My Little Pony: Friendship is Magic #1 (2012)

 

My Little Pony: Friendship is Magic #1

(2012)

 

 

Lorsque mon cerveau vient a croiser le titre Mon Petit Poney, il m’envoie immédiatement des images d’un ancien dessin animé pour enfants et de quelques figurines niaiseuses pour petites filles. A dire vrai, ce n’est pas que je déconsidère la chose, c’est juste qu’à l’origine Mon Petit Poney n’était qu’un de ces cartoons destinés à vendre des produits aux bambins. La même compagnie avait d’ailleurs lancée Transformers à peu près à la même époque et pour les mêmes raisons.
Le problème c’est que si Transformers, bien que restant stupide, peu avoir un minimum d’intérêt pour peu que le sujet soit bien traité (une guerre entre robots géants qui se déroule sur Terre, le genre de scénario dont les japonais raffolent et qui nous vaut quelques bons animes), je ne vois pas tellement ce que l’on peut faire de Mon Petit Poney. Il y est question de petits chevaux colorés et magiques qui vivent dans leur petit monde, devant gérer des problèmes du quotidien et avant tout demeurer gentils, polis et bien pensant. Une manière d’éduquer les petites filles à coups de clichés ambulants, car bon dieu, une fille ça se doit de vivre dans le rose, la niaiserie et la politesse !
A vrai dire il n’y a guère de différence entre cette série et par exemple Les Bisounours, qui nous montraient là encore quelques animaux tout mignons et magiques, vivant dans les nuages et n’ayant jamais rien de concret à faire de leurs vies. Dans les deux cas il s’agit d’un dessin animé ciblant un public très très jeune et à qui on ne peut évidemment pas offrir de personnages travaillés et d’histoires vraiment sérieuses.

 

 

De ce fait je ne comprends pas du tout comment, au fil des années et bien après la mort de la série originale, Mon Petit Poney peut avoir une fanbase aussi importante. Je ne parle pas de quelques nostalgiques qui se passionnent pour un vieux show, mais bien de milliers de personnes s’acharnant a faire survivre cet univers, allant jusqu’à customiser d’anciennes figurines pour les faire correspondre à des personnages d’autres séries. Oui, des Petits Poneys Rorschach (Watchmen), Alucard (Hellsing) ou Freddy Krueger, ça existe. Et pas nécessairement dans une vision parodique.
En fait, cela va même jusqu’à avoir développé un fétiche inverse du furry (des animaux anthropomorphiques et sexualisé) puisque beaucoup de dessinateurs semblent aussi s’amuser a donner une forme humaine à leurs personnages préférés. Cela peut aller du gribouillis mignon à l’illustration pornographique extrême, au point que des fois je me demande si être fan de Mon Petit Poney n’est pas juste un prétexte pour réaliser des fantasmes déviants issus de la Règle 34 (If it exists, there is porn of it).

 

 

Cet engouement inexplicable a été responsable du retour des Petits Poneys en 2003, Hasbro ressortant ses jouets et dépoussiérant son dessin animé pour lui donner peau neuve. Ainsi né en 2010 My Little Poney: Friendship is Magic (Mon Petit Poney: L’Amitié est Magique), lequel va mettre en scène de nouveaux poneys spécialement crées pour l’occasion, je crois, et dynamiser le mythe avec des épisodes qui… Non en fait c’est exactement la même chose. Alors forcément, les enfants comme les fans de la première heure sont tombés amoureux et ce fut la porte ouverte a toute une nouvelle génération de fanarts, fanfictions (les Poneys à Silent Hill !) et autres monstruosités qu’est capable de générer le cerveau humain lorsqu’il est bien stimulé.
Je n’ai personnellement jamais pu regarder ce nouveau cartoon, incapable de supporter la vision de ces petites choses colorées portant des noms tout simplement hallucinant: Twilight Sparkle, Rainbow Dash, Pinkie Pie ! On dirait ceux des bestioles de Happy Tree Friends ! De la parodie au premier degré. Mon seul contact fut un épisode spécial / OAV / film d’animation, nous montrant comment les Poneys s’amusent a élire une Reine parmi eux, laquelle va alors se servir de ses “amies” comme de larbins jusqu’à finalement leur faire de plus en plus de mal parce qu’ayant développée un égo surdimensionné. Friendship is Magic mon cul. D’ailleurs je pourrais longuement commenter ce sous-titre ridicule, ancré dans une morale américaine qui tente de vous faire croire que “quand on a un ami c’est pour la vie”, ce qui est une connerie monumentale. Mais ce n’est ni le moment ni l’endroit.

