Curse of the Forty Niner (2002)

 

Curse of the Forty Niner

(2002)

 

 

Soyons clair: j’adore le travail de John Carl Buechler. Ses maquillages et effets spéciaux possèdent une “patte” inimitable qui ramène aux années 80, avec ces monstres de caoutchouc perfectibles mais adorables, mémorables, qui régnaient en maitre sur la série B et les vidéoclubs. Encore maintenant ses travaux évoquent, avec nostalgie et amusement, cette bonne vieille époque où l’on trouvait le fun et le divertissement même dans une petite production au rabais.
Quant à son boulot de réalisateur, je suis un des rares à l’apprécier pleinement. Le gros bonhomme n’a jamais fait preuve de la moindre prétention et préfère s’amuser comme un gosse avec le peu dont il dispose, conscient qu’il n’est pas l’homme de la situation pour mettre en scène un film d’horreur sérieux et angoissant. Son Troll apparait comme un agréable film fantastique, essuyant une désagréable réputation en raison de Troll 2 ainsi que des spectateurs habitués au “bon” cinéma et incapables de s’adapter à des œuvres de plus petites ampleurs (ce qui ne les empêchent pas d’applaudir J.K. Rowling qui l’a pourtant pillé sans vergogne pour ses Harry Potter). Cellar Dweller était un amusant hommage aux E.C. Comics et Vendredi 13, Chapitre 7 nous offrait un Jason au sommet de sa forme, doté du meilleur look qu’il ait jamais eu et hélas complètement massacré par la censure.
Ghoulies III demeure un nanar volontaire est amusant, improbable fusion entre le film de petit monstres façon Gremlins et Revenge of the Nerds, tandis que Watchers Reborn était loin d’être le pire de sa série. Avec son zombie chercheur d’or en guise de héros, ce 6ème film m’était évidemment alléchant.

 

 

C’est dire à quel point ce Curse of the Forty Niner (aussi baptisé Miner’s Massacre) m’a profondément déçu. Pas dans le sens où j’en attendais quelque chose de grandiose, car nous sommes là dans le territoire du bas budget où la série B devient limite Z et à une époque où le Neo Slasher à plus ou moins enterré le film de Boogeyman à l’ancienne, mais parce que le résultat ne porte absolument pas la griffe “Buechler”.
Le réalisateur aurait pu être un homonyme que cela ne m’aurait pas étonné: rien ici ne rappel son style particulier est vite repérable. Ni l’humour (plutôt banal typé beauf), ni le récit dans son ensemble (minimaliste et cliché), ni le gore (pratiquement absent), ni même le monstre qui évoque tout sauf une créature conçue par notre vétéran !
Si on pouvait autrefois lui reprocher ses designs un peu trop similaire (le monstre de Cellar Dweller et le “chat” des Ghoulies sont globalement les mêmes bestioles), le creature design ici choisi apparaît tellement générique, sans aucune créativité, qu’on pourrait croire que Buechler n’en est pas responsable. Il semble pourtant ne pas avoir délégué et il faut probablement chercher son manque d’implication du côté budgétaire. Disparu le côté cartoonesque de son imagination, et à la place vient parader un mort-vivant fade et oubliable.
Résultat, le film est à l’image de son monstre: plat, générique et prévisible, dépouillé de tout le fun et le caractère propre à son réalisateur. Curse of the Forty Niner aurait dû être un hommage aux assassins délirant des Slashers rétro, ces clones de Freddy grotesques mais fanfarons qui affichaient un look de train fantôme. Au final, il est aussi superficiel que les Neo Slashers aseptisés dont il cherche à se démarquer.

 

 

Et pourtant il y avait de quoi faire avec les éléments utilisés: l’intrigue prend racine au cours de la Ruée vers l’Or et présente le cas d’un pionnier pas comme les autres. Jeremiah Stone, un “Forty Niner” (nom attribué aux chercheurs d’or ayant migré en Californie à partir de 1949, soit juste après que le Président ait confirmé l’existence du précieux minerai découvert sur place à l’ensemble du pays – et oui vous mourrez moins bêtes) à la fois cupide, meurtrier, cannibale (il a bouffé sa femme et son propre enfant !) et sataniste. Pour obtenir la vie éternelle, il semble avoir vendu son âme au Diable et a orchestré sa propre mise à mort en kidnappant la fille du Pasteur et en l’assassinant sous ses yeux. L’homme de Foi renonce alors à Dieu pour la venger, et cela permet à l’assassin de lancer une malédiction sur la ville.
Abattu, il revient aussitôt à la vie avant de s’enterrer dans sa propre mine, où il a construit un petit autel à la gloire du Diable qui va lui permettre de ressusciter aussitôt que quelqu’un tentera de s’emparer de son or. Désormais invulnérable, Jeremiah Stone va continuer à terroriser les lieux pendant plus d’un siècle…
Le film commence lorsqu’un idiot retrouve la trace de son butin et commence des fouilles afin de s’en emparer. Il prévient sa sœur qui rapplique avec son petit ami et une bande de potes pour l’aider, et le groupe va bien vite s’emparer du trésor. Le Forty Niner va alors se mettre en chasse, massacrant quiconque se dresse sur son chemin, or ou pas…

