Tiger Claws (1991)

 

Tiger Claws

(1991)

 

Kiss my yellow ass !

 

 

Un personnage intéressant que ce Jalal Merhi, avec son physique à la Steven Seagal, son accent indéfinissable et son incapacité à émettre la moindre émotion. Autrefois joaillier, il a un jour décidé de devenir une action-star et de gonfler son égo en portant le plus de casquettes possible sur les productions où il apparait: acteur, scénariste ou encore chorégraphe des scènes de combat. Un fantasme qui lui est devenu possible lorsqu’il revendit sa bijouterie pour une grosse somme d’argent et qu’il s’associa avec Shapiro-Glickenhaus Entertainment, parfaite rivale de la PM Entertainment sur le marché vidéo des années 90. Ainsi, après Fearless Tiger en guise de premier essai, le bonhomme remet le couvert avec ce Tiger Claws où il retrouve l’impressionnant Bolo Yeung et invite la dynamique Cynthia Rothrock à devenir sa partenaire de scène. C’est le réalisateur de Mickey les Yeux Bleus qui régale et le résultat est aussi embarrassant que vous pouvez l’imaginer. Car malgré tout son argent et sa motivation, Merhi est loin d’être aussi doué et aussi charismatique que ses collègues, ce qui s’avère particulièrement pénible puisque le scénario passe son temps à le mettre en avant.

 

 

Car ne nous méprenons pas, sous couvert d’être un énième film d’arts martiaux parfaitement basique, ce DTV est avant tout le projet vaniteux d’une personne. Et il n’y a pas meilleure façon de s’en rendre compte qu’en regardant comment l’intrigue, à l’origine un buddy movie reposant sur un duo de personnage, se retrouve constamment parasité par le one man show de sa vedette. L’histoire s’intéresse à une femme flic qui semble avoir été reléguée à la brigade des mœurs en raison de son sexe (rien n’est jamais établit la concernant) mais utilise sa connaissance des arts martiaux pour s’emparer d’une affaire importante: celle du tueur en série surnommé le Death Dealer, qui assassine de grands combattants au rythme alarmant d’une victime par jour, en utilisant une méthode mystérieuse qui détruit les organes internes mais ne laisse que quelques marques de griffes sur le corps. Son chef lui demande de faire équipe avec Tarek Richards, récemment suspendu suite au fiasco de sa dernière opération mais véritable expert sur le sujet.

 

 

Ensemble ils vont explorer la ville à la recherche d’un pratiquant du style du Tigre, un kung-fu redoutable uniquement utilisé par de “vrais” guerriers. Ils découvrent une école clandestine que Tarek va intégrer afin de trouver le coupable, mais l’entrainement draconien et le caractère agressif de cette technique va progressivement le changer, le rendre plus brutal et prompt à perdre le contrôle de lui-même, ce qui risque de se retourner contre lui dans le cadre de l’enquête… Un concept plutôt original que ce serial killer adepte des arts martiaux, même si le sujet avait déjà été abordé dans Force One avec Chuck Norris. L’idée est cependant poussée un peu plus loin et opère presque comme une fusion des genres durant sa première partie, où les meurtres ne sont pas mis en scène comme des combats mais bien comme des attaques façon slasher où une main aux doigts recourbés remplace l’arme blanche, et où les champions sont tout aussi vulnérables que les habituelles demoiselles dévêtues. Un rien satirique même, puisque le coupable s’en prend à ceux qui désacralisent les traditions ou utilisent leurs talents pour obtenir gloire ou argent !

 

 

Malheureusement tout cela est vite balayé au profit de séquences exclusivement centrées sur l’acteur principal, tandis que plus le film avance, plus Cynthia Rothrock est reléguée à l’arrière-plan. Si elle possède quelques scènes de combat, elle ne se mêle jamais à l’intrigue lié à l’école du Tigre pas plus qu’elle ne parvient à battre Bolo Yeung, évidemment trop puissant. Jalal Merhi, lui, non seulement réussi à le vaincre mano a mano, mais en plus il le fait avec les mains attachées par des menottes ! Son adversaire tente un instant de lier ses propres mains pour se mettre à égalité, mais fini par abandonner en cours de combat car ne pouvant rivaliser avec lui de cette manière. Et tant pis si cela va à l’encontre de ses agissements dans le reste du film. Quant à l’épilogue, il montre le héros gagner le cœur de sa coéquipière et l’embrasser malgré que cette “romance” sorte de nulle part – sans doute pour répondre à un autre fantasme de Merhi. Leur duo est simplement inexistant et tombe à l’eau, tout comme une sous-intrigue reposant sur l’existence d’une autre paire de flics, miroir négatif et incompétent des protagonistes, qui ne sert désormais plus à rien.

