Raiders of the Lost Ark (1981)

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Raiders of the Lost Ark

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Lorsque George Lucas accouche du premier volet de sa Guerre des Étoiles, il s’inspire des serials, des films fractionnés en plusieurs petits épisodes dont chacun se terminait sur un cliffhanger (un épilogue en plein suspense pour donner envie de suivre l’histoire) qui étaient tout particulièrement à la mode dans les années 30-40. Pour cette saga de science-fiction il s’était bien sûr focalisé sur le space opera (les Buck Rogers et autres Flash Gordon). Également attiré par le serial d’aventure tendance Jim la Jungle, il travail l’idée avec l’aide de Philip Kaufman (réalisateur de L’Invasion des Profanateurs avec Leonard Nimoy et de L’Étoffe des Héros) pour en faire une histoire qui met en scène un explorateur partant à la recherche de l’Arche d’Alliance contenant les Tables de la Loi, selon l’Ancien Testament. Si c’est Lucas qui est à l’origine d’Indiana Jones et Kaufman qui impose l’Arche comme étant le sujet principal de l’histoire, le scénario définitif est écrit par Lawrence Kasdan, qui s’était déjà occupé de celui de L’Empire Contre-Attaque.

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Les Aventuriers de l’Arche Perdue se déroule en 1936 et nous emmène en Amérique du Sud où Indiana Jones, professeur d’archéologie d’une université américaine mais également aventurier un peu pilleur de tombe sur les bords, tente de récupérer une ancienne idole qu’il va se faire voler par son rival de toujours, René Belloq. De retour aux États-Unis il est alors contacté par la CIA pour retrouver la trace du professeur d’Abner Ravenwood, son mentor. Celui-ci était un spécialiste de l’Arche d’Alliance, une relique chrétienne que convoite Adolf Hitler qui a envoyé des agents dans le monde entier pour la retrouver, pensant conquérir ses ennemis en utilisant la puissance divine de l’objet. Partant sur les traces de Ravenwood, Jones retrouve la fille de ce dernier, Marion, un amour de jeunesse qu’il avait laissé en plan autrefois. Abner mort, c’est elle qui possède le seul artefact pouvant permettre de retrouver l’Arche et elle devient la cible des Nazis. Ensemble ils partent pour Tanis, en Egypte, afin de mettre la main sur la relique sacrée avant les Allemands, lesquels se sont associés avec Belloq pour la retrouver…

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Si Steven Spielberg est déjà mondialement connu lorsqu’il s’attaque à cette première aventure d’Indiana Jones, il est cependant mal vu par les producteurs suite à l’échec de 1941. Malgré la réussite incontestable des Dents de la Mer, de Rencontres du Troisième Type puis de Sugarland Express, le réalisateur est soupçonné d’avoir la folie des grandeurs et on ne lui fait plus vraiment confiance. Ce dernier déclare alors vouloir effectuer un film à petit budget, considérant cette première aventure d’Indiana Jones comme une simple récréation. Dans cette optique, il ne faut donc pas s’étonner de l’ambiance pulp fiction qui transpire de ces Aventuriers… Le film reprend à son compte les improbables tribulations d’un héros invincible et presque surhumain puisque intelligent, débrouillard, combatif et particulièrement chanceux, dans un cadre exotique où la magie ancienne côtoie les fusillades et les courses-poursuites. Un petit côté James Bond dans l’âme qui n’est d’ailleurs pas dû au hasard puisque les aventures de l’agent 007 sont elles aussi une source d’inspiration, de même que celles d’Allan Quatermain, un autre célèbre explorateur issu du livre Les Mines du Roi Salomon et qui a connu plusieurs adaptation cinématographique.

