Mad Max (1979)

 

Mad Max

(1979)

Archétype même du road movie, Mad Max est une œuvre culte et légendaire, au même titre que son héros. Généralement prit comme référence du film post-apocalyptique, Mad Max est en fait souvent confondu avec sa séquelle. Car pour le coup, le film ne se passe pas encore dans un futur dévasté, et on pourrait même dire qu’il est le seul et unique film pré-apocalyptique.

Le film nous présente en monde en perdition, mais où la civilisation existe encore. Et l’imminence de la fin du monde est palpable à chaque instant. Que ce soit à cause de la barbarie dont font preuve certains malades sur la route, ou de l’impuissance de la police, dont les locaux ne sont que des ruines, face à un monde vivant dans la terreur et ne souhaitant pas témoigner contre leurs agresseurs.

Dans cet univers, les policiers de la route finissent par apprécier tout autant les courses poursuites que les malades qui les provoquent. Parmi eux le jeune Max Rockatansky, pilote d’un V8 Interceptor, que son chef aimerait ériger en héros pour redonner espoir à la population. Mais lorsqu’il provoque la mort du Nightrider au terme d’une poursuite aux allures de vrai course (le Nightrider perd toute son agressivité une fois que Max l’humilie à sa façon, en lui montrant qu’il est lui-même plus rapide), il attire dans les parages un gang de motards dirigé Toecutter, désireux de le venger.

Finalement la barbarie régressive de l’homme est présente des deux côtés, et si les policiers ne sombrent pas tout à fait c’est parce qu’ils croient encore pouvoir rétablir l’équilibre dans leur monde. Max est de ceux là, pulvérisant ses adversaires au nom de ce en quoi il croit, et trouvant le réconfort auprès de sa famille et de son coéquipier. Pourtant, comme il l’avoue lui même, il ne sent aucune différence entre lui et ceux qu’il pourchasse et à peur de devenir comme eux.

Après la tragédie qui frappe son coéquipier, brûlé vif par Toecutter, Max se rend compte qu’il n’est pas intouchable et prend quelques vacances. Malheureusement sa famille va devenir la cible du gang, achevant de transformer Max en un malade du volant assoiffée de revanche, comme il le redoutait…

Ce parti-pris est ce qui rend le film, en tout cas le scénario, des plus intéressant. Nous n’avons pas vraiment affaire à un héros manichéen mais à un homme normal que la sauvagerie guette. Et lorsque tous ses repères disparaissent et qu’il sombre dans cette folie meurtrière, le monde qui paraissait garder un semblant d’existence fini par disparaître également. Dans la logique du personnage qui a tout perdu, le film s’oriente vers le post-apocalyptique, la catastrophe qui détruit le monde dans Mad Max 2 pouvant être assimilée à celle qui a détruit Max dans ce premier opus.

Si le paysage de l’Australie aide beaucoup à l’aspect road movie et apocalyptique du film, il lui donne aussi un aspect très “Wild West” que George Miller exploite autant graphiquement que narrativement. Ainsi Max, alors errant sur les routes à la recherche de vengeance, n’est pas sans renvoyer aux personnages principaux des westerns de Sergio Leone, fantomatique, vengeur, mystérieux et pas spécialement gentil. Les motards quant à eux, évoquent les desperados en chevaux, et si le Toecutter fait penser à un animal sauvage par de nombreux aspect (son comportement, ses mimiques, son physique), c’est clairement parce qu’il est celui qui semble le plus issu d’un western transalpin. Et de nombreuses scènes pourraient être restituées dans ce genre. Que ce soit la progression lente de la narration, l’arrivée des motards dans une petite ville, venant chercher le cercueil du Nightrider à la gare, les courses poursuites filmées de la même façon qu’un duel (l’aile d’un véhicule en avant plan tandis que se profile l’adversaire en arrière plan), l’escapade punitive de Max, les agressions des motards… On y retrouve la même sauvagerie dont l’Homme est capable, tuant pour un rien, instaurant la terreur dès son arrivé. Max, dont le regard vide montre qu’il n’existe plus vraiment, agit froidement et brutalement pour se venger, et la dernière scène clôture le film sous un choc final tout simplement électrisant. Il donne le choix à sa dernière victime entre se couper la cheville ou mourir dans une explosion… George Miller va jusqu’à insérer des images d’oiseaux pour iconiser les personnages: le corbeau pour les motard, l’aigle pour Max.

Cette violence, alliée à une puissance motorisée à l’état brut rarement égalée (la couse poursuite ouvrant le film dont l’impact est encore intact malgré le poids des années), à cependant causé de nombreux problèmes à Mad Max, alors considéré comme trop graphique et interdit ou bien censuré dans de nombreux pays. Un problème qui n’est pas sans renvoyer à celui que subit Massacre à la Tronçonneuse quelques années auparavant. Les films ne sont pas spécialement violent visuellement parlant mais montrent à quel point l’Homme peut être sauvage, créant une tension toute particulière et un climat unique. Il fallut attendre Mad Max 2, simple film d’action aux proportions épiques et au succès internationale pour permettre la réhabilitation de Mad Max.

Aux rayons des anecdotes, on peut noter que les fameuses scènes des yeux exorbités, lors des morts du Nightrider et de Toecutter, viennent d’une fausse tête. Un accessoire que George Miller a réutilisé pour un sketch dans Histoires Fantastiques. Quant à Mel Gibson, il ne doit sa présence qu’à un gros coup de chance: venu au casting pour accompagner un ami, il fut repéré suite à son visage blessé lors d’une bagarre. Rappelé pour faire auditionner un rôle de bad guy, on lui demanda finalement d’essayer le personnage de Max. Enfin le manque de budget du film obligea George Miller à supprimer de nombreuses cascades de son film et à utiliser son propre van dans l’une des scènes (tout bonnement pulvérisé à la fin de celle-ci).

Mad Max est un film unique, très différent de ses séquelles bien qu’on ait tendance à l’oublier. Et quoi qu’ayant prit quelques rides, la puissance qui se dégage du film reste intact.

Chef d’œuvre.

 

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