, et cela ne peut que jouer en la faveur de l’épisode.
Même pour Monsters, ce Pillow Talk est une curiosité, techniquement imparfait mais intéressant sans sa démarche et proposant une bestiole pour le coup plutôt originale vu l’époque. Voilà qui est toujours plus fun que Death Bed: The Bed That Eat, qui lui aussi mettait en scène un lit monstrueux capable d’avaler ceux qui se couchaient dedans. La cerise sur le gâteau vient certainement de la date originale de diffusion de l’épisode, qui fut retransmit sur les écrans… un 24 Décembre ! Étrange idée pour un étrange épisode qui a le mérite de sortir du lot et de m’avoir fait découvrir cette fantastique série qu’est Monsters.

 

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