Treevenge (2008)

12 DAYS OF CHRISTMAS

 

 

Treevenge

(2008)

 

It’s Christmas, I just want to fuck !

 

 

Jason Eisener, c’est le mec qui a étonné tout le monde lorsque, en 2007, il livra Hobo With a Shotgun pour le concours de fausses bandes-annonces organisé par Robert Rodriguez à l’occasion de la sortie de Grindhouse. La suite, on la connait: le court-métrage gagne le grand prix et son réalisateur tournera ensuite une version longue avec Rutger Hauer. Entre les deux, il met en boite un autre petit film dans la même veine histoire de patienter, ultra violent mais caricatural et hilarant: c’est Treevenge, qui décrocha lui aussi quelques récompenses (meilleur film chez Rue Morgue Magazine et Fantastic Fest Online, meilleur montage chez l’Atlantic Film Festival, une mention honorable à Sundance) tout en se faisant remarquer par son originalité et ses idées déviantes (trois prix du public aux festivals de Toronto, du New York City Horror et du Fantasia Film Festival).
Ici le cinéaste s’inspire des traditions imbéciles de la fête de Noël qu’il va démolir de façon plutôt surprenante: et si nos chers sapins, que nous découpons et décorons chaque années avant de nous en débarrasser à la déchetterie quelques semaines plus tard, étaient pleinement conscient de ce qui leur arrive ? Et s’ils décidaient de se rebeller ? Et voilà globalement tout ce qu’il y a à savoir à propos de Treevenge, une vaste plaisanterie qui donne dans l’humour rentre-dedans et bien méchant à base de vulgarité, de gore et de situations absurdes.

 

 

Fou et exagéré, le court annonce la couleur d’entrée de jeu en utilisant la superbe musique de Cannibal Holocaust en guise de thème d’ouverture. L’instant d’après nous sommes témoin du “génocide” des arbres qui parait tellement extrême qu’il semble provenir d’un film de la Troma: les bûcherons sont de vilains idiots agissant comme des bad guys d’un vieux film Bis, éclatant de rire devant leurs méfaits tout en beuglant des insultes, cigare aux lèvres. Les sapins sont tailladés avec grossièreté ou brûlé sur un grand bûcher, un bébé est piétiné tandis que la panique gagne les végétaux qui se parlent dans leur propre langue (sous-titré !) et ne peuvent qu’assister, impuissant, à leur propre massacre.
Un type brandit une tronçonneuse telle Leatherface, deux plantes séparées tentent de se retenir par les branches tandis que les survivants sont jetés dans un camion afin d’être vendu aux familles pour le réveillon. Les adultes tentent de rester calme sans tous y arriver tandis que les petits (les saplings) sont évidemment terrorisés. Puis vient la distribution, où les arbres sont refourgués comme des esclaves avant de subir l’humiliation de la décoration. Une séquence, principalement filmée du point de vue du sapin, évoque le torture porn avec la victime immobilisée par un sabot devant endurer ce qu’on lui fait subir tandis que la musique joyeuse parait évidement très décalée.

 

 

Et Eisener d’y aller comme un gros bourrin, continuant de montrer ses personnages humains comme des monstres déviants irrécupérables à la manière de Hobo With a Shotgun. L’un d’eux se prépare même à violer sa arbre, badigeonnant de vaseline un orifice percé dans le rondin du tronc ! Bref la situation est grotesque et, après dix minutes de build-up, va évidemment éclater à travers des représailles très attendue – la treevenge du titre (tree / revenge pour ceux qui n’auraient pas décodé le titre), qui se déroule le lendemain matin alors que tout le monde s’apprête à ouvrir ses cadeaux.
S’ensuit un spectacle de Grand Guignol qui là encore ferait plaisir à Lloyd Kaufman tant il ne nous épargne rien: une gamine est écorchée vive par les aiguilles d’un sapin, se retrouvant couverte de sang. Un chaton est décapité, sa tête reposant entre les boules et les guirlandes de son bourreau. Un vendeur se retrouve ligoté à une table et lentement débité à la hache tandis qu’un sapin utilise l’étoile plantée sur son sommet comme un shuriken géant. Des crânes explosent, des corps sont transpercés de part en part, le sang gicle sur la caméra et le film va peut-être même un peu trop loin en montrant la tête d’un nourrisson être pulvérisée sous les yeux de sa mère impuissante, qui hurle d’horreur. Le plus fou reste sans doute cette scène où un couple est “cousu” visage contre visage en une parodie d’embrassade à l’aide de branches tentaculaires qui passent d’un crâne à un autre via les orifices des yeux et des bouches.

 

 

Il faut le reconnaitre, c’est osé et très efficace pour un sketch qui aurait pu être du même niveau qu’une vidéo des Nuls ou de Groland. Le réalisateur assume entièrement son délire et ne recule devant rien pour le mettre en image, ne donnant jamais l’impression de ne faire les choses qu’à moitié ou de survoler le potentiel de son sujet. Le fan pourra même relever de nombreux hommages à quelques grands classiques, et outre Cannibal Holocaust et Massacre à la Tronçonneuse évoqués plus haut, on peut aussi citer The Burning avec son levé de cisaille, Evil Dead avec cette branche vicieuse qui se glisse dans la bouche d’une jolie fille, et Frayeurs avec ce visage aux larmes de sang qui va expulser quelques organes internes.
Et au final on peut se rendre compte que Hobo With a Shotgun version cinéma a presque plus en commun avec Treevenge qu’avec le court-métrage original, partageant la même violence outrancière, la même technique soignée (de beaux cadrages virevoltant), le même surjeu volontaire des acteurs. Un style qui ne plaira évidemment pas à tout le monde, surtout aux anti-Troma, mais qui fonctionne à merveille pour des projets de ce genre qui ne visent qu’à divertir et à en mettre plein les mirettes. D’ailleurs c’est réussi puisque, s’il n’a rien d’un classique, ce petit film est désormais régulièrement repartagé chaque année par de nouveaux découvreur sur les réseaux sociaux, lors des fêtes de fin d’années.

 

 

Tant mieux pour Jason Eisener et tant pis pour Michel Leray, cinéaste français qui avait déjà traité d’un sujet similaire en 2002 avec son Bloody Christmas, avec Kad Merad, sans se faire remarquer. Sans doute inspiré par le succès de Treevenge, il mis alors sur pied un Bloody Christmas 2: La Révolte des Sapins quelques temps plus tard en espérant sans doute attirer un peu l’attention sur lui, en vain. Dans tous les cas, ces trois courts-métrages sont tous disponibles gratuitement sur Internet et vous ferons probablement voir d’un autre œil le bel arbre de Noël qui trône dans votre salon.

 

 

 

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