 

 

Vous vous doutez bien qu’avec un succès mondial pareil, la série allait bien finir par être déclinée sous des formes différentes. Voilà donc que sort une adaptation comic-book qui est produite par IDW Publishing, une compagnie assez importante qui possède actuellement des titres comme G.I. Joe, Star Trek, Doctor Who, Donjons & Dragons, Godzilla ou encore Les Tortues Ninjas ! Je viens de tomber dessus et je suis encore sous le choc de la découverte. Ce n’est pas tellement l’idée d’une BD sur les Petits Poneys qui me surprend, mais plus qu’une boite comme IDW en récupère les droits tant son style ne semble pas du tout correspondre… Mais qu’est-ce qu’on ferait pas pour du fric, n’est-ce pas ?
Maintenant je sais ce que vous vous dites. Mon Petit Poney ce n’est peut-être pas le style de IDW, mais c’est surtout pas le tiens ! Alors pourquoi une chronique sur ce premier numéro ? Oh, d’une part pour taper dessus probablement, façon de contre-attaquer l’invasion incessante des Petits Poneys sur Internet. Ensuite parce que je me doute que maintenant qu’elle fait partie intégrante de IDW, la saga Mon Petit Poney va probablement être utilisée dans Infestation 3 et donc je préfère prendre les devants en parlant de la série maintenant et ne pas avoir à le refaire plus tard quand je devrais y revenir.

 

 

Hmm ? Comment, vous ne savez pas ce qu’est Infestation ? C’est un équivalent des Grands Événements de chez Marvel ou DC Comics, un fait d’importance qui se répercute à travers les plus grandes séries des éditeurs. Dans le cas d’Infestation, il s’agit d’une menace d’ampleur cosmique qui se propage à travers différents mondes parallèles pour les infecter et les absorber ou les détruire. La première Infestation était une invasion de morts-vivants, la seconde des créatures cauchemardesques à la Lovecraft. Ce qui est amusant c’est qu’il ne s’agit pas d’un vulgaire crossover. Les héros d’une série ne rencontrent pas les ceux d’un autre comic-book durant l’évènement. Puisque la menace s’infiltre dans différents mondes, elle change sensiblement de forme, s’adaptant à l’univers dans lequel elle vient d’atterrir, et cela permet à différents artistes de jouer sur les mêmes thèmes tout en conservant l’esprit de la série sur laquelle ils travaillent.
Les morts-vivants qui attaquent les G.I. Joe, par exemple, ne sont pas du tout les mêmes qui s’en prennent à l’équipage de Star Trek ! Ceux de Transformers peuvent infecter des robots, et ceux de Ghostbusters des fantômes ! La manière dont les héros traitent la menace n’est jamais semblable et les scénaristes peuvent œuvrer dans la comédie ou la tragédie selon leurs envies.

 

 

Avec les deux Infestations, IDW s’est donc amusée à jouer avec tout un tas de titres n’ayant aucun rapport les uns avec les autres: les vampires de 30 Jours de Nuits, les aventurières de Danger Girls, mais aussi les Tortues Ninjas, des héros de Donjon & Dragons ou encore la version Steampunk de Transfomers dont j’avais déjà parlé il y a longtemps (voir Transfomers Evolutions: Hearts of Steel). Alors si Infestation 3 n’a pas encore été annoncé, il verra probablement le jour en cours d’année 2013. Je ne peux pas vraiment faire de pronostique quant aux séries qui seront utilisés, mais en ce qui me concerne je veux une menace qui s’en prend aux univers de Doctor Who et de Godzilla ! Ses séries seront assez populaires pour mériter leurs places dans l’évènement, et ça sera très certainement aussi le cas de Mon Petit Poney d’ici là.

 

 

Bien, après cette longue introduction vient peut-être le moment de parler du comic-book lui-même. Alors que vaut ce premier numéro ? A ma grande surprise, ce n’est pas une purge, même si toutes mes interrogations demeurent. Le monde des Petits Poneys n’est pas intéressant à explorer, les personnages ont une personnalité des plus simplistes et les situations mises en scènes restent fortement limités par l’univers enfantin. Ce qui sauve ce #1 à mes yeux, ce n’est pas tellement le scénario (basique et évoluant surtout en une série de petites scénettes) mais en tout cas les idées que l’auteure a décidée d’utiliser.

