L’ENCYCLOPÉDIE DES MONSTRES
• L’Ogre de la Villa Trifiri •
I. THE LEGEND
On ne sait finalement que peu de choses sur les ogres, ces créatures mythologiques peuplant les contes de fées. Nous les connaissons cruels et dotés d’un grand appétit pour la chair fraiche et humaine, mais ce que l’on ignore c’est leur énorme penchant pour les orchidées. Comparable à un aphrodisiaque pour eux, ces fleurs les attirent par leur parfum qu’ils sont capable de sentir à plusieurs kilomètres de distance. Une odeur qui les rend extatiques. En Italie, une vieille légende raconte même que les ogres s’accouplent avec des femmes portant l’odeur des orchidées…
Ce mythe se vérifie avec les évènements ayant secoués la Villa Trifiri, en Italie. Située quelque part dans la région centrale du pays (L’Ombrie ou plus vraisemblablement le Latium, le tournage s’étant déroulé dans le célèbre Château d’Arsoli, déjà utilisé pour d’autres films), le manoir est en fait un antique château construit près des bois, à l’écart d’un petit village. Ses origines sont inconnues et sans importances. On sait juste qu’à une époque (probablement les années 60), un homme y est venu y faire pousser des orchidées dans une serre. C’est un artiste-peintre, Dario, qui le prévint du danger imminent, mais bien sûr l’homme ne cru pas à la légende.
Bien vite un ogre investit la demeure, tuant le jardinier. Sa famille, dont sa jeune fille Anna qui possède quelques dons paranormaux qui lui vaudront l’appellation de “sorcière” par la suite, fuit les lieues pour se réinstaller au village, refusant cependant d’accepter la vérité pour ce qu’elle est. Seul Dario en ressortira vraiment traumatisé, gardant une cicatrice à la tête. Tous les villageois auront vent de cette affaire et très rares seront ceux qui oseront s’approcher de la villa par la suite, laquelle restera abandonné pendant des années.
Anna va grandir en étudiant la parapsychologie, sans pour autant accorder le moindre crédit à l’histoire de l’ogre, tandis que Dario deviendra le fou du village encore obsédé par ces évènements, reproduisant sans cesse l’image de la créature à ses œuvres. On peut d’ailleurs noter la présence, dans la villa, d’une peinture représentant un homme gigantesque aux vêtements anciens. S’il est possible qu’il s’agisse de la simple représentation d’époque d’un des propriétaires des lieux, il pourrait également s’agir d’une production de Dario tant le sujet évoque d’emblée la créature…
II. THE WAIT
Le monstre, lui, n’a jamais quitté la villa. Caché dans la cave, il y restera pour deux décades en hibernant dans un étrange cocon. La raison en est son attirance pour une femelle humaine, une petite fille, qu’il ressentit probablement très peu de temps après son intrusion dans la villa…
A l’autre bout du monde, en effet, une enfant s’endort avec son ours en peluche et une fleur d’orchidée. Elle s’appelle Charel, habite Portland dans l’Oregon (USA) et dispose elle-aussi de dons parapsychiques (un sens “trans-sensoriel”). Son rêve la transporte littéralement à la villa, qu’elle va explorer dans sa panique. Se retrouvant dans la cave, elle va attirer l’attention de l’ogre et le réveiller. Le monstre émerge de son cocon, libérant une étrange substance verte, et va poursuivre l’enfant afin d’assouvir ses besoins sexuels.
