Tendrils (1986) | Gore N°67: Vrilles !

Gore N°67

Vrilles !

Tendrils

(1986)

 

Australien installé en Grande-Bretagne, John Brosnan est un écrivain ayant touché au Fantastique, à la SF, à l’Horreur et au gore. Il a écrit plusieurs œuvres en collaboration avec Leroy Kettle sous les pseudonymes de James Blackstone, Harry Adam Knight (Terreur Déliquescente en 1986) ou encore ce Simon Ian Childer (Les Parasites de la Haine en 1987). Avec ce roman les auteurs marchent dans les traces de James Herbert et de ses Rats, en déclenchant une invasion d’étranges créatures meurtrières dans une petite bourgade provinciale d’Angleterre avant de s’attaquer à Londres. Et comme pour Shaun Hutson avec sa Mort Visqueuse, si le résultat est loin d’être subtile, il demeure très efficace.

Le prologue du récit s’apparente aux Insectes de Feu, où un séisme provoquait l’apparition d’une colonie de blattes incendiaires dans un petit bled de campagne. Ici l’histoire commence lors d’une manifestation sur un chantier de forage où l’appareil trouve une absence de couche terrestre à une certaine profondeur. Alors que la carottière révèle inexplicablement la présence de poils, la foreuse est soudainement violemment éjectée depuis les souterrains et un geyser de fluide noir se déverse sur les manifestants, lesquels vont littéralement se liquéfier ! Peu de temps après cet incident, des créatures assimilables à de gros vers noirs attaquent la population du village le plus proche en absorbant tout ce que contiennent les corps humains (os, organes), ne laissant sur leurs passages que des enveloppes de chaires creuses, dures et fragiles comme du plâtre…

Passé un premier chapitre bien troussé, l’histoire progresse lentement sur le modèle d’un scénario catastrophe avec étude scientifique de la menace et agrandissement de celle-ci à l’échelle nationale. Impossible de ne pas faire le rapprochement entre ce Vrilles ! et les premiers travaux de James Herbert, Les Rats et Fog, par ailleurs deux grands best-sellers dans leur pays d’origine. La structure de ce roman est construite de la même manière, alternant l’intrigue avec des séquences horrifiques tantôt humoristiques (notamment la mort du voyeur) tantôt effrayantes (la petite fille dans son lit, consciente du danger mais que ses parents ne croient pas, l’homme attaqué au petit coin et violé dans son intimité, séquence hautement paniquante et très bien maîtrisé malgré l’idée que l’on pourrait s’en faire) et il n’en faut pas plus pour conclure que l’écrit de Brosnan et Kettle n’est qu’une copie d’une formule gagnante dans le genre. Un sentiment de déjà-vu hante constamment le lecteur et peut éventuellement laisser la sale impression que les auteurs ne sont que des opportunistes n’ayant même pas cherché à apporter un tant soit peu d’originalité à la chose…

 

 

Bien heureusement on peut compter sur un bon retournement de situation qui relance l’intérêt de l’intrigue: l’identité de l’agresseur est réévaluée et nous apprenons que les “vers” ne sont que les multiples filaments et tentacules d’une seule et même créature souterraine d’une taille de plusieurs kilomètres, réveillée après que son cocon d’hibernation ait été endommagé par la foreuse. Un monstre peut-être d’origine extraterrestre et probablement responsable de l’extinction des dinosaures ! Il sera d’ailleurs supposé qu’un seul spécimen ne pouvant parvenir à la disparition totale des monstres préhistorique, il en existerait bien d’autres encore en état d’hibernation sous nos pieds…

Cette élément brise nettement la monotonie de l’histoire et redonne un coup de fouet à celle-ci en commençant par rendre les agressions bien plus violentes, abandonnant totalement la narration suggestive précédemment utilisée. Malheureusement, là encore, on ne peut s’empêcher de penser à la trilogie des Rats, tout particulièrement au détour d’une attaque dans un train, et la présence de milliers de rongeurs dans les égouts et le métro ne fait que confirmer ce sentiment… L’histoire évolue cependant une nouvelle fois avec l’implication de l’armée et la mise en quarantaine de la ville suite aux évènements: Vrilles ! fait enfin montre de singularité et offre un climax particulièrement prenant avec l’envoi d’une équipe de volontaires pour descendre dans les entrailles de la terre, sous les décombres d’un Londres dévasté, afin de détruire la créature qui nous est alors dévoilée dans son intégralité. Un dernier morceau de bravoure qui conclut le livre, narré en parallèle avec la lutte de l’héroïne, devant protéger des enfants des tentacules tout en étant elle-même attaquée par un violeur ! Cette dernière partie permet au roman de se débarrasser de ses influences pour s’imposer un tant soit peu et finalement emporter le lecteur grâce à une bonne gestion de la tension.

Grosse série B façon film Bis, version livre, Vrilles ! est une simple redite des Rats, de Fog et de La Mort Visqueuse qui ne parvient à prendre son envol qu’à la toute fin de son histoire. S’il n’est pas mauvais en soit dans sa narration (le suspense est très bien mené et les attaques sont violentes, ce qui est a peu près tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un livre horrifique de ce genre), il est simplement dommage que la formule soit un peu trop ressassée pour remporter pleinement l’adhésion.

 

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