6 Degrees of Hell (2012)

ROAD TO HALLOWEEN II

 

 

6 Degrees of Hell

(2012)

 

 

Nous sommes le 6 Octobre, voici la 6ème chronique et le titre du film est 6 Degrees of Hell. Cela fait 666, et ça tombe plutôt bien puisque ce long métrage traite de démons et de possessions. Ainsi que de clairvoyance et de zombies. Et de fantômes. Et de satanisme. Et de maison hantée. Et d’objets maléfiques. Non, je n’exagère pas. Ça vous semble compliqué ? Je vous rassure, l’histoire est pratiquement incompréhensible à moins d’avoir un papier et un crayon, et de faire un schéma entre les trop nombreux personnages, évènements et flashbacks. Le fait est que 6 Degrees of Hell pense avoir quelque chose de complexe à raconter alors qu’en réalité pas du tout. En isolant chacun des éléments, on voit tout à fait où le créateur veut en venir et quel type de film il est entrain de faire, mais réunis ensemble, ils dispersent le récit dans tous les sens et le spectateur n’a plus qu’à faire une croix sur sa compréhension de l’intrigue. D’ordinaire je suis le genre de gars assez fou pour prendre des notes, m’intéresser au point de prêter attention à la moindre information et dresser une chronologie fictive des faits. Ceux qui traine sur L’Imaginarium l’on sûrement déjà remarqué via divers articles: j’aime être précis et complet. Oui c’est comme ça, je n’ai pas de vie, que voulez-vous ? Bref, le fait est que cette fois, même moi je n’ai pas daigné m’impliquer un tant soit peu avec ce film. Tout simplement parce qu’il n’en vaut pas la peine. Ce n’est pas tellement un long métrage mais plutôt une grosse publicité pour un parc d’attractions américain, et le pire c’est que le concept ne vient même pas de celui- ci ! Cela aurait été compréhensible après tout, mais non. L’idée provient du scénariste / réalisateur / acteur / monteur Joe Raffa, qui a certainement conçu tout le projet sur le simple prétexte qu’il avait l’occasion d’utiliser les lieux.

 

 

Cet endroit c’est le Hotel of Horror, situé dans la ville de Saylorsburg en Pennsylvanie. C’est un véritable champ de foire pour Halloween et il se compose d’une grande maison hanté et de quelques autres zones où les visiteurs peuvent explorer à loisirs des bâtiments renfermant des reliques morbides, vraies ou fausses (accessoires de médecine ou pompes funèbres vintage, vieux jouets d’aspect lugubres, trophées de guerres anciennes, etc) et tout un tas de comédiens déguisés en monstres, cherchant à les effrayer. C’est quelque chose d’assez communs aux États-Unis, et si celui-ci n’est pas particulièrement connus ou doté d’un grand budget (ce n’est pas la version Hollywood Studios), il faut admettre qu’il semble quand même très sympa à visiter. Le problème c’est que non seulement le parc n’est pas du tout le sujet du film, mais qu’en plus la présence de ces décors bien faits et des maquillages élaborés font trop factices. Non pas dans l’histoire elle-même, puisque le Hotel of Horror y reste ce qu’il est, un festival, mais parce que le réalisateur triche un peu. Pensez-y: quelqu’un faisant un film d’horreur doit normalement établir l’univers, le design des antagonistes, inventer des morts ou des situations créatives, engager acteurs et cascadeurs. Ici, Raffa se contente de filmer tout ce qui a déjà été inventé par quelqu’un d’autre. Rien de ce qui n’apparaît à l’écran n’est vraiment le fruit de son travail et cela se fait grandement ressentir (surtout en comparaison de ce qu’il a fait de son côté, tout simplement chiant). Même ceux qui jouent les monstres ici sont en fait les performeurs originaux. L’impression qui en ressort, c’est qu’on a mâché le travail du réalisateur, les meilleurs morceaux du film, et qu’un véritable documentaire sur l’Hôtel aurait été bien plus intéressant à regarder !

 

 

