Bad Moon Rising – Special (2006)

ROAD TO HALLOWEEN V

 

 

Bad Moon Rising – Special

(2006)

 

 

C’est en bossant ensemble sur Mischief Night que Brian Pulido et Juan Jose Ryp posent les bases d’une autre série originale pour Avatar Press: Bad Moon Rising. Le scénariste de Evil Ernie et Lady Death, alors très prit par les titres à licence de la compagnie (Freddy, Jason et Leatherface) s’imagine ses propres slashers, ses propres croquemitaines, sûrement dans l’espoir de créer un nouvel univers sanglant comme celui de son défunt Chaos! Comics et peut-être aussi pour montrer qu’il est un auteur à part entière et pas seulement une pièce rapportée. Si Mischief Night avait pour cadre des suburbs chics peuplés de bimbos et de teenagers populaires, son deuxième titre se déroule dans un décors désertique où c’est l’entière population d’une petite ville qui est confronté au Boogeyman.
Jack et Jill œuvraient à deux et, si ce n’est pour leur résurrection, paraissaient totalement humain. A contrario celui-ci opère seul et prend l’apparence d’un vieux cowboy démoniaque fraichement sorti de sa tome. Et si les meurtres de Mischief Night avaient quelque chose de réalistes même si grand-guignolesques, Bad Moon Rising s’inspire autant des pouvoirs d’Imhotep dans La Momie de Stephen Sommers que de la tuerie de masse de Harry Warden dans le remake de Meurtres à la Saint-Valentin.

 

 

En bref si les deux titres sont techniquement identique, leur créateur soigne suffisamment la forme pour ne pas donner l’impression de se répéter. Les beaux quartiers de la dernière fois laissent place un petit bled de l’Arizona en perdition depuis la fermeture de sa mine de cuivre. Un endroit qui cache littéralement son douloureux passé, car tout au fond d’une grotte se trouve le cercueil enchainé de Jackson Harlow, dit Black Jack Hatchet, meurtrier surnaturel du temps de la conquête de l’Ouest. Un sacré enfoiré qui a tué quatre-vingt huit personnes et incendié la ville par deux fois avant d’être finalement exécuté par le shérif. Maniant une longe hache baptisée Mabel, du nom de la seule femme qui l’a jamais aimée, il aurait eu le pouvoir de se déplacer dans la nuit tel un fantôme et de contrôler la faune comme un vampire. Lorsque l’histoire commence, son existence est évidemment oubliée de tous.
L’intrigue suit la jeune Candy qui malgré son nom de strip-teaseuse est une jeune fille très gentille et appréciée de son quartier, même si elle espère secrètement pouvoir quitter ce trou. En attendant elle aide sa mère à tenir une boutique d’antiquité qui fait face à de sérieux problèmes financiers.

 

 

Lorsqu’un vieil homme lui offre deux cents dollars pour se débarrasser d’une ancienne relique, elle saute sur l’occasion sans se méfier de l’aspect démoniaque du talisman ni de la réaction de son petit chat qui feule, comme terrorisé. Touchant l’objet, elle va entrer dans une sorte de transe et avoir une vision: nous sommes en 1891 et Black Jack vient d’arriver dans la bourgade, tombant amoureux de la jolie Wynona – l’ancêtre de Candy. La belle ne veut évidemment rien avoir à faire avec cet hideux personnage et trouve refuge dans le saloon, alertant tout le monde. Lorsque la population se dresse contre lui le monstre commet un véritable massacre, découpant une dizaine de personnes en morceaux. Il faudra l’intervention du shérif et de ses hommes pour l’arrêter, qui le cribleront de balles sans pour autant parvenir à le tuer.
Ne sachant comment se débarrasser de lui, les habitants vont l’emmener dans les montagnes où il sera fusillé une nouvelle fois, son corps étant ensuite balancé dans un trou profond. Mais tant que Black Jack possède sa relique en forme de tête de démon il peut revenir d’entre-les-morts, et il revient en ville faire un carnage, toujours à la recherche de Wynona qui va s’enfuir en calèche.

