Blood Lake: Attack of the Killer Lampreys (2014)

 

Blood Lake: Attack of the Killer Lampreys

(2014)

 

It looks like an anus with teeth.

 

 

Blood Lake, à ne surtout pas confondre avec l’autre Blood Lake de 1987 (le sous-titre Attack of the Killer Lampreys aide un peu), semble à l’origine avoir été produit sous le simple nom de Lamprey, et non pas par la Asylum mais par une obscure firme du nom de Tiki Terrors. Le film aurait ensuite été retitré et distribué par le célèbre créateur de mockbusters dans l’espoir de capitaliser encore un peu sur Piranha 3D et sa suite 3DD quelques années après les faits. Mais tout ceci n’est que supposition et vu la mince filmographie de Tiki Terrors, dont la plupart des productions font partie du catalogue Asylum (Atlantic Rim, Mercenaries), peut-être ne s’agit-il en fait que d’un label qui n’aura été utilisé que quelques temps avant de disparaitre dans l’indifférence générale. Quoiqu’il en soit ce n’est pas comme si cela changeait grand chose à l’affaire tant ce creature feature est similaire à tant d’autres avec son habituelle invasion de petits monstres en CGI.

 

 

L’intrigue ne s’embarrasse même pas d’introduction ou d’explications, présentant de but en blanc le désastre écologique dont est victime la petite ville de Lake Charlevoix dans le Michigan: son grand lac est infesté de lamproies, des poissons évoquant un peu l’anguille et à la bouche circulaire garnie de dents. Des parasites qui s’accrochent à leurs proies pour leur sucer le sang. Les autorités sanitaires ont ainsi dressé un barrage et cherchent une solution pour les exterminer, de peur que les bestioles ne se propagent pour rejoindre les autres lacs où elles pourront se multiplier et détruire l’écosystème, seulement elles ont déjà atteint les zones peuplées et, après avoir dévoré la faune locale, s’attaquent maintenant à la population. Pire, plusieurs spécimens s’introduisent dans le réseaux de distribution d’eau, se propageant alors à travers la plomberie ! Mais comme l’été arrive, et avec lui la période touristique, le maire minimise le problème…

 

 

Ça pompe donc gentiment du côté des Dents de la Mer comme de celui du Piranha original et le script n’hésite jamais à copier certaines scènes et personnages bien connus: un vieillard et son chien se font attaquer lors d’une partie de pêche, le même cabot qui manque d’être attaqué lorsque son nouveau maitre lui fait chercher le bâton au bord de l’eau, le héros devant composer avec un maire hostile et un adjoint un peu idiot, etc. Toutefois la formule n’est pas entièrement copiée et aucun spécialiste de la lamproie n’intervient ici en guise de chasseur déterminé. A la place, l’histoire change de fusil d’épaule pour emprunter au film de petits monstres façon Gremlins puisque la poiscaille n’hésite plus à sauter hors de l’eau pour mordre les passants, envahissant le centre-ville pour tout ravager. Les créatures s’échappent par les tuyaux d’arrosage pour envahir les pelouses, sortent des fontaines, des robinets et des jacuzzi pour atteindre leurs victimes.

 

 

Les héros se retrouvent forcé de lutter avec les moyens du bord: club de golf, fer à friser, tisonnier et surtout le coupe herbe électrique qui fait un véritable carnage. C’est là que Blood Lake se révèle, finalement plus proche d’un Critters que du film de poissons tueurs, avec un peu de gore à l’ancienne et même des lamproies en caoutchouc pour les gros plans. Une baigneuse est tuée dans sa propre piscine, son corps vomissant plus tard de nombreux parasites, un type s’arrache son propre œil en tirant sur la bestiole qui s’y était accrochée, une tête s’affaisse sur elle-même lorsque les créatures s’échappent par la bouche et les yeux après avoir vidé tout l’intérieur… Une salle de bain inondée fait pleuvoir une horde de petits monstres sur des malheureux, et un cadavre à la morgue en libère quelques uns pour la plus grande surprise du légiste qui se fait aussitôt dévorer. Enfin le méchant maire succombe sur les chiottes, littéralement sodomisé par une des créatures.

