14 ans – Still Unbroken

 

Il y a un an jour pour jour, je me lançais dans un long texte pour fêter en quelque sorte l’anniversaire de L’Imaginarium. Pas simplement le blog, mais toute cette “zone” de chroniques et de retour sur mes visions de films, mes lectures et mes avis variés sur des sujets touchant à l’Imaginaire en général.
L’écriture, totalement improvisée, avait fortement déviée du sujet de base que j’avais choisi et je m’étais retrouver à parler de tout et de rien sans structure précise (un équivalent de mon schéma de pensé au quotidien vraisemblablement), au point que je m’étais promis que pour l’anniversaire suivant, je reviendrai là-dessus. J’avais des idées, des histoires à partager, la vie d’un Bisseux depuis sa jeunesse ignorante jusqu’au présent, fêtant plus d’une décennie d’articles.
Cela fait plusieurs mois que je me prépare, que je cherche mes mots et que je me lance dans une rédaction à l’avance, histoire d’être prêt pour le jour J. Et résultat ? Exactement comme l’an dernier, me voici à partir de zéro sans avoir la moindre idée de quoi je vais parler ! Car après tout, quelle importance ? Qui s’en soucie ? Personne, même pas moi.

Certains l’aurons remarqués, on ne peut pas dire que cette 14ème année soit particulièrement prolifique en terme de chroniques, de récits ou d’illustrations. C’était prévu pourtant, avec une incroyable liste de choses à faire, de saga à passer en revue et de nouveaux formats à tester. D’ailleurs, pour ceux qui se souviennent sa mention l’an dernier, le texte sur Cobra n’est toujours pas terminé !
Il faut dire que cette année marque un tournant particulier. C’est une année de merde 2016, et on l’a tous pensé dès lors que les morts se sont alignés par dizaines. La fin d’une époque peut-être, tant les “vieux de la vieille” tombent comme des mouches ou mettent un terme à leur carrière de façon involontaire, nous donnant l’impression qu’on se retrouve dans une nouvelle ère.
Difficile d’être motivé dans des cas pareils (d’autres, plus intelligents que moi, vous diront qu’au contraire c’est le meilleur moment pour écrire en long en large et en travers sur tout ça, avant que ça ne disparaisse pour de bon), et c’est vrai que je passe beaucoup plus mon temps à retrouver et publier d’anciens articles plutôt que de trouver l’inspiration pour en faire de nouveaux.

 

 

En vérité, toutes mes ambitions ont été balayées d’un revers de main par “le destin”. Cette putain de Faucheuse a bien failli passer par ici pour réclamer l’un des miens, et si les évènements ne sont pas aussi tragique, nous ne nous en sommes pas encore remis. Courant Mars, mon père est terrassé par un AVC en début de mâtiné, manquant de s’envoyer dans le décors avec sa voiture. La crise est grave, mais les secours heureusement proches et rapides. Les heures qui suivent sont un calvaire difficilement explicable et seuls ceux qui ont connu ce long moment d’incertitude quant à leur avenir pourront comprendre. Le médecin se montre peu rassurant, la situation est critique et ne penche pas du tout en notre faveur. J’abrège: une opération crânienne, un mois de coma et quelques séquelles plus tard, nous commençons à respirer. Je commence à respirer.
Les choses ne sont pas terminées, l’inquiétude est toujours là et comprenez bien que durant tout ce temps, jusqu’à encore maintenant, il m’était tout simplement impossible d’écrire.

Pendant plus d’un mois je me suis totalement replié sur moi-même, m’occupant de ma mère, de ma nouvelle affectation professionnelle et ne sachant plus vraiment à qui parler. Et lorsque la Vie prend un tournant pareil, plus rien n’a de sens. Certainement pas L’Imaginarium qui était le cadet de mes soucis, pour la première fois en 14 ans. Il ne fut même pas question d’un abandon, pour la simple et bonne raison que je n’en avais absolument plus rien à foutre sur le moment. Le blog pouvait disparaitre du jour au lendemain ou prendre la poussière virtuelle sur un coin du Net, cela n’avait pas la moindre importance pour moi. Ce n’est que plus tard que j’ai continué à y faire un saut, afin de ne pas penser. D’avoir, quoiqu’il arrive, quelques instants de répit émotionnelle où je pourrai m’évader de la réalité au sens propre. Auparavant j’avais toujours considéré cet endroit comme servant à cela, mais jamais à ce point là. En un mot comme un cent, alors même qu’il n’avait plus la moindre importance, le moindre intérêt pour moi, L’Imaginarium faisait son boulot comme jamais.

 

 

Autant dire qu’il fut très étrange de m’y retrouver, jour après jour, avec l’amélioration de l’état de santé de mon père et les soucis du travail en moins. Un peu comme lorsque Romero expliquait que le zombie retourne dans un lieu qui avait beaucoup d’importance pour lui autrefois, et ça alors qu’il n’a désormais plus aucune conscience. Je zonais sur le blog et continuais de le construire en restaurant et publiant d’anciennes archives n’intéressant personne.
Encore plus étrange d’y repenser maintenant, alors que je souffle les 14 bougies et que ma vie a retrouvé un rythme normal malgré quelques difficultés encore présentes. En coupant les ponds sur plusieurs mois, j’ai raté beaucoup de choses concernant les autres Bisseux, leurs publications, leurs histoires. Et si maintenant j’ai envie de rattraper tout ça, fut un moment où je n’en avais strictement rien à faire. Et avec cet état d’esprit venait l’impression que le blog, L’Imaginarium, était mort. En sursis peut-être, juste le temps de surmonter l’épreuve, mais qu’il ne survivrait pas à cet énorme tournant dans ma vie.