Les choses qu’il n’empruntent pas aux autres, celles qu’il a imaginé et tourné pour l’occasion, sont d’une nullité affligeante. Bien qu’il date de 2012, 6 Degrees of Hell ressemble n’importe quelle autre série B limite Z indie et se montre nul dans tous les domaines. Le script est trop compliqué pour ce qu’il est censé raconter, l’ambiance est inexistante, les acteurs sont souvent catastrophique et le rythme se traine comme jamais. En fait c’est bien simple, sur les 90 minutes totales, il faut attendre les 20 dernières pour qu’il se passe enfin quelque chose, mais l’action ne fait qu’un petit quart d’heure maximum, se perdant ensuite dans un épilogue inutilement rallongé et qui, en plus, joue le même twist final deux fois de suite ! Pour vous donner une idée globale et presque cohérente du récit, je vais essayé de remettre de l’ordre dans les quelques séquences qu’il me reste en mémoire. Il serait question d’un médecin qui, il y a un ou deux siècles, n’a pas su sauver sa femme malade. Réalisant que la science ne l’a pas aidé, il s’est alors tourné vers la magie noire, assassinant un prêtre afin de maudire sa demeure et faire appel à des démons. Il a ensuite convertis son habitation en asile / hôpital afin de se fournir en malades et à fait diverses expériences en espérant trouver un moyen de ramener son épouse à la vie. Malheureusement pour lui, il n’a pas réussi et les créatures de l’Enfer sont venus le chercher. Par vengeance, parce qu’on l’a empêché de retrouver sa femme, l’apprentie sorcier se donne la mort de telle façon que les démons ne peuvent récupérer son âme et se retrouvent prisonnier dans les limbes. Un détail difficile à expliquer, mais qui s’explique par le fait que la maison maudite “aspire” les âmes des victimes et les garde prisonnières dans ses meubles et ses objets. Comment ce procédé peut fonctionner pour une entité démoniaque, je ne l’explique pas vraiment (en même temps je faisais un peu autre chose à côté, comme surveiller Facebook, vérifier mes comptes en ligne, embêter mes chats, et bien d’autres activités plus passionnantes que ce film).

 

 

Bref, les démons sont condamnés à une existence pire que l’Enfer dans le “vide” mais ont un plan pour revenir en force. Il se trouve qu’avant de mourir, le médecin fou à fait visiter sa demeure à une petite fille doté de pouvoirs psychiques. A travers elle, le fait qu’elle puisse ressentir quelques vibrations ou je ne sais quoi dès qu’elle touche un objet, les entités espèrent pouvoir s’échapper en utilisant son énergie. L’une d’elle parvient à s’évader (quand ? comment ?) et va des années plus tard utiliser les dons de la gamine et sa descendance, pour gagner en puissance contre elle, possédant ici et là quelques personnes de leur entourage pour les manipuler. L’héroïne et détentrice actuelle des pouvoirs s’accoquine avec un groupe de chasseurs de fantômes et c’est à partir de là que je perd le fil… Le démon possède quelqu’un pour assassiner la petite amie du leader, qui est également la sœur du petit copain de la médium, et attirer les jeunes gens dans un piège. Via possessions, il les attirent inexorablement vers le Hotel of Horror, parc d’attraction dont j’ai parlé plus haut et qui est en fait la maison hanté reconvertie. Alors que le groupe enquête, vaguement dérangé par un chef de police homophobe qui à une dent contre certains d’entre eux (sans raison), le gérant de l’Hôtel remplit son parc de véritables objets maudits, dont une poupée tueuse et une statue ridicule (un mannequin portant une toge de satanique, un crâne de vache et une perruque) qui est pourtant la clé du plan démoniaque: si l’héroïne vient à le toucher, cela décuplera son pouvoir, ou son énergie, ou celui des entités, et permettra à celles-ci de s’évader de la maison. Parallèlement le petit ami de la jeune femme pense que sa sœur, supposée morte, est peut-être toujours en vie et serait en fait elle-aussi possédée. Et tout ce que je viens de vous raconter est un grand flashback narré par un policier, en pleine conversation avec encore un autre enquêteur du paranormal. Mais le flic est en fait un démon, c’est sans doute pour ça qu’il sait des choses qu’il n’est pas censé connaitre.

 

 

Bien, je doute que vous ayez compris quoique ce soit à ce résumé mais cela vous donne un aperçu de ce à quoi ressemble 6 Degrees of Hell. On décroche très vite, on ne retient pas les noms, on fini par confondre certains acteurs et on est vite perdu entre les visions, les souvenirs, les rêves et les flashbacks. Certains éléments du récit sont des révélations qui arrivent sur le tard, d’autres sont uniquement expliqué dans le monologue du démon à la toute fin du film. Il est impossible de comprendre comment fonctionne les histoires d’énergie, de possessions et d’évasion des démons ni comment les pouvoirs de l’héroïne peuvent avoir un lien avec tout ça. Quant a la backstory initiale du savant fou, elle n’est qu’un enrobage pour expliquer que le Hotel of Horror est véritablement hanté et aurait pu être remplacé par autre chose. Le plus énervant dans tout cela, c’est que le film n’avait pas du tout besoin ces complications. Les intrigues parallèles ne débouchent sur rien (le coup de la sœur ne sert qu’à faire apparaître un zombie et tuer deux protagonistes avant le final) et la longue quête de l’héroïne n’amène à rien de spécifique puisqu’elle ne fait rien de tout le film ! Le script cherche simplement un prétexte pour lâcher des démons dans le parc d’attraction et faire en sorte que chaque comédien devienne subitement un véritable monstre, et c’est tout. En gros, 6 Degrees of Hell cherchait simplement à refaire Night of the Demons ! Il n’y avait rien de plus simple. Vraiment c’est une honte tant l’histoire aurait pu être simplifiée et se contenter de mettre en avant les éléments de l’Hôtel à travers quelques meurtres. J’ai la nette impression que Joe Raffa est victime de sa propre arrogance. Il monte le projet de A à Z, invente un script qu’il espère ambitieux ou complexe, se donne un rôle d’importance, réalise le tout et s’occupe du montage, mais au final il ne livre que du vide.

