Lesbian Vampire Killers (2009)

ROAD TO HALLOWEEN II

 

 

Lesbian Vampire Killers

(2009)

 

 

Lorsque, en 2009, j’évoquais vaguement ce Lesbian Vampire Killers dans la section Previews, on pouvait déjà voir que j’étais franchement sceptique devant le produit. 6 ans plus tard je le découvre enfin et constate que mon intuition ne m’avait pas trompé: ce film n’est qu’une triste tentative de surfer sur le succès du duo Simon Pegg / Nick Frost, sans jamais en capturer la magie. Les effets spéciaux sont effectivement peu réussis et malgré son titre, l’œuvre n’est pas du tout provocante en terme de nudité ou de violence, preuve qu’il s’agissait d’un simple moyen d’appâter le public. Autant être direct: j’ai absolument détesté, et j’ai trouvé ça résolument beauf et incompétent.
Certains disent qu’il y a rien de pire qu’une comédie qui ne parvient pas à faire rire, et dans le genre Lesbian Vampire Killers s’impose là. Il faut dire que les créateurs semblent incapables de comprendre comment fonctionne un gag et ruinent le potentiel humoristique en rajoutant des répliques, des bruitages ou en rallongeant leurs séquences, et cela à chaque fois. Bien vite il apparait claire que le film a été mis en place très rapidement pour capitaliser sur le succès des films d’Edgar Wright, et que les personnes en charge du projet se sont contentés de recopier bêtement le travail de ce dernier sans le comprendre pour autant. Quiconque étudie un tant soit peu sa mise en scène voit à quel point le timing, le rythme, est vital et que le montage de ses films est savamment mesuré. Las, ici on retrouve seulement les effets de style (comme ce mouvement de caméra accéléré au premier plan d’un début de scène), de l’esbroufe dépourvu de toute subtilité, à la place de laquelle vient se greffer une notion de la comédie pachydermique, grossière, du genre qui plaira aux amateurs de teensploitation façon National Lampoon et autres DTV d’American Pie… Pathétique.

 

 

Comme si ce n’était pas suffisant, le film flirte volontairement sur un sujet “nanar”, non pas par amour du genre ou par nostalgie, mais simplement par effet de mode là encore. Comme les Sharknado, les Piranhaconda et les films post-Grindhouse aux titres farfelus (Nude Nuns with Big Guns, etc), l’idée est simplement d’attirer une audience un peu bête qui s’attend à trouver la Tarantino Touch là dedans. Et évidement ces productions se révèlent creuses, n’offrant jamais rien de fou ou d’extravagant et se présentant en fait comme de fausse séries B.
Ici le concept tourne autour de vampires lesbiennes (et non pas de chasseuses lesbiennes de vampires, ce que le titre, vachement confus, peut évoquer), mais nous ne sommes pas dans du Z façon Caress of the Vampire et les suceuses de sang pourraient être hétéro que cela ne changerait pas grand chose. Tout au plus trouve t-on quelques baisers assez prudes entre jeunes femmes, mais dans le mythe du vampirisme cela n’est franchement pas grand chose. Qui plus est, à notre époque, l’idée peu assez mal passer. Sans la jouer Social Justice Warrior, il faut reconnaître que le scénario fait preuve d’un mauvais goût assez flagrant lorsqu’il s’agit de taper dans la lutte des sexes sous couvert de plaisanterie. C’est un concept casse-gueule et qui nécessite d’être traité avec intelligence et finesse. Mais vu que Lesbian Vampire Killers s’adresse en priorité à des Bidochons, je vous laisse imaginer le massacre.

 

 

Ainsi l’histoire se déroule dans un coin de campagne anglaise, un village perdu dans les bois du nom de Cragwich. Autrefois y régnait la terrifiante reine des vampires Carmilla (belle référence au livre, lequel pré-date Dracula), lesbienne forcément misandre et séduisant toutes les femmes pour les convertir en Nosferatu. Un seul homme osa la défier et parvint à la vaincre, utilisant pour cela une épée magique qu’il fabriqua grâce à un ancien grimoire, mais elle lança une malédiction avant de disparaître: toute adolescente de Cragwich atteignant ses dix huit ans deviendra une vampire, n’existant que pour préparer son retour. L’exécuteur est également marqué et un de ses descendants reviendra en ces lieux, permettant la résurrection de la succube lorsque son sang sera mélangé à celui d’une vierge.
A notre époque, Jimmy, garçon soumis et introverti, se fait plaquer par sa petite amie. Son pote Fletch tente de lui remonter le moral et les deux se retrouvent à partir en randonnée pour se retrouver entre mecs et penser à autre chose. Le hasard les mènes à Cragwich, où ils vont croiser un groupe de jolis demoiselles avec lesquelles ils vont sympathiser. Le groupe se retrouve alors dans un chalet isolé dans les bois, là où se cachent les servantes de Carmilla. Alors que la plupart des promeneuses sont transformées en suceuses de sang, Fletch, Jim et une jeune femme évidemment vierge se retrouvent seul pour repousser la horde, ne pouvant compter que sur l’aide d’un prêtre qui espère triompher du mal avant minuit, sous peine de voir sa propre fille rejoindre les rangs de la reine des vampires…