 

 

Je pourrai euthanasier la bête maintenant, encore qu’il me faudrait sans doute patienter jusqu’au festival du Bloody Week-End, ne serait-ce que pour en faire un compte-rendu. Par politesse, pour avoir un mot pour ces personnes qui durant l’année précédente ont partagés du temps et des paroles avec moi. Car je ne me vois toujours pas écrire des chroniques, malgré la liste présente à côté de moi, avec les mots “urgents” en rouge. Et pourtant, allez comprendre, je continue de le faire grossir en rajoutant dessins, fragments de fictions inachevées et vieilles previews stupides, comme si je voulais lui garder une certaine existence.
Le paradoxe est là: je ne pense même plus à l’écriture, aux films, aux livres, aux chroniques, à l’exploration des genres Horreur, Fantastiques, Science-Fiction, Action, Fantasy, et pourtant j’y patauge encore. Je suppose que le blog va s’arrêter, tout comme ma relation aux autres, pour me recentrer sur moi-même et ma famille, et pourtant je me souviens encore de la “signification” de la date du 15 mai. Et alors que je veux écrire un petit quelque chose pour l’anniversaire (marrez-vous: je voulais en venir aux années de ma jeunesse, l’avant Imaginarium, comme l’année dernière, et encore une fois je parle de tout à fait autre chose !) et pourtant je ne prépare rien et me retrouve à improviser totalement !

Dans ces conditions, il est évidemment difficile de savoir si cela va durer. Que va t-il se passer, par exemple, lorsque je n’aurai plus aucune archive à transférer ? J’ai encore de la marge, mais tôt ou tard j’en verrai le bout. Me contenterai-je d’un nouvel article une fois tous les six mois, alors qu’il est déjà si dur pour un blog d’exister même avec des mises à jour quotidiennes, face aux bulldozers de la compétition ? Je ne sais pas.
A chaque fois je me retrouve partager entre “cela ne suscite aucune réaction, quelle importance” et “de toute façon tu le fais pour toi, si tu ne t’ai jamais arrêté sur 14 ans, tu ne t’arrêteras jamais”.
Dans l’immédiat cependant, il est toujours là. “Still Alone, Still Alive, Still Unbroken” comme dirait Lynyrd Skynyrd, qui sait très bien de quoi il parle.
JE suis toujours là aussi et j’ai bon espoir de renouer contact avec tout le monde à partir de cette fin du mois. Reprendre, malgré tout.

 

 

Je regrette presque de ne coucher ces mots que tard dans la soirée, ne me laissant plus beaucoup de temps pour écrire dans les délais. A l’origine je voulais ignorer tout ça et conter comment l’affiche du Cauchemar de Freddy m’avait marqué étant jeune, comment je tenais un petit carnet durant toute mon école primaire où je dessinais secrètement des monstres en cours de récré (Dracula était pote avec le monstre de Frankenstein et Freddy possédait des griffes sur chaque main – la faute à Melki !). Je voulais parler de innombrables crimes du Dentiste Fou, tueur sanguinaire inventé sur les bancs de l’école et dont nous n’arrêtions pas décrire les meurtres, entre mâchoires défoncées à la petite roulette et corps jetés dans une fosse à sangsues. L’histoire de Macamord (ou Macamort, je n’ai jamais décidé), dangereux singe s’échappant de son zoo par une nuit d’orage, après avoir massacré ses congénères, pour mieux poursuivre le gardien de nuit des lieux.
L’explosion mentale que m’aura provoqué l’affiche de Tremors en 1990, alors que je n’avais que 6 ans, et la découverte des comics Marvel un an plus tard, où j’idolâtrais Spider-Man plus que tout et qui mêlaient mythologie, science-fiction, monstres géants et créatures de films d’horreur avec une logique qui me semblait imparable. Découverte encore: les romans horrifiques, notamment avec Stephen King et ses incroyables illustrations de couverture en plusieurs volumes: Ça, Le Fléau, Minuit 2 et 4, autant d’images qui ne s’effaceront jamais…

J’aurai expliqué comment j’errais dans les vidéoclubs, étant trop jeune pour encore savoir lire, à la recherche du rayon Horreur dont je dévorais les affiches des yeux. J’y prenais connaissance de Freddy, Jason, Myers, Pinhead et Chucky. Plus tard j’étais sidéré de voir de nouveaux volets apparaître, comme Maniac Cop 3 ou Jason va en Enfer. Et je croyais que Re-Animator Hospital était le troisième volet des aventures d’Herbert West…
L’arrivée du Neo-Slasher alors que je découvrais Romero, le début de ma collection de films qui m’obligeait à récupérer toutes les VHS enregistrables de mes parents (et ils gueulaient, car ce n’était pas donné) et à créer des étiquettes façon Halloween / train fantôme pour être sûr qu’on ne me les piqueraient pas. Mes premiers Fanzines, avec Le Siècle Pleure Au-Dessus de la Crypte. Autant de souvenirs que je pensais encore vous raconter il y a quelques minutes avant de diverger.
Tant pis. Quelle importance ? L’Imaginarium est encore là et il grandit encore jours après jours, grâce à tout un tas de petits trucs qui ne parleront à personne sauf à moi.

 

 

Souhaitons-lui de tenir encore longtemps – j’y travaille comme je peux – et peut-être que cette fois, aux quinze ans, vous aurez droit à cet historique farfelu. Positivons: je commence même à chercher de quoi je vais pouvoir parler pour les 15 ans ! Comme quoi, peut-être y a t-il un peu d’espoir.

PS. Je viens de me rappeler que je voulais acheter un gâteau pour l’occasion tiens. Et même vous parler de cette année anniversaire qui va également marquer les 10 balaies de l’abominable Dr. Poulet ! Quelle occasion ratée…

 

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