 

 

Une mise à mort qui évoque un peu celles de Ghoulies 2 et de Slugs, à la différence qu’ici le réalisateur n’hésite pas à en montrer un peu plus avec bruitage gluant à l’appuie. De la pure démesure, à l’image de cette scène qui va peut-être un peu loin dans la suspension d’incrédulité en montrant les bêtes prendre d’assaut les routes et attaquer une conductrice pourtant bien à l’abri dans sa voiture. Mais qu’importe, cela permet de diversifier les attaques et de ne pas bloquer l’action sur le lac en plus d’ajouter un peu d’imprévisibilité à une intrigue archi rabattue, comme lors de cet amusant incident à la plage où personne n’est blessé, mais où le sang des poissons fraichement boulotés colore l’eau et les jambes des baigneurs, provoquant la panique. Conscient de cet atout non négligeable, le metteur en scène fait de le maximum pour rythmer ses 83 petites minutes et distribuer les moments de bravoures avec régularité.

 

 

Il exploite également l’utilisation du drone, relativement nouveau à l’époque, et de la caméra sous-marine pour donner à Blood Lake un aspect bien plus soigné que l’habituel téléfilm SyFy Channel torché à la va-vite. Quel dommage alors qu’il soit forcé de composer avec un budget minuscule qui a dû précipiter le tournage comme le montage (voir ces faux raccords dans le final, où un sale môme se retrouve avec une lamproie morte autour du cou qui apparait et disparait en fonction des plans), et un horrible score essentiellement composé de stock music déjà entendu dans des pubs ou de vieilles séries télé. Au moins cette économie apporte parfois un humour involontaire sympathique, comme lors de la fuite de la population où une poignée de figurants courent dans tous les sens avant que de véritables image d’embouteillages ne viennent simuler l’exode. Même le casting, constitué de quelques has been et seconds couteaux sympathiques, est sous exploité.

 

 

A commencer par Christopher Lloyd dans le rôle du maire, littéralement repiqué à Piranha 3D et qui a prit un sacré coup de vieux. Il sait se montrer aussi désagréable qu’il le faut pour que l’on espère sa mort, mais l’acteur semble fatigué et n’apparait que dans une poignée de scène dans lesquelles il ne donne que le minimum de ses capacités. Il faut aussi avouer que voir le Dr. Emmett Brown se faire enculer par une lamproie n’est pas nécessairement quelque chose que l’on a envie de voir. Âgée également la Shannen Doherty, actrice que tout le monde a oublié et ne laissant à la postérité que ses rôles dans Beverly Hills et Charmed, qui joue ici la courageuse maman de service. On lui préfèrera clairement la jolie Susie Abromeit, sorte de fausse MILF en bikini qui semble vouloir séduire tous les mâles qui passent à sa portée. L’actrice est une totale inconnue mais son entrain remporte immédiatement l’attention… pour les deux scènes où elle apparait.

 

 

Ça s’arrange un peu avec Ciara Hanna, jolie blonde et Power Ranger jaune bien connue qui se pavane régulièrement en maillot de bain lorsqu’elle ne réduit par les lamproies en charpie avec des outils de jardinage. Zack Ward est là et comme à son habitude il se montre très bon, seulement le script ne lui donne strictement rien à faire de tout le film. Il déambule en récitant quelques dialogues puis se sacrifie sans véritable raison à la fin du film, histoire de laisser tout le crédit au personnage principal. Enfin les amateurs de vraies bestiaux marins reconnaitront Jeremy Wade, biologiste et présentateur télé qui anima notamment l’émission River Monsters, le temps d’une courte apparition. Rien d’affolant en somme, et en ressort presque une impression de gâchis tant Blood Lake aurait gagné à avoir des protagonistes plus exubérant afin de coller aux délires du scénario et d’offrir à  ses acteurs un petit quelque chose à d’intéressant à faire.

 

 

L’un dans l’autre ces quelques défauts sont loin d’être désastreux, surtout pour une production Asylum dont la réputation n’est plus à faire. Oui Blood Lake: Attack of the Lampreys est cheap, parfois mal foutu et ne réinvente pas la poudre, mais dans son genre il demeure efficace, dynamique, surprenant et surtout fun, ce qui est sans doute le plus important. Pour une série B moderne destinée à la télévision, ce n’est vraiment pas un mince exploit.

 

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