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Mais ce qui devait donc être budget modeste va se transformer progressivement en une super-production de 22 millions de dollars et Les Aventuriers… va exploser toutes les conventions pour devenir une œuvre unique, encore jamais vu alors, et faire de son personnage principal une véritable icône. Indiana Jones (à l’origine Indiana Smith, en hommage au western Nevada Smith avec Steve McQueen) est un archétype auquel on se plaît à s’identifier, brillamment servit par un Harrison Ford au sommet de son talent, forcément mis en valeur par les situations toutes plus spectaculaires les unes que les autres, qu’elles soient physiques (la célèbre scène d’ouverture avec la boule géante poursuivant notre héros) ou spirituelles (la découverte de l’emplacement de l’Arche dans le Puit des Âmes), et par ses adversaires, des Nazis incarnant le Mal absolu. Le film nous offre un personnage héroïque mais surtout vivant, avec sa part de mystère (on ne sait rien de son passé et son CV est très impressionnant), de défauts (sa phobie des serpents ; c’est un mufle qui ne se défend pas ni ne s’excuse lorsqu’il est accusé d’avoir profité d’une jeune femme) et surtout d’une part sombre souvent mise en valeur grâce à sa Némésis René Belloq, un fin opportuniste qui en sait long sur lui et qui évoque lui-même le fait qu’ils ne sont guère différents tous les deux.

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Le film ne serait pas ce qu’il est avec la seule présence de Jones et il faut compter sur la splendide mise en scène d’un Spielberg apparemment passionné par son travail. Des cadrages parfaits, une très belle photographie, des décors grandioses et un sens du rythme parfaitement maîtrisé, comme du papier à musique, voilà ce qui fait également la force des Aventuriers… La virtuosité du réalisateur prend ici toute son ampleur, peut-être plus que jamais dans toute sa filmographie, et on ne peut que s’émerveiller devant le résultat qui encore aujourd’hui n’a absolument pas vieillit d’un poil (ou si peu). Le cocktail détonnant qui en résulte est parfaitement homogène et on s’amuse tout autant devant la relation houleuse entre Jones et sa compagne Marion (hérité de celle de Han Solo et la Princesse Leia dans La Guerre des Étoiles, on reconnaît la patte de George Lucas), que lors des gags rocambolesques (un petit singe fait le salue Nazi, Jones descend un sabreur avec son pistolet par flemme de se battre) ou des puissantes scènes d’action (la poursuite en camion, le combat sur l’aile volante), particulièrement violente et n’hésitant pas à verser dans le gore ! Il est d’ailleurs rare qu’une telle brutalité soit permise dans un film familial mais celle-ci est bien présente et indissociable avec l’esprit du film: jets de sang, perforations, décapitation par hélice d’avion, corps écrasés ou fondus… Spielberg s’est bien calmé par la suite avec La Dernière Croisade et Le Royaume du Crâne de Cristal, où l’humour poussif vient supplanter ces délires grand-guignolesques.

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Les idées folles fourmillent et toutes les énoncer prendrait trop de temps, mais comment oublier ces temples pleins de pièges, ce borgne usant de son petit singe comme espion ou des scènes comme celles de l’ouverture de l’Arche ou des dattes empoisonnées ? L’ambiance mystique elle-même est unique, osant montrer sous un jour réellement terrifiant les pouvoirs de Dieu, comme dans un film d’horreur (le symbole Nazi brûlant subitement dans la cale du bateau, l’étrange brise surnaturelle lorsque Jones et Sallah évoque la cachette de la relique, le thème musical de l’Arche lui-même, lui conférant une aura très inquiétante). On peut noter au passage que toute cette ambiance plus occulte que religieuse est inspirée par la réalité puisque Hitler, fasciné par l’ésotérisme, a véritablement mis sur pied des équipes chargées de récupérer des artefacts magiques comme la Lance de Longinus…