Charel s’en sortira de justesse, probablement parce qu’elle ne contrôle pas ses pouvoirs. Elle se réveille dans son lit, sa mère à ses côtés, et tout laisse à penser qu’elle n’a fait qu’un cauchemar. Mais elle ne retrouvera jamais sa peluche, perdue dans la cave, et ce souvenir va inconsciemment la poursuivre tout au long de sa vie: elle deviendra une écrivain spécialisée dans les histoires d’horreur, lue par six millions de lecteurs. Une vocation inspirée inconsciemment de cet événement, de la même manière que son aversion pour les orchidées. L’ogre, lui, va attendre la prochaine occasion pour s’emparer de sa proie et entre de nouveau en hibernation, fabriquant un nouveau cocon dans la cave. Il est permis de se questionner sur cette décision, rien ne semblant assurer que Charel retourne un jour au manoir, mais peut-être peut-on mettre cela sur le compte de quelques pouvoirs psychiques qui lieraient le prédateur à l’objet de son désir…
Il faut toutefois noter qu’il fera quelques autres victimes, cachant les corps dans un bassin de la cave, lequel est remplis du même liquide vert que celui composant son cocon…
III. THE RETURN
Vingt deux ans plus tard, Charel est désormais une femme mariée et mère d’un petit garçon de neuf ans. Séjournant depuis quelques temps en Italie, ce qui peut difficilement être perçu comme un simple hasard, la famille va louer une villa pour les vacances. Il s’agit bien sûr de la Villa Trifiri, qui jusque là ne semble pas évoquer le moindre souvenir à la romancière. Les villageois, eux, vont mal réagir à l’évocation des lieux et déclarer ne pas les connaître, contraignant la famille à chercher l’endroit par elle-même…
C’est à son arrivée que Charel va pressentir le danger imminent sans vraiment le réaliser, revivant dès sa première nuit le même cauchemar qu’autrefois. Ses pouvoirs se mettent en éveille et la guident vers la vérité en lui montrant des signes: découverte d’une paire de bottes représentant celles de Sept Lieues, d’une collection de dents de lait,de fleurs séchées, et plus inquiétant: la trace d’une main monstrueuse sur une fenêtre. Autant d’éléments symbolisant la présence de l’ogre dans la villa. Toutes ces images, ces sentiments, vont servir à l’écrivain pour écrire son nouveau livre: A Drawer Full of Teeth (littéralement “un tiroir plein de dents”, inspiré de sa récente découverte), a travers lequel elle va retranscrire ses émotions profondes. En raison de son don particulier, sa fiction va refléter les évènements se déroulant réellement dans la villa…
C’est en visitant la cave par hasard qu’elle va plonger en plein cauchemar, retrouvant son ours en peluche d’époque et découvrant le premier cocon de l’ogre, encore suintant de liquide vert. Prenant peur, la jeune femme va entrer dans un état de choc et expliquer toute l’histoire à son mari, qui bien sûr croira pas un mot de son histoire. Mais Charel reste persuadée d’être déjà venu à la villa dans son enfance et cela va bien vite devenir une obsession pour elle.
Sa psychose va franchir une étape supplémentaire après sa rencontre avec Anna, maintenant adulte et seule villageoise osant lui adresser la parole. Se présentant, en plaisantant, comme la dernière des sorcière, la jeune femme va attiser la curiosité de Charel avec ses croyances sur le paranormales. C’est également avec elle que l’auteure va rencontrer le vieux Dario, toujours hanté par ses souvenirs. Dans les œuvres de ce dernier, on peut y voir un ogre émerger d’un bulbe d’orchidée, ce qui va immédiatement lui rappeler le cocon dans la cave de la bâtisse…
Ses visions vont devenir de plus en plus affolantes dès lors que Charel comprend la menace, lesquelles lui montrent le corps mutilé de son mari comme représentation d’un avenir proche…
IV. THE AWAKENING
Son couple commence à battre de l’aile, son mari pensant que ses histoires d’horreur lui montent à la tête et refusant de l’écouter. Un agacement qui ne fait que s’amplifier lorsqu’il découvre que le sujet du roman traite de l’ogre dans la villa et que leur mésentente figure telle quelle dans le manuscrit. Alors que les deux se disputent puis tentent de se réconcilier, l’horreur va finalement surgir de la cave lors de cette seconde journée.