 

 

Candy, pendant ce temps, déambule dans les rues telle sous l’emprise du talisman. Naturellement elle va se rendre jusqu’à la crevasse menant au meurtrier et y jeter la babiole qui va le ressusciter. Elle recouvre ses esprits juste à temps pour le voir sortir émerger du sol et tuer deux adolescents qui étaient venu voir ce qui lui arrivait, mais lorsque Black Jack se tourne vers elle pour, il se fige et reconnait le visage de Wynona. Persuadé qu’il s’agit de la même femme, sans doute inconscient d’avoir passé plus d’un siècle sous terre, il se lance à ses trousses afin de la faire sienne. La jeune femme fuit en direction de la ville, mais quiconque se mettra en travers eux trouvera la mort…
La suite nous promettait la revanche du monstre qui sans doute allait reconnaitre d’autres visages familier durant sa quête, et décimer les descendants de ceux qui lui causèrent du tort. Plusieurs éléments sont déjà mis en place comme Jasper, le chat de l’héroïne qui devait sûrement être manipulé par l’antagoniste, et la nature infernale de ses pouvoirs. Les dessins préparatifs de Juan Jose Ryp montraient d’ailleurs celui-ci sous une forme reptilienne comme s’il devait se métamorphoser plus tard, à la manière du héros corrompu de 976-EVIL.

 

 

Autant la perte de Mischief Night ne parait pas si grande puisque le projet n’avait pas grand chose à proposer, autant celle de Bad Moon Rising est fâcheuse car Brian Pulido s’éclate à mettre en scène ce cowboy de l’enfer qui évoque un peu le Creeper de Jeepers Creepers par bien des aspects. Comme lui il travail la chair de ses victimes, son cache-poussière étant composé de visages cousus les uns aux autres. Comme lui il cible une victime bien précise, poussé par le désir, et comme lui est capable de se régénérer, ce qui le rend pratiquement invincible. La hache est une arme commune et Black Jack peut même la “sentir” si elle est séparée de lui. Sa force surhumaine lui permet d’arracher une tête à mains nues et surtout de foncer dans le tas quand il se retrouve face à de nombreux assaillants, découpant en morceaux l’entière clientèle d’un saloon par deux fois !
Toutefois il est capable de parler, maudissant ceux qui lui barre la route ou se moquant de ses victimes. Ses derniers mots avant que le shérif et ses hommes ne parviennent à le neutraliser ? “Pussies !” – la parenté avec Freddy Krueger n’est pas innocente, encore que l’on pourrait aussi penser au génial Saint des Tueurs de Preacher, en plus malfaisant encore.

 

 

Plus intéressant que l’aspect slasher, c’est le caractère surnaturel de Black Jack qui promettait beaucoup. Pouvant contrôler les petits animaux et les insectes, il est capable de les utiliser pour se débarrasser de gêneur comme ce témoin fuyard qui va se retrouver couvert de cloportes et de vers de terre qui vont le parasiter jusqu’à ce que mort s’en suive. Une idée évidemment reprise à La Momie de 1999 et à ses scarabées voraces, mais que le scénariste n’aurait pas manqué d’exploiter cette capacité s’il avait pu continuer les aventures de son desperado zombiesque. Au moins l’humour a survécu et Pulido s’amuse à le faire interrompre une séance de photos de charmes, les demoiselles dévêtue prenant la fuite en pensant que le chanteur de Lynyrd Skynyrd est revenu à la vie.
Une bonne humeur communicative, et pas seulement avec le lecteur mais aussi avec l’illustrateur Wellington Alves, qui assure le travail à la place de Ryp pour X raisons. Si ses dessins ne sont pas aussi fouillés que ceux du dessinateur espagnol (il est même aidé par deux encreurs), il se plaît quand même à glisser un peu partout des détails notables qui ne manqueront pas de faire rire. Comme ce type qui se pisse dessus lorsque Black Jack plante sa hache dans la tête du type qui se tenait juste à côté de lui.

 

 

Lorsque Candy déambule dans les rues durant sa transe, c’est évidemment en sous-vêtements et on pourra ainsi remarquer que la belle a les tétons qui pointent. Une mauvaise chute va même en faire apparaitre un, l’héroïne ne réalisant pas que son soutien-gorge a été encore plus secoué qu’elle. Sa mère est une MILF hyper bien conservée qui pourrait tout aussi bien être sa grande sœur, et la puanteur de Black Jack est telle qu’elle attire les mouches. Tout cela contribue à faire de Bad Moon Rising une série B sous format papier totalement dans l’esprit de celles qui pullulaient en VHS dans les années 80. Plus qu’ailleurs chez Avatar Press, Brian Pulido retrouve l’esprit Chaos! Comics et, si ce n’était pour son cliffhanger et ses questions laissées sans réponses, la BD fonctionnerait presque en l’état comme simple one shot indépendant. Assez en tout cas pour supporter une lecture malgré le caractère inachevé de l’entreprise. Pas un mince exploit si vous voulez mon avis !

 

 

 

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