 

 

Et l’intrigue ressemble exactement à ce que l’on imagine. La petite amie de Jimmy est forcément une connasse qui le manipule et qui va essayer de revenir vers lui quand son amant ne veut pas d’elle, devenant bien sûr un monstre au passage. Désormais célibataire notre héros va donc pouvoir flirter avec la vierge, qui est tombée immédiatement amoureuse de lui sans même le connaitre, tandis que Fletch, l’ami gros et vulgaire, balance des tonnes d’insultes et fait preuve de mauvaise volonté durant tout le film. Celui-ci passe son temps à cracher sur la notion de couple et sur le comportement des femmes en général, mais n’espère que pouvoir s’envoyer en l’air avec l’une d’elle (heureusement la conclusion ne lui colle personne dans les bras !) tandis que Jimmy se libère de ses inhibitions…
…à vrai dire non, le personnage demeure le même du début à la fin et n’évolue absolument pas, quand bien même l’histoire insiste pour le présenter comme l’Élu qui pourra détruire Carmilla. C’est particulièrement frustrant de voir le protagoniste principal être effacé à ce point par rapport à ses compagnons, mais il n’y absolument aucune étincelle de vie chez lui, et l’acteur qui l’incarne se contente de réciter ses lignes sans jamais se faire remarquer.
Au final la morale est sauve: la lesbienne Carmilla est détruite, ainsi que sa plus fervente compagne, les autres vampires sont affranchies de leur servitude (et ne demeurent lesbienne qu’en guise de gag, pour laisser Fletch sur le carreau) et Jimmy et sa copine peuvent vivre leur vie de couple parfaite sans le moindre obstacle. Le trio décide même de poursuivre les autres vampiresses homosexuelles existant sur Terre et deviennent des chasseurs qui ont avec eux l’arme ultime: une épée magique à si forte connotation phallique que sa poignée est tout simplement un gode en métal. Ouaip. On en est là.

 

 

En substance, le film ne contient pas grand chose pour rattraper cette triste histoire. Jimmy passe son temps à ne pas être là dans les scènes-clés tandis que Fletch doit se farcir tous le travail malgré lui. Deux anti-héros aux rôles inversés oui, mais ce n’est pas Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin ! Car si l’un est insipide, l’autre est détestable, bonhomme égocentrique et antipathique dans la lignée des films d’horreur modernes. Nous sommes censés rire de le voir souhaiter rentrer chez lui plutôt que de sauver héroïquement le monde, mais tout ce que l’on obtient c’est la même scène où il se plaint encore et encore, pignant de sa petite voix suraigüe et lançant des “fuck” comme une mitraillette.
Leur partenaire, malgré sa présence physique évidente, n’a pas grand chose à dire et ses quelques lignes sont plutôt stupides, passant surtout son temps à complimenter celui qu’elle pense être l’homme de sa vie alors qu’ils n’ont pratiquement aucune interaction. Et non, ce n’est pas censé être une blague pour le coup, mais bien une romance type “coup de foudre” parfaitement clichée. Quant aux vampires, elles passent leur temps à feuler et montrer leurs crocs mais ne font rien pour autant. En fait elles paraissent si simple à détruire qu’on ne comprend pas vraiment la notion de danger ou d’urgence que le film semble constamment présenter. Elles ne sont ni obsédées sexuelles, ni haineuses des hommes, ni badass, ni intelligente… Elles sont juste là, vite dégommées par une hache dans la tête, un bâton à travers le cœur ou à coup d’eau bénite, le tout dans des gerbes de sang blanc laiteux qui permettent d’éviter le côté sanglant et renforcer l’humour. Quant à ceux qui feront le parallèle avec du sperme, ce qui n’est certainement pas un hasard, je peux garantir que cela n’apporte rien, ni en bien ni en mal. A vrai dire on se moque totalement de ce qui se passe devant l’écran.