 

 

Ainsi l’histoire commence lorsque quelques Poneys s’amusent avec des animaux, se prenant pour des aventurières ou des zoologistes. Un point de départ qui me laisse vraiment perplexe, surtout lorsque je m’imagine alors a quoi ressemble une journée de vie quotidienne dans la vie des Poneys. Au bout de deux pages, je commence a me dire que je suis mal barré, puis soudain les choses prennent une tournure inattendue. Les petites bêbêtes se transforment subitement, comme si elles venaient de revenir du Simetierre de Stephen King, et s’attaquent au petit groupe ! L’ellipse qui suit laisse presque croire qu’ils se font dévorer vivants !

 

 

Un bref instant, j’ai presque le résultat de ce qu’aurait pu donner Mon Petit Poney durant la première Infestation de IDW et la suite ne fait que confirmer cette impression étrange: le lendemain, les habitants de Ponyville vaquent à leurs occupations comme d’ordinaire, mais certains habitants montrer un comportement étrange. Hagards, les yeux exorbités, dédaignant leur entourage, ils agissent comme s’ils avaient été hypnotisés. Il ne faut pas longtemps aux héroïnes de la série pour réaliser ce qui se passe et les voilà pourchassées par une horde de Poneys zombies ! Trouvant refuge dans une maison abandonnées, elles vont alors chercher a comprendre ce qui se passe.

 

 

Ce point de départ, c’est bien celui de La Nuit des Morts-Vivants ! Point de gore ou de pessimisme cependant, nous sommes dans une BD de Mon Petit Poney et les choses vont se dérouler bien différemment. Pourtant la scénariste ne semble pas décidée à lâcher le genre qui me plaît et son histoire regorge de références à des œuvres avec lesquelles les fans de la série ne sont certainement pas familiers.

 

 

Prenez la menace de la BD: des Poneys zombies qui ont en fait des Changelings, sortent de Petits Poneys maléfiques aux ordres de la méchante Reine Chrysalis. Des clones qu’elle fabrique en enfermant les originaux dans des cocons verdâtres qui évoquent immédiatement L’Invasion des Profanateurs. Les créatures gardent ensuite leurs prisonniers dans un repaire dont les parois sont faites d’une matière organique visqueuse, permettant la production d’encore plus de Changelings. Une véritable Ruche Alien, visuellement identique, et avec une créature allant jusqu’à reproduire le fameux bruit des Xenomorphes !

 

 

C’est comme si la scénariste essayait vraiment de me faire plaisir ! Ici les Poneys refont à l’identique le gag de Shaun of the Dead, s’entrainant à imiter le zombie pour sortie incognito en ville, là Rainbow Dash reprend la catchphrase “It’s cloberrin’ time !” de la Chose des 4 Fantastiques juste avant un combat… Est-ce que par hasard les auteurs se sont retrouvés a travailler sur ce titre contre leur gré et qu’il s’agit là de leur façon de faire “une BD pour gamin” ? Je crois que c’est l’explication que je vais considérer comme officielle, ça me convient tout à fait ! Surtout quand les personnages eux-mêmes semblent parfaitement conscient de leur propre stupidité.

 

 

 

Chacun son style

 

Ainsi, alors que la Reine Chrysalis apparaît enfin, elle révèle qu’elle a prit en otage les petites sœurs des héroïnes. Des gamines inconscientes dont le seul but dans la vie semble d’obtenir une “cutie mark” (la “marque mignonne” que chaque Poney possède sur le cul) et qui sont incapable de la fermer. Flairant le piège, l’un des Poneys évoque la possibilités que les “otages” ne soient que des clones destinés à les tromper, mais les déclarations insupportables des petites confirment très vite leur identité. Applejack affiche le même air blasé que moi et Chrysalis presse le petit groupe de venir les chercher car elle ne sait pas combien de temps elle pourra les supporter !

 

 

Une chose est sûre, ce premier numéro ne pouvait pas faire mieux pour attirer mon attention. Cependant ce n’est pas pour autant que je vais m’exalter devant le produit tant tout cela me paraît factice. Car en gros, si on enlève les références, My Little Pony version papier ressemble plus à ces figurines customisés qu’à une véritable histoire issue du dessin animé. Une sorte de version fantasmée et inventée de toutes pièces par des fans comme pour forcer le traits. Ce n’est pas parce que RoboCop est génial qu’un Petit Poney RoboCop l’est pour autant ! Surtout si dépouillée de l’armure, la bestiole n’a rien d’autre a proposer.