 

 

On s’emmerde durant tout le film à force dialogues et lorsqu’enfin les démons attaquent, c’est la déception. Du gore ? Pas du tout. Une bonne utilisation des lieux ? Non plus. On voit simplement les comédiens déguisés agir méchamment mais “pour de vrai”, sans que nous puissions vraiment faire la différence. L’idée était pourtant bonne car, lorsque les premières victimes tombent, les visiteurs sont incapable de réaliser qu’ils sont en danger. Puis un certain doute s’installe et enfin c’est la panique. La variété de tueurs est impressionnante tant les tenues sont différentes et bien faites, mais sur le totalité on n’en voit que trois ou quatre s’attaquer aux humains et les autres se perdent dans le montage. Leurs méfaits sont invisibles malgré les possibilités: des cuisiniers-zombies tranchent la tête d’un quidam au hachoir, un fou à la tronçonneuse empale sa proie, une femme-lapin éventre quelqu’un à coup de dents et des mimes muets infligent des blessures par télépathies. Le meilleur ? Un étrange clown qui raconte une histoire à un type peu intéressée, avant de partir d’un rire sardonique si fort qu’il explose les tympans de son auditeur ! Ces quelques minutes, bien qu’imparfaites, réveillent et font du bien. Elles laissent un aperçu de ce qu’aurait donné un clone de Evil Dead se déroulant dans une attraction d’Halloween et se montrent plutôt riches visuellement, grâce aux efforts du véritable Hotel of Horror. Hélas, cela est vain car bien vite Joe Raffa revient à “son” sujet, avec encore plus d’élucubrations vaseuses. A la fin, le méchant gagne, et cela sans même qu’il n’y ait un affrontement. L’héroïne se perd dans les couloirs, se fait capturer et un possédé lui fait toucher la statue, ce qui l’a met hors-jeu et permet aux esprits de s’évader des lieux. Lesquels restent sur place pour faire tourner le parc d’attraction, car il est désormais dit qu’ils se nourrissent de Peur et qu’ils ont là une réserve d’énergie inépuisable avec les visiteurs. Il y aussi un rajout de dernière minute à propos de la jeune femme qui est maintenant enceinte, du fait que l’enfant disposera des mêmes pouvoirs qu’elle et que cela servira les démons sans que l’on sache pourquoi maintenant qu’ils sont libres. Elle n’a même pas de dernière scène et il faut voir une vidéo pendant le générique de fin pour découvrir comment un possédé l’abandonné dans un coin de l’Hôtel, comme un vulgaire sac d’ordures ménagères.

 

 

Ce film est un cauchemar, je ne vois pas d’autre façon de dire les choses. Tout cela aurait pu être évité avec un réalisateur moins prétentieux et plus fun, et si Joe Raffa est un technicien compétent (c’est bien filmé et les maquillages sont mis en valeur), il reste un incapable qui n’obtient aucun résultat. Ni peur, ni humour, ni ambiance, ni quoique ce soit d’autre qu’un ennui mortel. Et puis qu’est-ce que le titre veut dire ? Ces six degrés de séparation représentent les possédés ? Les éléments qui connectent les démons à l’héroïne ? Quoi, bon sang ?! Mais peu importe au final. Si séparation il y a, c’est bien entre le 6 Degrees of Hell et Corey Feldman. Le has been apparaît en tête d’affiche mais, évidemment, il s’agit d’un de ces cas de guest star mensonger, celui-ci n’intervenant que dans deux scènes de deux minutes chacune, lesquelles n’ont même pas du prendre deux heures à tourner. Peu impliqué, le Frog Brother joue l’enquêteur du surnaturel à qui on raconte toute l’histoire, et il tente de faire badass avec une improbable coupe de cheveux et une fausse cigarette ! Une électronique mais ayant l’apparence d’une vraie, malgré sa loupiote qui s’allume et le fait qu’elle reste toujours de la même taille !

Si même cloper est fake au cinéma, alors il n’y a vraiment plus d’espoir…

 

 

VERDICT: TRICK

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