A Tale of the Batman – Gotham by Gaslight (1989)

Cet article a été écrit pour le forum Steampunk.fr

 

Petit déterrage de topic pour parler un peu plus de cette œuvre peut-être pas vraiment Steampunk mais résolument Victorienne. L’ambiance noire et rétro est suffisamment réussie pour que nous en parlions ici…

 

 

A Tale of the Batman

Gotham by Gaslight

(1989)

 

 

Avant de parler de ce titre, je me permets de donner un brin de contexte pour situer la place de cette histoire dans l’univers de Batman. La maison d’édition auquel appartient le personnage, DC Comics, a pour habitude de placer ses personnages dans deux types de continuité: la série principale, celle qui se déroule à l’époque contemporaine et qui suit généralement le statut publiquement connu du personnage (Bruce Wayne est Batman à Gotham City, à notre époque), et des épisodes spéciaux, montrant une version alternative du héros dans un monde totalement différent (si Superman avait atterrit en Russie plutôt qu’en Amérique par exemple).

 

 

Ces épisodes hors-série sont considérés comme des aventures se déroulant dans des mondes parallèles, appelés Elseworlds (littéralement autres mondes). Datant de 1989, Gotham by Gaslight est officiellement le tout premier comic-book de ce genre et décide de plonger le Dark Knight à l’époque Victorienne (1889) pour affronter le célèbre Jack l’Éventreur. L’histoire est écrite par Brian Augustyn, qui reviendra plus tard sur le personnage, et c’est le célèbre Mike Mignola qui se charge du graphisme, à l’époque un poil moins stylisé que dans Hellboy.

 

 

Le récit reprend les bases du célèbre Batman: Year One de Frank Miller, une BD qui narrait les toutes premières aventures de Bruce Wayne en tant que Batman (si vous avez vu Batman Begins, voilà la source de base). Comme dans son modèle, nous voyons Bruce Wayne revenir à Gotham City après cinq ans d’absence durant lesquelles il s’est entrainé dans divers domaine pour donner vie à son personnage du Batman. Durant cette période, il est même devenu l’élève de Sigmund Freud lui-même, lequel est fasciné par son obsession pour les chauves-souris…

 

 

La narration suit notre héros et sa lutte contre le crime qui gangrène Gotham, utilisant les informations que son ami l’Inspecteur Gordon laisse parfois trainer. Elle s’intéresse également à Jack l’Éventreur qui, un an après les meurtres de White Chapel, vient de se réfugier dans la ville. Victime d’une obsession maladive pour une femme imaginaire qu’il projette sur celles qui croisent son chemin, il assassine sauvagement plusieurs malheureuses, faisant se télescoper sa croisade criminelle avec celle, punitive, de Batman. Autant le dire, pour les médias, les deux ne font qu’un…

 

 

Bien vite, Bruce Wayne est accusé et condamné grâce à une fausse preuve inexplicablement trouvé à son domicile, et c’est depuis sa cellule qu’il doit découvrir l’identité du véritable tueur, ne possédant que de quelques jours avant son exécution…

 

 

L’intelligence de Gotham by Gaslight est de ne pas se sacrifier au crossover inutile, avec le véritable Jack l’Éventreur contre le plus grand détective de tous les temps. Ici, le personnage possède une identité bien précise et construite sur l’origine de Batman. Sans dévoiler le dénouement, les deux personnages sont liés au sein d’une même histoire et leur confrontation va donc au-delà de la simple rencontre d’icônes. Ne vous attendez pas cependant à un combat quelconque entre les deux protagonistes puisqu’il s’agit avant tout d’une intrigue policière dans la grande tradition du genre Noir.

 

 

Ne jouant jamais la surenchère, préférant installer une atmosphère plutôt que d’éclater les yeux du lecteur avec des mises en scènes exagérés, Gotham se suit comme un bon livre qui n’appartient qu’à lui-même, et pas comme un simple épisode de Batman. Très peu de références pour flatter le fan, même si quelques détails subsistes ici et là: le jeune Bruce Wayne est sauvé du meurtrier de ses parents par un vol de chauves-souris tombant à point nommé, Harvey Dent (le célèbre Double Face) fait une apparition lors du procès de Bruce Wayne, lequel est emprisonné dans l’Asile d’Arkham. Enfin, Jim Gordon évoque rien de moins que le Joker lors d’un cas criminelle, celui-ci étant ici un gigolo habitué à empoisonné ses victimes pour leur voler leur fortune, se retrouvant atteint d’une paralysie facile après avoir tenté de se suicider suite à son interpellation…

 

 

Captivant, simple et concis, Gotham est une œuvre efficace et bénéficiant d’un mélange homogène entre l’écriture et les traits du toujours génial Mignola. Le succès fut d’ailleurs au rendez-vous puisque encore maintenant le comic-book demeure l’un des Elseworlds les plus réputés. Je ne peux que vous le conseiller.

 

 

Par ailleurs, qui dit succès dit bien souvent séquelles, et Augustyn revisita par deux fois son univers avec une suite, Batman: Master of the Future (1991) et un anecdotique numéro de The Search for Ray Palmer (2006), une mini-série montrant plusieurs super-héros voyager à travers 52 mondes parallèles de l’univers DC. Peut-être en reparlerons-nous si vous le désirez !

 

 

TRIVIA

• Le titre, Gotham by Gaslight, est un jeu de mots sur l’expression désignant une ville “… by night”, le mot gaslight signifiant lampe à gaz.

• Il y a désormais (jusqu’ici) 52 mondes parallèles dans le multivers DC Comics. Si Earth-0 (Terre-0) correspond à la continuité principale, l’univers de Gotham est désigné Earth-19.

• S’il est le tout premier Elseworlds publié par DC Comics, Gotham ne portait pas cette mention lors de sa première publication puisque celle-ci n’était pas encore inventé ! Les rééditions du comic-book ont ensuite rectifiées ce détail.

 

PS. J’ai trouvé ça imprimé dans la page de garde. Je sais pas si c’est sérieux mais ça m’a bien fait marré !

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