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l faut ajouter à tout cela des effets spéciaux très bien réalisés par la toute récente ILM, fondée par George Lucas et au top de la technologie, et bien entendu la musique magistrale composée par un John Williams en forme, accouchant là encore d’un score inoubliable et connu du tous (le thème de l’Arche est à ce titre l’un des plus beaux morceaux de sa carrière). Le casting, lui, est extrêmement solide et convaincant de bout en bout. Ford, que l’on avait déjà pu voir dans les Star Wars mais aussi dans American Graffiti, remplace un Tom Selleck un temps pressenti avant que celui-ci n’aille finalement jouer dans Magnum ! On ne revient pas sur sa prestation tant elle est parfaite. A ses côtés la jeune Karen Allen, que l’on a pu voir dans le American College de John Landis et le très sulfureux Cruising de William Friedkin, une femme forte dans la droite lignée de Carrie Fisher en Princesse Leia. Grande gueule qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, elle est le parfait pendant du héros et n’hésite pas à lui mener la vie dure pour s’imposer, même s’il lui faut aussi jouer le cliché de la demoiselle en détresse, figure inévitable du pulp et du film d’Aventure. Le duo fonctionne à merveille et forme une harmonie parfaite que l’on ne retrouvera jamais par la suite dans les prochains épisodes, et surtout pas dans Le Royaume du Crâne de Cristal où les personnages ne sont finalement réduits qu’à des silhouettes sans âmes qui ne possèdent pas un seul instant toute la vitalité qui les animent ici.

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A leur côté, une foule d’acteur bien moins connu mais tout aussi convainquant dans leur rôle respectif: Paul Freeman campe un Belloq charismatique en diable, double sombre de Jones qui se révèle être un adversaire bien plus humain et intéressant que les Nazis. Encore loin d’avoir la popularité qu’on lui connaît grâce à Sliders et au Seigneur des Anneaux, John Rhys-Davies trouve là son premier grand rôle avec Sallah, l’ami égyptien d’Indiana Jones que l’on retrouve dans La Dernière Croisade. Vétéran du petit écran vu dans Le Voyage des Damnés et Ces Garçons qui Venaient du Brésil (et avant d’échouer plus tard dans le Transmutations de George Pavlou), Denholm Elliott apparaît comme Marcus Brody, le directeur du musée. Un rôle minimaliste mais mémorable grâce à la prestation de l’acteur qui, hélas, va être transformer en sidekick bouffon dans le troisième opus de la série. Concluons sur Ronald Lacey, la tronche la plus mémorable du film, qu’on a déjà pu voir dans Le Bal des Vampires puis plus tard au côté de Clint Eastwood dans Firefox, dans l’inénarrable Les Aventures de Buckaroo Banzai à Travers la 8ème Dimension ou encore La Chair et le Sang de Paul Verhoeven. Agent de la Gestapo sadique dont la main est brûlé par un médaillon, chacune de ses apparitions l’impose comme icône mémorable de ces Aventuriers…

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Techniquement parfait, brillamment interprété, extrêmement divertissant et désormais source de nostalgie pour beaucoup, cette première aventure d’Indiana Jones s’inscrit comme étant l’un des plus grands films de tous les temps. Triomphe immédiat au box-office, il remporte huit nominations aux Oscars et en gagne quatre, permettant à Spielberg de ne plus souffrir des producteurs. L’homme s’impose définitivement dans l’industrie du cinéma avec le succès qu’on lui connaît et va redonner vie à son aventurier trois ans plus tard avec Indiana Jones et le Temple Maudit. Non pas une suite directe de l’histoire de l’Arche d’Alliance mais bel et bien une nouvelle aventure de notre héros, comme les Tintin par exemple. La franchise est désormais lancée et le nom d’Indiana Jones va désormais figurer en en-tête du titrage de l’œuvre. D’ailleurs, avec le temps, ce premier opus va être retitré Indiana Jones et les Aventuriers de l’Arche Perdue lors des nouvelles éditions vidéos…

Peu d’œuvres possèdent le souffle des Aventuriers de l’Arche Perdue, et l’accroche ne s’était pas trompée en l’annonçant comme “le retour de la grande aventure”. Un film de grand gamin rêveur, excitant et dépaysant. Merveilleux, tout simplement.

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