 

 

Difficile de dire ce qui c’est passé durant la production, mais découvrir la genèse de ce type de films est généralement mission impossible. Aucune compagnie particulière n’est rattachée au projet, pas plus que de noms spécialement connus. Les filmographies des responsables montrent juste qu’ils sont tous spécialisés dans le bas budget (pêle-mêle: Pumpkinhead II, Scarecrow Slayer, un Samurai Johnny Frankenstein par ce taré de Scott Shaw, l’inénarrable Future War avec Robert Z’Dar, Daniel Bernhardt et un dinosaure en plastique, etc.) et qu’ils ont fondés pour l’occasion la firme Wanted Entertainment.
Naturellement celle-ci n’a jamais accouchée de rien d’autre, et si l’idée était de faire de leur Forty Niner une nouvelle icône du genre (ce qui semble être le cas puisqu’ils utilisent sa silhouette pour le logo de leur compagnie), c’est un échec total. Mon avis est que ces différentes personnes ont fini par s’associer à force de rencontres dans de petites conventions ou marchés de films, et ont embarqués avec eux une poignée de has-been en leur donnant le poste de “producteur associé” afin d’améliorer les chances de vente de leur bébé. Ainsi quelques noms intéressant ressortent sur l’affiche, tant devant l’écran que dans le service de presse: Vernon Wells, l’inoubliable punk de Mad Max 2 et adversaire de Schwarzenegger dans Commando, Martin Kove, maître des Cobra Kai dans les Karate Kid et pilote d’hélico occasionnel pour John Rambo, ou encore John Phillip Law, inoubliable Diabolik chez Mario Bava et ange dans Barbarella, qui a fini sa course auprès de Mark Gregory dans Thunder III et de Reb Brown dans le légendaire Space Mutiny.
Également de passage, la divine Karen Black que l’on ne présente plus et Richard Lynch avec sa tête de grand brûlé. Plus obscure: Jeff Conaway, surtout connu pour ses rôles dans Grease et Babylon 5, mais qui à versé dans le B pur et dur plus d’une fois (Alien Intruder avec Billy Dee Williams, le 4ème Douze Salopards – si ! – mais surtout Elvira et The Sleeping Car, film de fantôme au cadre particulier et dont les effets était déjà gérés par Buechler).

 

 

Celui-ci doit être là pour les mêmes raisons et le poste de réalisateur lui aura sans doute été offert car il avait le plus d’expérience dans ce domaine. Vraiment, je pense que ce Curse of the Forty Niner apparaît plus comme une faveur ou un dépannage plutôt qu’un véritable film dans sa carrière. Un gros changement de modus operandi du mort-vivant ayant lieu en cours de film, sans aucune explication, il y a même fort à parier que le script original fut réécrit ou modifié ici et là par ses soins, afin de dynamiser un peu l’histoire et rajouter un côté comique et grotesque à ses méfaits.
Ainsi ce qui apparaît au début comme une série de meurtres routiniers et inintéressants (des exécutions effectuées hors champ, avec des armes simples, tandis que le tueur semble vouloir récolter le sang de ses victimes) fini par se transformer en un festival de gags violents et inventifs, soit à peu près ce qu’on attendait de la part de Buechler: le Boogeyman lance sa vieille pelle comme un javelot, laquelle traverse le pare-brise d’une voiture pour venir s’encastrer dans la tête de la conductrice avec force. Lorsqu’un autre véhicule lui fonce dessus, il laisse tomber son arsenal et se prépare physiquement à se jeter sur le capot en pleine course, juste pour mieux atteindre la fenêtre que sa victime a bêtement laissée ouverte. Après une longue scène d’exposition où sont ressassées les origines du tueur et la façon dont il peut être détruit, celui-ci débarque sans prévenir pour se débarrasser du conteur désormais inutile et faire avancer l’intrigue.
Le meilleur ? S’étant fait couper une main, il l’a remplace en plantant directement sa pioche à travers le moignon, pressant sur l’outil jusqu’à ce qu’il se fiche à l’intérieur de son bras ! Que du réjouissant, qui intervient malheureusement trop tard. Car pour profiter de ces moments, il faut attendre les 25 dernières minutes du film…

 

 