Ce n’est pas Charel que le monstre va cibler cependant, mais la belle Maria, la jeune sœur d’Anna venu faire du babysitting. Lors d’une partie de cache-cache avec l’enfant, elle va se réfugier dans la cave, trouvant sur son chemin plusieurs fleurs d’orchidée. Imprégnée de leur odeur, elle réveille la créature et ses pulsions sexuelles… Anna est malheureusement violée et tuée, puis son corps est caché dans le bassin. Si l’ogre peut maintenant partir à la recherche de sa véritable proie, Anna lui a semblé suffisamment familière pour qu’il se souvienne de sa famille et il se rend alors au village pour en finir avec celle-ci. Pendant ce temps Charel va recevoir un nouvel avertissement, bien plus fort que tous les autres: elle va être guidée à la cave, jusqu’au bassin dans lequel elle va plonger (cherchant à y retrouver une page manquante de son livre, qui s’y trouve), et découvre le cadavre de Maria et des anciennes victimes du monstre…
Au village, Dario pressent sa mort et devient cynique. Il sait que l’ogre va venir et que Maria ne le croit pas. Il ne cherchera même pas à fuir la maison et périt sous les assauts de la créature qui va ensuite s’en prendre à la sorcière et lui faire subir le même sort que sa sœur… Cette dernière attaque, Charel va la ressentir en direct grâce à ses pouvoirs. Son mari réalise même qu’elle l’avait pressentit au point d’inclure cet évènement dans son livre. Lorsqu’elle comprend que le monstre revient pour elle, elle prend la décision de quitter les lieux au plus vite…
Malheureusement elle est devancée par l’ogre qui capture son fils et le ramène à la cave, la forçant à l’y rejoindre. Lors de son attaque, il parvient a attraper Charel mais se fait trancher le bras par son époux. La lutte s’engage entre les deux mâles tandis que la femme prend la fuite avec l’enfant. La créature aura le dessus mais ne prendra pas la peine d’achever son adversaire, trop pressé de retrouver sa proie. Lorsqu’il la rejoint, celle-ci a déjà prit place dans sa voiture et se décide à affronter sa peur une bonne fois pour toute: ce cauchemar qu’elle fuyait depuis toujours, l’exorcisant à travers ses livres, elle le confronte en lui fonçant dessus avec son véhicule. Charel renverse le monstre et lui passe sur le corps plusieurs fois…
V. THE END
La mise à mort du monstre est plus symbolique qu’autre chose. En triomphant de sa peur profonde et irrationnelle, Charel se débarrasse de son traumatisme et le fait disparaître pour de bon. De cette manière, le corps de l’ogre va se volatiliser comme par magie. Quant à son mari, il revient bel et bien vivant, et nul doute que le couple qui commençait à se fragiliser va en ressortir plus fort encore. Afin de mettre un point final à toute cette histoire, l’écrivain va également brûler son manuscrit, s’amusant même que la fin l’impose bien en héroïne et ne dépendant finalement pas autant de son homme qu’elle ne l’aurait cru.
La famille ne quittera pas la maison dès le lendemain, mais l’incident semble définitivement réglé. Et comme si tout cela n’avait été qu’un rêve, Maria, Anna et Dario sont bel et bien vivant, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé. Une telle altération de la réalité est complètement inexplicable dans le cas présent, mais ce genre de chose peu arriver après avoir vaincu un monstre apparemment (cf. Evil Toons).
Source: La Casa dell’Orco (1989, La Maison de l’Ogre), production italienne de 1988 réalisé par Lamberto Bava pour la série de téléfilms Brivido Giallo. Bien souvent renommé Demons 3: The Ogre, le film n’a cependant aucun rapport avec cette série là. A noter que le DVD de Shriek Show (que je n’ai pas) possède un commentaire audio du réalisateur qui peut apporter quelques informations supplémentaires…
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