 

 

Je n’accroche pas à l’humour, le scénario est forcé avec cette intrigue aventurière basique, et surtout les personnages sont de véritables têtes à claques. Apparemment à Ponyville, tous les Poneys doivent trainer ensemble et accepter la moindre invitation qui leur est faite. Que l’une d’elles puisse avoir des affaires privées est immédiatement considérée comme “bizarre”, et malgré les bons sentiments que se montrent les héroïnes, elles n’hésitent pas à se lancer des piques. Si c’est ça la notion d’amitié qu’on inculque aux enfants, pas étonnant que ce soit aussi pourri dans la vraie vie. A ce titre, Rainbow Dash semble être une véritable petite saloperie, possédant une très haute opinion d’elle-même et ne comprenant pas pourquoi on ne voudrait pas passer du temps avec elle tant elle est “awesome”…

 

 

Alors à moins que la voir prendre un peu trop de plaisir à tabasser des clones de Pinkie Pie soit un comportement que je suis censé apprécier, je ne vois vraiment pas ce que ce personnage a de si génial que ça… Peut-être que la scénariste aurait dû référencer des évènements montrant en quoi les Poneys sont attachées à la notion d’amitié plutôt que de faire des références à quelques gags obscures s’étant déroulé dans le dessin animé. Car autant le préciser, ce comic-book s’adresse en premier lieu aux fans de la série et plusieurs éléments du cartoon sont évoqués ici. Des situations et des blagues que comprendront ceux qui connaissent l’historique des personnages. Hélas pour de nouveaux venus comme moi, beaucoup de ces rappels ne fonctionnent pas.

 

 

En revanche ce n’est pas nécessairement ce que j’appellerai un défaut. Plutôt que de faire table-rase de ce qui est connu et apprécié, les auteurs ont décidés de tout garder et d’y faire référence pour mieux ancrer leurs propres histoires dans le même univers. Si Mon Petit Poney était mon truc, j’en serais absolument ravi. Les fans seront content, et pour les autres, cela donne l’impression que les personnages existent depuis un temps et qu’ils ont déjà vécu toute sorte d’histoires. Un bon point.

 

 

Voilà je pense m’être suffisamment étendu sur le sujet. Passée la “bonne” surprise de voir les Poneys être plongés dans une atmosphère qui m’est familière, il n’y a finalement rien de spécial qui mérite le coup d’œil. La BD ne fait que recycler des éléments classiques et maintes fois utilisés dans d’autres œuvres et se contente de plaquer dessus le label “Petit Poney”. Un produit banal en somme. Mais une valeur sûre car, depuis l’annonce de sa publication par IDW, ce premier numéro a été précommandé en masse: plus de 100 000 copies en un peu plus d’un mois ! Je suis sûr que c’est une sorte de record…

 

 

Une bonne nouvelle pour IDW, surtout que l’éditeur a confié son bébé a des talents nouveaux et quasi inconnus jusqu’ici. Au scénario, une Katie Cook qui n’a pas grand chose à son actif puisque toute récente dans l’industrie. Elle a travaillée chez Marvel, sur un numéro de Avengers vs. X-Men et chez DC via le label Vertigo (Transmetropolitan), mais elle est surtout la créatrice d’un petit webcomic, Gronk. Elle se rend même coupable d’une histoire bonus sur ce premier numéro, intitulée How Much is That Pony in the Window ?, qu’elle illustre elle-même. Un sketch qui montre en deux pages comment le boulot de la Poney couturière, une commande pour un client important, est totalement saccagée par son modèle qui est une véritable gaffeuse.

 

 

Son compagnon, Andy Price, est apparemment là sur son premier travail et ses dessins sont globalement assez proche du design du dessin animé. Tant mieux car jusqu’ici son trait se limitait à une mauvaise imitation de Bruce Timm, ce qui est plutôt dommage quand on voit que ses travaux sur Star Trek sont beaucoup plus soignés. Gageons qu’après un run a succès sur Mon Petit Poney, il sera transféré sur cette autre série qui appartient aussi à IDW.

 

 

Souhaitons au moins une bonne continuation a ces débutants dont la carrière semble très bien lancée. Car peu importe finalement ce qu’ils feront sur la série, celle-ci est là pour durer. Et a défaut de pouvoir réaliser une bonne BD, peut-être continueront-ils leurs petits délires divertissant à base de morts-vivants et de Poneys Blues Brothers ! Ça reste superficiel, mais vu le concept de base, ça pourrait être bien pire.

 

 

 

   

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