Kamisama, la Mélodie du Vent

 

Kamisama, la Mélodie du Vent est un manga atypique, recueil de trois petites histoires à l’origine sorties sur CD-Rom, évoluant dans un univers imaginaire aux accents oniriques, aux portes de l’enfance.

Nous y découvrirons donc Alice, Dans le Ventre d’un Chat, petite histoire à l’humour quasi non-sensique comme l’affectionnent généralement les japonais (on y croise un chien qui parle, un chat géant et un animal à la forme d’arbuste). Très amusant, mais il ne faut surtout pas y chercher un sens ou une intrigue.
Passé cette mise en bouche qui fait office de prologue (ce conte est graphiquement un peu éloignée des deux autres), Kamisama semble se révéler en déployant pleinement son univers avec deux autres histoires qui se retrouvent quelque peu liées l’une à l’autre, tant graphiquement qu’en narration.
Ainsi le Chat-Pluie présente l’aventure d’une gamine ayant le don de communiquer avec les esprits de la Nature et se retrouvant perdue dans un Hazama, un endroit se situant entre le monde des vivants et celui des morts. Elle converse alors avec un esprit-chat qui va la guider pour sortir de ce lieu où les Esprits mangent les humains.
Enfin Shimashima, peut-être la meilleure du lot, nous montre l’amour d’un chat pour une petite fille malade, désirant plus que tout la sauver. Un récit plus sérieux que les autres puisque ajoutant un brin de mélancolie et se terminant par un point d’interrogation.

 

 

Trois petits contes avant tout destinés à un jeune public mais pouvant être reçu sans gêne par un lectorat plus âgé. Avec Kamisama, l’auteur Keisuke Kotobuki livre une œuvre légère et rafraîchissante, s’évadant un peu des carcans du genre. En effet, le mangaka ne travaille ici pas au noir et blanc mais en couleur, et surtout fait preuve d’une déstructuration de la pagination habituelle: les illustrations n’ont plus de cases (cela permettant d’appuyer sur le côté onirique) et sont mises en page d’une manière proche à la bande-dessinée occidentale.
Ce travail sur le support correspond parfaitement à celui fourni sur les histoires. Il en résulte une impression de poésie et d’évasion totale. Ainsi la douceur des couleurs, les graphismes agréables et la réalisation particulière de l’œuvre se réunissent pour donner vie à l’univers de Kamisama.

 

 

Petites filles mignonnes comme tout et chats magiques, voilà les éléments les plus insistants de cet univers fonctionnant avant tout sur le folklore japonais (esprits, monde des morts, pierres magiques) et le bestiaire typé manga (chien parlant et marchant sur deux pattes, créature-arbre avec des jambes, monstres géants). L’accent semble d’ailleurs mis sur la relation entre ces deux types de personnages: moyen de transport, guide, puis sauveur, le félin est ici représenté comme une créature particulière mais n’hésitant pas à aider les petites filles innocentes. Cela permet de visiter différents types de situations a laquelle peut être confronté l’enfant: rire, amitié, mais aussi amertume. En tant qu’œuvre pour la Jeunesse, Kamisama est ainsi parfaitement calibré.

Le plus étonnant reste le soin apporté à l’édition française puisque l’auteur lui-même a veillé à remanier son œuvre pour le public français, déplaçant les cases pour ne pas dénaturer ses dessins et remaniant les bulles afin de les adapter au lettrage européen. A cela, l’éditeur Ki-oon rajoute une édition cartonnée, brochée et au rendu d’impression des couleurs tout à fait remarquable qui fait de Kamisama, la Mélodie du Vent un très bel objet.

Kamisama, la Mélodie du Vent (Japon, 2006)
Kamisama, de Keisuke Kotobuki

 

   

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