 

 

Il faut dire que entre l’absence d’enjeux et le côté technique à la ramasse, il n’y a guère de trucs auxquelles se raccrocher. Hormis quelques beaux visuels dû aux costumes des vampires et à lumière bleutée, permettant des apparitions vraiment belles à regarder, le reste est plutôt triste et surtout fait très factice. La caméra digitale utilisée ici à un rendu si lisse qu’il y a une perte de texture, de grain, de vie, et l’environnement devient stérile, peu aidé par un éclairage uniforme peu vivant. C’est comme se retrouver devant la nouvelle trilogie Star Wars, où tout semble avoir été retouché à l’ordinateur au point que rien ne paraît naturel. D’ailleurs l’abus de CGI et de green screens sont particulièrement visibles ici, venant rabaisser la qualité de l’ensemble. Si Lesbian Vampire Killers est censé être acceptable, il fini par paraitre cheap et évoque une production plus modeste que ce qu’elle est censée être.
Le montage n’aide pas non plus, abusant de l’effet accéléré (un véritable accéléré basique, pas un effet travaillé comme chez Zack Snyder) en pensant être cool. Le pire revient à l’utilisation constante, constante, de bruitages type cartoon, dans le but de rendre les séquences et les personnages plus drôles qu’il ne le sont. C’est artificiel, c’est lourd et ça agace aussitôt qu’on a repéré l’effet. Du reste, l’œuvre est composé séquences “drôles” à base de filles qui urinent bruyamment ou sentent mauvais, de garçons qui ne parviennent pas à enfoncer des portes ou se prennent des râteaux si tôt qu’ils veulent draguer, à l’utilisation de préservatif en guise de bombes à eau bénite (très original) ou à des idées plutôt méchantes, comme le fait que Fletch tue la fille du prêtre après que celle-ci se soit transformé, et ne va jamais lui avouer après coup alors que celui-ci la pense encore humaine et endormie dans son lit. Aussi, une touriste étrangère à pour seul dialogue le même “Ja, ja” en boucle, même transformée.

 

 

Ici et là interviennent quand même quelques scènes intéressantes, drôles ou juste fun, et qui montre quel film aurait pu être Lesbian Vampire Killers s’il avait été donné à quelqu’un de compétent. Hélas elles sont aussitôt désamorcées par un élément stupide: ainsi l’ex de Jim, vampire, se prend une hache en pleine tête mais continue d’attaquer les héros, leur donnant des coups de manche sans le faire exprès à chaque fois qu’elle se retourne vers l’un ou vers l’autre. C’est amusant, neuf, et c’est immédiatement gâché car rallongé à n’en plus finir tandis que la musique du French Can Can est subitement employé, sans aucune raison. Dans le même ordre idée, l’un des meilleurs passages montre Fletch et le prêtre aux prises avec une Nosferatu qu’ils repoussent dans une cabine de douche. L’homme de Dieu active le jet d’eau et commence à la bénir, ce qui fait fondre la créature, tandis que Fletch doit la retenir afin qu’elle ne s’échappe pas. Là encore un très bon concept foutu en l’air par le parti-pris graveleux de la mise en scène (Fletch plaque ses mains sur ses seins et hurle “fuck” comme un hystérique).
Bref. Rien ne fonctionne dans ce film qui est un ratage de A à Z. C’est nul, chiant, mal foutu, absolument pas drôle et apparaît comme une véritable perte de temps. Même James Corden, pourtant adorable dans Doctor Who (il jouait Craig, le jeune papa en colocation avec le Docteur !), est intolérable. Paul McGann, lui-même 8ème (et génial) Docteur est simplement anecdotique au point de disparaitre dans le dernier acte, carrément oublié par le réalisateur, et Silvia Colloca, magnifique fiancée de Dracula dans Van Helsing, est ici ridiculisée par une coupe de cheveux tout à fait immonde. Franchement je n’en retiens que deux choses: la troublante Vera Filatova, belle vampire brune aux yeux verts qui fait office d’antagoniste avant le retour de Carmilla, véritablement sensuelle et impressionnante, et le gag final sur les loups-garous gays, totalement con et inattendu. C’est tout. Le reste est simplement lamentable. Et pour l’anecdote tout aussi affligeante: aux États-Unis le “lesbienne” du titre est tout bonnement supprimé, censuré par l’éditeur. Le mot “Killer” lui, demeure, ce qui en dit long sur la mentalité de ce beau pays…

 

 

 

Scène coupée ou cliché promotionnel, en tout cas ceci n’est pas dans le film.

 

VERDICT: TRICK

2 comments to Lesbian Vampire Killers (2009)

  • Larcoluc Larcoluc  says:

    Moi qui suis “bon client”, j’ai trouvé que ce film “pour ado” était réussi et amusant, avec cet esprit potache un peu niais et crétin, ce qui est complètement volontaire et caractérise cette catégorie cinématographique. A voir.

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Et bien écoute, tant mieux si tu as pu apprécier, au moins tu auras eu une meilleure expérience que moi. Je ne vais pas argumenter étant donné que mon avis profond se trouve dans le texte.

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