 

 

A cela s’ajoute aussi le problème des chorégraphies des combats, pour la plupart réglées par notre bonhomme qui certes n’est pas mauvais, mais n’a rien de spectaculaire non plus. Et s’il parvient à faire illusion lorsqu’il est seul face à la caméra, il parait bien pitoyable face aux prouesses dont sont capables Rothrock et Yeung, beaucoup plus énergiques et charismatiques que lui. Tiger Claws souffre également d’un grave soucis de montage qui révèle la culpabilité de Bolo Yeung bien trop tôt, probablement par erreur, en montrant son visage durant un crime alors que la seconde partie du film repose sur l’arrestation d’un suspect se trouvant être innocent et qu’une scène de “révélation” est montrée un peu plus tard pour expliquer qui est le responsable. Ce qui s’avère du coup redondant et inutile. C’est pratiquement un miracle si certains éléments intéressants arrivent à émerger ici et là, découlant à l’origine du côté “cinéma d’exploitation” du projet mais entrant finalement dans la catégorie nanar par la force des choses. Il faut quand même voir ce champion de karaté s’amuser à couper une grosse pastèque au katana en utilisant une jolie bimbo en guise de support pour faire tenir le fruit en place…

 

 

C’est la secte du Tigre qui remporte l’intérêt, grâce à un décor sympathique (un cinéma abandonné aux murs portant des fresques gigantesques) et à l’entrainement hilarant de ses membres qui durcissent leurs doigts en les trempant dans des casseroles remplies d’eau bouillantes. Bolo Yeung prouve a quel point il est monstrueux en y plongeant les mains, mais aussi en se lavant le visage et en se rinçant la bouche avec ! De par sa musculature improbable et sa puissance physique, l’acteur demeure l’un des plus gros atouts de Tiger Claws qui s’en rend bien compte et lui offre quelques beaux moments, comme lorsqu’un adversaire l’étrange avec des menottes dont il casse alors la chaine tant son cou est musclé. De son côté Cynthia Rothrock compose avec ce qui lui est donné, c’est-à-dire pas grand chose, et se montre comme très enjouée – dans ses échauffourées comme dans le reste – collant la honte à son compagnon qui du coup semble être son opposé parfait. Véritable somnambule, Jalal Merhi traverse le film tel un zombie en déclinant tous ses dialogues d’un même ton et avec un accent si épais qu’il devient parfois parodique (et vaut bien la lamentable diction anglaise de Bolo Yeung qui, lui au moins, a l’excuse de réciter ses lignes en phonétique).

 

 

Comme quoi l’argent n’achète pas tout et il ne suffit pas de vouloir pour réussir. Cela ne l’empêcha pas de récidiver avec Tiger Claws II et III qui dérivent vers le fantastique avec l’intrusion du surnaturel. Des suites qui s’éloignent de l’angle policier pourtant intéressant de ce premier opus, même si l’on peut retrouver le concept comme dans l’inénarrable Undefeatable de Godrey Ho, toujours avec Cynthia Rothrock, ou Bloodmoon avec Gary Daniels. Petite curiosité très dispensable, Tiger Claws n’intéressera qu’un public restreint adepte de la castagne, de la série B de vidéoclub et des seconds couteaux d’autrefois comme Michael Bernado qui fait ici une apparition éclair. Ceux-là sauront immédiatement a quel type de spectacle ils ont affaire, même il convient d’insister sur le potentiel humoristique, volontaire ou non, de ce spécimen ; en témoigne la présence inexplicable et inexpliquée d’un certain Bill Pickells dans le rôle de… Bill Pickells !

 

 

 

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