Du reste, il ne se passe pas grand chose en dehors des habituelles conversations stériles des protagonistes, naturellement tous inintéressants. Bien heureusement on trouve quand même quelques passages notables ici et là: la résurrection du zombie en tout début de film, totalement calquée sur celle de Freddy Krueger dans son 4ème opus (jusqu’au gag du chapeau dépoussiéré), le même qui trouve le moyen de coincer sa pioche durant un combat et se fait alors tabasser sans retenue par deux de ses proies, la chiasse violente que subit un pauvre quidam ayant mangé trop de fayot, montée en parallèle avec les scènes de sexe de ses copains et venant alors totalement ruiner un moment romantique (oui c’est très con et vulgaire, mais on fait avec ce qu’on peut).
Hélas ces épisodes sont dispersés sur la longueur et le reste du film se traine. Au manque de rythme se mêle celui de l’investissement du spectateur, puisque les personnages sont tout simplement détestables. Au couple de héros transparents au possible et sans aucun caractère se rajoute une bande “d’amis” qui tirent la tronche et s’engueulent dès que possible. Difficile de croire que ces gens s’apprécient tant ils semblent tous désespérés d’avoir à trainer ensemble. Mention spéciale pour la greluche autoritaire et castratrice qui semble n’avoir aucun autre but dans sa vie que de ridiculiser son petit ami devant tout le monde. Une “salope” évidemment conçue pour que l’on souhaite sa mort, mais le résultat est loin d’être satisfaisant puisqu’on n’en verra rien ! Au moins Buechler nous épargne et la fait vite disparaître pour la remplacer par une redneck mignonne et sexy, qui s’avère être le seul personnage positif du film.
Pétillante, gentille et plaisante à regarder avec son petit short et son cache-cœur en guise de tenue, l’actrice semble toute désignée pour devenir la véritable héroïne du film. Manque de bol, l’équipe de Curse of the Forty Niner ne semble pas vouloir nous faire passer un bon moment et lui règle rapidement son sort à elle aussi, nous laissant avec une bande de comédiens grossiers et peu avenant à regarder.

 

 

Le positif, c’est que le film est court. Très court même, comme beaucoup de bas budget de ce genre, se limitant à 80 minutes déjà bien raccourcie par de longs génériques de début et de fin (presque 10 minutes combinés). L’autre bonne nouvelle c’est que les quelques acteurs invités pour faire vendre sont plaisant à suivre. C’était une évidence, mais puisque leur présence est limitée à seulement une ou deux scènes chacun, on aurait pu craindre le caméo inutile comme c’est souvent le cas avec les DTV contemporain. Coup de chance, même lorsqu’ils ne sont là que pour une poignée de secondes nos vieux de la vieilles parviennent à nous faire sourire.
Martin Kove joue un bouseux uniquement intéressé par sa bière et sa femme, Lynch se prend pour Bill Moseley et nous gratifie d’un langage fleuri des plus hilarant tandis que Karen Black se retrouve dotée d’une chevelure envahissante pour jouer, comme par hasard, la folle du village. Vernon Wells fait ce qu’il sait faire de mieux et interprète un Jeremiah Stone pré-résurrection brutal à souhait. On aurait aimé les voir plus longtemps, mais ce type de production nous a habitué à un traitement de ce genre. Pour ne pas trop accabler le reste du casting, outre la sensualité d’Alexandra Ford en paysanne que j’ai souligné précédemment, saluons la prestation de Stephen Wastell, qui entre sa légère ressemblance avec Marco Rodríguez (le terroriste de supermarché qui se fait dézinguer au début de Cobra) et son jeu soigné, a su apporter un peu de profondeur à son personnage.
Et c’est à peu près tout ce que je peux dire à propos de ce Curse of the Forty Niner puisqu’il n’y a absolument rien d’autre qui ne mérite la peine d’être mentionné.

 

 

Slasher plat, simpliste, mal joué (sauf exception) et sans fric, le film ne survit que grâce aux quelques habitués qui viennent nous faire un clin d’œil et aux sursauts de délires qui n’interviennent que très rarement, Buechler s’étant retrouvé bridé à tous les niveaux.
Voilà une série B qui ne mérite pas d’être découverte, et franchement je lui préfère Jolly Roger: Massacre at Cutter’s Cove, de la Asylum, a qui il ressemble fortement. Réalisé trois ans plus tard, cet autre film de Boogeyman met en scène un pirate au maquillage similaire à celui du Forty Niner pour une aventure presque identique. Le tueur est le même, les meurtres sont semblables, le niveau d’inventivité et de fun est à peu près le même et certaines scènes sont écrites de la même façon (la femme racontant le passé du tueur et évoquant son point faible qui se fait zigouiller aussitôt son discours terminé, faute d’utilité)… On peut même mentionner des coupes sombres ultra visible dans les deux cas ! (ici l’utilité du sang récupéré chez les premières victimes, qui est totalement oublié par la suite – ma supposition est qu’il en a besoin pour ressusciter, comme en témoigne ces mêmes petites “lucioles” en CGI tant à son réveil que dans la mixture – et la présence de temps à autres de mauvais esprits tournant autour du Forty Niner, qui évoquent un peu les Dream Demons de La Fin de Freddy).
Bref, si vraiment il vous fallait voir un production de ce genre, favorisez la Asylum. Ça parait fou de dire ça, mais eux au moins savent ce qu’ils doivent donner à leur public et ne lésinent pas sur l’humour !

 

 

 

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